Chronique d’écologie intégrale – 25 Avril 2025 – Fête de S. Marc évangéliste

Chronique d’écologie intégrale – vendredi 25 Avril 2025, Fête de S. Marc évangéliste

A la S. Marc, le 25 avril, nous sommes sûrs d’être dans le temps pascal. Car c’est au plus tard, à cette date que peut tomber le dimanche de Pâques. S. Marc, fils d’une veuve nommée Marie, est l’un des quatre évangélistes, à qui est attribué l’évangile le plus court des synoptiques. La Tradition rapporte qu’il fait le recueil de la catéchèse de S. Pierre à Rome. Ce dernier reconnaît en lui comme un fils et un héritier spirituel. Personnage discret, le livre des Actes des Apôtres, les épitres de S. Paul et de S. Pierre, le mentionnent à plusieurs reprises comme disciple suiveur et assistant des apôtres, cousin de S. Barnabé. Certains commentateurs le reconnaissent dès le Jardin des Oliviers, le soir de la passion, dans le jeune homme qui s’enfuit tout nu au moment de l’arrestation de Jésus… dont seul l’évangile de S. Marc fait mention. Il est réputé être le fondateur de l’Eglise d’Alexandrie et donc en grande vénération chez les Coptes. Ses reliques ont été emmenées à Venise au ix^e siècle dans la cathédrale et basilique patriarchale qui porte son nom. Son intercession est sollicitée pour toutes les églises vivant en terre d’Islam. Son symbole est le lion, car c’est la voix majestueuse de S. Jean-Baptiste, tel un rugissement, qui ouvre son évangile. Dans ce dernier, au style concis et direct, l’évangéliste cherche à répondre à la question : « Qui est cet homme ? », en insistant sur la divinité de Jésus, comme le centurion qui déclare « cet homme est vraiment le Fils de Dieu » (Mc 15,39). La fête de S. Marc est-elle une date pertinente pour y placer une célébration de la création ? C’est ce sur quoi j’aimerais prolonger ma réflexion car il semble que cela puisse être justifié historiquement et liturgiquement. Une pratique très ancienne décrite par Jacques de Voragine dans la Légende dorée nous indique cela[1]. Je le cite : « Deux fois par an arrivent les litanies ; à la fête de S. Marc, c’est la litanie majeure, et aux trois jours qui précèdent l’ascension du Seigneur, c’est la litanie mineure. » Or ici, dans ce cas, Jacques de Voragine précise bien : « Litanie veut dire supplication, prière ou rogation. » Les litanies sont effectivement récitées aux rogations, c’est-à-dire pendant les trois jours qui précèdent l’Ascension, et à la S. Marc. Comme les rogations ont été sorties du calendrier romain en 1969, on peut donc considérer la S. Marc comme étant une date propice aux rogations dont nous connaissons un renouveau important en France, dans le but de faire des propositions pastorales de spiritualité écologique. Jacques de Voragine continue : « La première [Litanie] a trois noms différents, qui sont : litanie majeure, procession septiforme, et croix noires. […] On l’appelle litanie majeure, pour trois motifs, savoir : à raison de celui qui l’institua, ce fut saint Grégoire, le grand pape ; à raison du lieu où elle fuit instituée qui est Rome […] ; à raison de la cause pour laquelle elle fut instituée : ce fut une grande et très grave épidémie » et je complète en disant qu’apparemment, l’épidémie de peste fut plus grave à Rome qu’à Vienne, où furent instituées les « litanies mineures », à savoir ce que nous appelons les rogations, par un saint de moindre importance ; S. Mamert évêque de Vienne, ville de moindre importance que Rome. Sauf qu’à Vienne la peste est survenue après une énorme crue du Rhône en 474, crue qui a également entraîné une famine très importante… d’où le fait qu’au rogations, on prie Dieu de nous préserver des fléaux et calamités de tout type ; en conséquence de quoi on bénit les champs en signe de protection. Ces litanies ou rogations sont donc un temps de pénitence. Cela se comprend d’autant mieux qu’à Rome, la raison résida dans le fait que les romains, après avoir bien jeûné pendant le carême, s’était aussi bien lâché en compensation pendant le temps de Pâques et avaient un peu trop profité des biens de cette terre, au point que Dieu les a punis de leurs excès… en leur envoyant une peste des derrière les fagots. Il a bien fallu faire réparation par un journée de pénitence. Voilà peut-être pourquoi la première lecture de la messe du jour propose cette exhortation : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances. » (1P 5, 8) C’est un passage que l’on lit également tous les mardis soir à complies. L’appel à la sobriété prend une tout autre dimension aujourd’hui en contexte de crise écologique : l’humanité s’est tellement goinfrée d’énergie fossiles et des ressources naturelles, que non seulement nous en éprouvons l’indigestion morale de notre infidélité à notre vocation de gardien de la création, mais en plus, avec des conséquences irréversibles sur les équilibres planétaires ; de quoi effectivement demander à Dieu pardon d’avoir déçu les attentes divines, selon les mots du pape François dans Laudato si’ à la fin du chapitre 1. Pas besoin que Dieu nous envoie la peste, nous nous sommes punis nous-même par effet de rétroaction des systèmes planétaires… Cela dit le choix de la final de l’évangile de Marc convient bien à une célébration de la création, car elle nous resitue dans notre mission humaine : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » (Mc 16, 15). C’est à dire que toutes les créatures attendent de nous, par notre parole et par nos actes, que nous annoncions et vivions l’évangile de la création selon les orientations du chapitre deux de Laudato si’.

[1] . Jacques de Voragine (1230-1299), La Légende dorée, https://bkv.unifr.ch/de/works/x-47/versions/la-legende-doree-de-jacques-de-voragine/divisions/83.