Chronique d’écologie intégrale – 20 Avril 2024 – Mémoire facultative de S. Georges, martyr

Chronique d’écologie intégrale – 20 Avril 2024 – Mémoire facultative de S. Georges, martyr

Chronique d’écologie intégrale du samedi 20 Avril 2024, Mémoire facultative de S. Georges, martyr

Martyr vers l’an 303, saint Georges de Lydda, l’actuelle ville de Lod près de Tel Aviv, est fêté le 23 avril. Il est l’un des saints les plus populaires du monde : saint patron des chevaliers, des scouts sous l’impulsion de Baden Powell, de l’Angleterre, des chevaliers de l’ordre de la Jarretière en Angleterre (1347), et entre autres pays, de la Géorgie, de l’Ethiopie et de la Russie. Les chrétiens d’Orient l’appellent le « Grand Martyr », du fait de l’intensité des épreuves endurées pendant sa persécution sous Dioclétien. Voici ce qu’en dit la légende : « On le fait couper en morceaux, jeter dans un puits, avaler du plomb fondu, brûler dans un taureau de bronze chauffé à blanc, donner en nourriture à des oiseaux de proie. Chaque fois, saint Georges ressuscite et en profite pour multiplier les miracles[1]. » A tel point que son martyr a converti l’épouse de Dioclétien, et ses geôliers. Mais sous Dioclétien, le culte à l’empereur était de rigueur et les soldats de l’empire devaient montrer l’exemple. La légende et saint Pierre Damien le présentent comme un tribun de l’armée impériale, donc un haut gradé. On peut par conséquent penser que son martyr fut exemplaire de violence en représailles à son refus de rendre ce culte. Par contre le culte de saint Georges se répand rapidement en Orient et il est attesté dès le viiie siècle en Angleterre mais il y est rendu obligatoire en 1222 par le pape Benoît XIV, après que le roi Richard cœur de Lyon en ait fait le saint Patron. La légende et l’histoire se confondent pour fonder les événements de la popularité de son culte. Elle a fait de lui un soldat pourfendeur du dragon, dans le sillage de saint Michel. L’empereur Constantin lui érige une basilique à Jérusalem au ivesiècle. Les croisades ont donné à son culte un grand éclat chez les chevaliers français et anglais et inspirèrent donc le Roi Richard à son retour de Terre sainte. La croix de saint Georges devient le drapeau de l’Angleterre en 1277 sous Édouard Ier, pendant la guerre en pays de Galles. Il est invoqué pour le combat spirituel face au démon ou pour signifier la vocation du chrétien par l’usage du vocabulaire martial : le chrétien est le « miles Christi », le « soldat de Dieu », dans l’Esprit de saint Paul dans la lettre aux Ephésiens (6, 13-17). En quoi ce saint peut-il nous inspirer en ce qui concerne l’écologie intégrale ? A plusieurs reprises, dans le cadre de ces chroniques j’ai pu faire le lien entre la vocation chevaleresque et l’écologie intégrale. Dans le sens où le chevalier est celui qui embrasse une cause à défendre : celle de la veuve et de l’orphelin, c’est-à-dire ceux qui représentent les plus démunis parmi les plus pauvres. Or le figure du pauvre a beaucoup évolué depuis les Psaumes et le Moyen Âge. Dans Laudato si’, le pape François indique bien que parmi les pauvres dont il faut prendre soin se trouve désormais la planète dont nous avons à entendre la clameur afin d’y répondre. Alors que la génération Laudato si’ se lève courageusement pour prendre le parti de la terre et des pauvres par une mode de vie qui soit inspiré par l’évangile du Christ, tel que le propose le projet de l’écologie intégrale. Il s’agit en effet d’un combat pour nous aujourd’hui, une résistance même, nous dit le pape François. Ce combat concerne le démon ou le dragon du paradigme technocratique qui est à l’origine de la crise écologique depuis plus de trois siècles maintenant. Et peut-être encore plus qu’au Moyen âge l’esprit de l’ascèse du combattant et de la sobriété nous est nécessaire, comme l’enseignait déjà saint Pierre Damien au xiesiècle dans son homélie pour la saint Georges : « De telles paroles nous enseignent à l’évidence qu’on est incapable de combattre courageusement et utilement pour la foi, si l’on craint encore de rejeter les ressources terrestres[2]. » En effet saint Georges est réputé avoir suivi l’exemple de l’évangile en vendant tous ses biens et les avoir distribués aux pauvres avant d’avoir subi l’épreuve du martyr. Au-delà de cet aspect édifiant, je suis frappé de découvrir que son nom en grec signifie, « cultivateur de la terre ». Alors je ne pense pas qu’il y ait de rapport avec la célèbre thèse : « la vie des chevaliers-paysans de l’an mil au lac de Paladru[3] », dont il pourrait aussi être le saint patron de manière plus spécifique. Mais porter le nom de Georges, c’est un peu comme porter le nom d’Adam, le terreux. Il porte en lui la vocation que notre premier parent a reçue par Dieu en Gn 2, 15 : « Dieu prit Adam et le mit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. » L’engagement militaire du chevalier est identifié comme un service. Or cultiver en hébreux se traduit par « servir ». Être un chevalier et aujourd’hui servir la cause de la terre, n’est-ce pas revenir aux sources et de la chevalerie et de la vocation humaine 

[1] “Saint Georges”, Nominis,  https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1024/Saint-Georges.html.

[2] Homélie de S. Pierre Damien pour la fête de la Saint Georges.

[3] Citation du film d’Alain Resnais « On connaît la chanson », 1997.

Un Commentaire

Ajouter un Commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *