*Chronique d’écologie intégrale* – 12 Novembre 2025 – Mémoire obligatoire de Saint Josaphat

*Chronique d’écologie intégrale* – 12 Novembre 2025 – Mémoire obligatoire de Saint Josaphat

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Chronique d’écologie intégrale – mercredi 12 Novembre 2025, Mémoire obligatoire de Saint Josaphat

S. Josaphat Kuncewitz, fêté le 12 novembre est en 1584 né à Volodymyr en Ukraine alors soumise à la Pologne catholique. Orthodoxe de naissance, il devient catholique de rite byzantin après le concile de Brest-Litovsk de 1595 proclamant l’union avec les orthodoxes. Il entre au monastère basilien de Vilna en 1604, et est ordonné prêtre en 1609. Il devient père abbé de la sainte Trinité de Vilnius en Lituanie en 1613. Il est nommé archevêque de Polotsk à trente-neuf ans en 1617 et œuvre toute sa vie à l’unité des chrétiens auprès des Orthodoxes. Pasteur attentionné, il visitait souvent les paroisses et organisait des synodes annuels. Au cours de ces visites il avait particulièrement à cœur de veiller à la beauté de la liturgie. Le succès de son action apostolique suscita des jalousies et des réactions résistance. Des campagnes de calomnies furent organisées à son encontre. Il fut assassiné au cours d’une visite pastorale en 1623. Il est le premier saint canonisé d’un Eglise orientale catholique, en 1867 par le pape Pie IX. Les lectures du jours évoquant le martyre, incitent à garder la foi et à se conduire en chrétien dans et malgré la persécution. Dans la première lecture, S. Paul est en prison et exhorte les Ephésiens à l’humilité, la douceur et la patience. On peut dire qu’il en donne un témoignage exemplaire depuis sa captivité ! Mais ce qui me frappe à la lecture de ce texte c’est le lien que je fais entre cette attitude et la proclamation de foi qui est faite par S. Paul à la fin de ce passage : « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. » (Ep 4, 5-6). C’est ce verset qui a inspiré à S. François d’Assise le sens de la fraternité cosmique entre les créatures : « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de toutes choses, au-dessus de toutes choses, par toutes choses, et en toutes choses ». C’est-à-dire toutes les créatures. On peut relire l’exhortation de S. Paul en fonction de cette fraternité et considérer que « l’humilité, la douceur et la patience » s’appliquent également envers les autres créatures. De même cette demande : « supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » ; ce qui implique donc la paix avec la création. Mais S. Josaphat, cette figure de sainteté de l’Eglise uniate est l’occasion pour moi de partager une réflexion sur le sens œcuménique du soin de la maison commune. C’est un domaine dans lequel les chrétiens d’Orient ont marqué des points très tôt, d’une manière assez visible. Il faut commencer par souligner que c’est le patriarche œcuménique Demetrios I qui a instauré le premier septembre comme journée de prière annuelle pour la sauvegarde de la création en 1989. Son Successeur le patriarche Bartolomée I a reçu le surnom de Patriarche vert car il a en effet entrepris de nombreuses initiatives de sensibilisation des chrétiens sur ces question notamment pendant la croisière verte en 2003 au large de la Norvège, une initiative alors soutenue par le Duc d’Edimbourg. Les pasteurs et théologiens orthodoxes de la fin du xxe siècle ont soutenu la dimension proprement écologique du christianisme et en particulier de la théologie orthodoxe fondée sur les pères de l’Eglise, en particulier les pères grecs, ce qu’avait notamment bien repéré Jean Bastaire. C’est en effet une théologie qui considère que la révélation concerne toute la création et pas seulement la dramatique humaine ; que le salut est offert à toutes les créatures en vue de leur glorification en Dieu. La liturgie orthodoxe, qui est le véhicule principal de cette théologie, comporte explicitement les éléments de ce cosmos appelé à la glorification. Elle peut servir de modèle aux Occidentaux afin de mieux intégrer le mystère de la création dans nos célébrations. Je voudrais aussi rappeler que le premier texte commun signé entre un pape et un patriarche orthodoxe fut la déclaration de Venise en 2003, entre Bartholomée I et S. Jean-Paul II. Et devinez quoi, ce texte portait sur la sauvegarde de la création. C’est tout de même extraordinaire car aucune initiative de ce genre n’avait eu lieu depuis 1054, date du schisme d’Orient. De même, je trouve très prophétique cette rencontre entre le roi Charles III d’Angleterre et le pape Léon XIV le 23 octobre 2025. A cette occasion un temps de prière liturgique a été organisé dans la chapelle Sixtine et le thème de la prière fut… la sauvegarde de la création. Voici encore un événement qui n’avait pas eu lieu depuis le schisme anglican il y a près de cinq cents ans. La sauvegarde de la maison commune rassemble. En effet, quoi de plus commun et de plus universel à notre commune humanité que cette planète sur laquelle nous habitons. C’est forcément un thème porteur pour la rencontre des différences car tout le monde est concerné. Enfin, je souligne un dernier aspect important : la théologie de l’écologie – ou écothéologie – est née au début des années 1970 dans un contexte complétement œcuménique, et l’est restée à ce jour. C’est un domaine qui s’y prête et qui rassemble de par le monde de nombreux théologiens qui travaillent ces questions en œcuménisme. Faire autrement ne viendrait même pas à l’idée et serait un non-sens.

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