Chroniques d’écologie intégrale – 20 Janvier 2024 – Mémoire obligatoire de S. Thomas d’Aquin prêtre et docteur de l’Eglise

Chroniques d’écologie intégrale – 20 Janvier 2024 – Mémoire obligatoire de S. Thomas d’Aquin prêtre et docteur de l’Eglise

Chronique d’écologie intégrale du samedi 20 Janvier 2024, Mémoire obligatoire de S. Thomas d’Aquin, prêtre et docteur de l’Église

Le 28 janvier nous fêterons la mémoire de saint Thomas d’Aquin, grand saint dominicain et docteur de l’Eglise. Saint Patron des universités chrétiennes, il est considéré comme un point de repère très fiable de la Tradition théologique au point qu’il fut proclamé « Docteur commun » de l’Eglise catholique en 1879. Son surnom demeure le « Docteur angélique » à cause de ses écrits sur les anges, mais aussi parce que sa théologie procède d’une contemplation qui s’apparente à celle des anges. Né en 1225 en Italie à Rocca Secca sur la route qui va de Rome à Naples, sa famille issue de la noblesse, le confie à un monastère bénédictin à l’âge de cinq ans. Mais il rentre chez les frères prêcheurs à 18 ans malgré l’opposition de ses parents. Il commence ses études à Naples puis il devient le disciple de saint Albert le Grand à l’université de Cologne autre saint dominicain, saint patron des scientifiques. En 1256 il est envoyé à Paris pour y enseigner et devient Maître en théologie, c’est-à-dire qu’il obtient le doctorat. Professeur excellent et très réputé son œuvre est marqué par l’élaboration de grande synthèse théologique par la médiation philosophique d’Aristote. Cela nous valut des œuvres magistrales comptant parmi les monuments de la théologie occidentale avec l’incontournable Somme de Théologie et la Somme contre les Gentils, des œuvres bien connues de tous les étudiants en théologie. Mais cela lui valu d’être condamné par Etienne Tempier alors évêque de Paris. Le concile de Lyon ayant eut raison de lui, en 1274. Il mourut avant d’y parvenir au monastère cistercien de Fossa-Nova. Réhabilité, il fut canonisé en 1323 par le pape Jean XXII puis proclamé docteur de l’Eglise en 1567. Son œuvre est ainsi marquée par la physique et surtout la métaphysique d’Aristote ce qui donna au docteur angélique les bons outils pour traiter, entre des tas d’autres chose, du mystère de la création dans le dialogue entre foi et raison. Les historiens de l’écologie s’accordent pour voir en lui un précurseur de la pensée écologique. En effet, Thomas propose de penser la création comme un ensemble organisé par la raison divine, un ensemble où toutes les parties sont organisées en fonction du bien du tout et où ce dernier est au service du bien des parties. La théologie de la providence qu’il développe propose donc une théologie du service réciproque des créatures les unes pour les autres et envers les autres pour accomplirleur fin. Il inspira les précurseurs suivant de l’écologie dans le concept d’économie de la nature qui a précédée à l’écologie. Ce n’est pas pour rien donc que saint Thomas soit le théologien le plus cité dans l’encyclique Laudato si’ du pape François. Il y fait référence en de multiples occasions dans le chapitre 2 sur « la bonne nouvelle de la création ». Tout d’abord, il rappelle que l’acte créateur est une relation qui conserve et dynamise la création ici et maintenant. Mais Dieu étant lui-même communion de relations selon l’enseignement du docteur angélique, le pape en tire la conclusion que le principe même des créatures est d’être en relations. La relation écologique est la trace et le sceau de la vie divine dans la création. En outre pour Thomas la fin de la création, son but, sa raison d’être est de refléter la perfection du Créateur. C’est pourquoi toutes les créatures dans leur différence expriment quelque chose de cette perfection, mais surtout, c’est l’ensemble de l’univers, en tant que somme et synthèse de toutes les créatures qui accomplit cette mission de refléter au mieux son Auteur et ses qualités. C’est encore saint Thomas qui est invoqué par François pour parler de la présence active de Dieu dans la création, qui continue ainsi l’acte créateur : « La nature n’est rien d’autre que la connaissance d’un certain art, concrètement l’art divin inscrit dans les choses, et par lequel les choses elles-mêmes se meuvent vers une fin déterminée. Comme si l’artisan constructeur de navires pouvait accorder au bois de pouvoir se modifier de lui-même pour prendre la forme de navire[1] ». Dieu aime tellement ses créatures, quelles qu’elles soient qu’il désire qu’elles lui ressemblent, c’est pourquoi il leur donne de participer à sa providence par leurs propres capacités : « Dieu donne aux créatures la dignité d’être cause[2] » dit encore Thomas. Il pense d’ailleurs que la nature ne s’efface par devant la grâce divine au contraire elle a sa consistance propre : « Les dons de la grâce sont ajoutés à la nature de telle sorte qu’ils ne la suppriment pas, mais bien plutôt la perfectionne[3] ». Thomas a une grande considération pour les animaux envers lesquels il estime que les devoirs de l’homme sont importants au nom du commun qu’il partage avec eux. C’est par la pitié pour les bêtes que l’on apprend mieux à en avoir pour les humains. « Il est vraisemblable que si l’on éprouve un tel sentiment de pitié à l’égard des animaux, on s’en trouve favorablement disposé à le ressentir envers les hommes[4]. » Enfin chez Thomas la création tout entière connaît une destination eschatologique, pas uniquement la créature humaine. La création nouvelle prend chez Thomas la forme d’une « apothéose de l’univers[5] » dans laquelle les éléments de la création sont glorifié et purifiés : « Il convient, que lorsque l’homme sera glorifié dans son corps que les autres êtres corporels soient portés à un état meilleur, afin que l’univers devienne un séjour plus adapté et agréable[6]. » Tous ces éléments témoignent du fait que c’est toute la Tradition théologique qui porte en elle les éléments de la Bonne nouvelle de la création au fondement de l’écologie intégrale.

[1] I, q. 104, art. 1, ad 4; Id., In octo libros Physicorum Aristotelis expositio, lib II, lectio 14.

[2] Ia, q. 22, a. 3 ; q. 23, a. 8.

[3] In Boet. de Trinitate q.2, art.3, resp.

[4] Ia IIae, q. 102, a. 6.

[5] IIIa, q. 74, a. 4.

[6] IIIa, q. 74, a. 1.

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