Chronique d’écologie intégrale – 06 Avril 2024 – Solennité de l’Annonciation du Seigneur

Chronique d’écologie intégrale – 06 Avril 2024 – Solennité de l’Annonciation du Seigneur

Chronique d’écologie intégrale du samedi 6 Avril 2024, Solennité de l’Annonciation du Seigneur

La Solennité de l’Annonciation du Seigneur, fêtée habituellement le 25 mars, mais cette année : le 8 avril, est une fête des plus importantes de la vie de Jésus, puisque c’en est le commencement, dans le sein de Marie. C’est au sens le plus strict possible la mémoire de l’Incarnation du Verbe de Dieu parmi les hommes et dans la création, Dieu fait chair et pas Noël. Je trouve cela assez formidable par exemple qu’un auteur comme Tolkien, fasse coïncider le jour de la victoire ultime sur le gros méchant, Sauron, justement un 25 mars dans le calendrier des Hobbits de la Comté. C’est ce jour où Frodon, Sam et surtout Gollum font tomber l’Anneau Unique dans les Crevasses du Destin. Dans l’œuvre de Tolkien, et en particulier dans Le Seigneur des anneaux, cette victoire sur le mal est vécue et pensée comme un salut qui anticipe temporellement celui qui est définitivement apporté par Jésus Christ. La rencontre de Marie avec l’ange Gabriel est un événement d’une haute intensité dramatique à l’échelle de la création tout entière, à l’échelle cosmique ; car c’est l’accomplissement de la fin de la création continuée, et le commencement du registre de la création nouvelle. Le but de la création, d’après le bienheureux franciscain Jean Duns Scot, c’est l’union de Dieu avec sa création. Par cette union, c’est la vie même de Dieu qui est communiquée à toute la création, et ce par l’intermédiaire de la créature humaine, qui est la créature capable de Dieu. Cette union correspond à la transformation de la création ancienne en une création nouvelle, du moins au commencement de ce processus de transfiguration. Ce processus commence avec l’Incarnation du Verbe divin. Et pour pouvoir arriver à ce stade de l’histoire du Salut, il faut que toute la création soit préparée à cela. Il faut que parmi les créatures il y en ait une qui soit apte à recevoir Dieu. C’est pourquoi on peut dire que toute l’histoire de la création dans ses dizaines de milliards d’années qui ont précédé l’humanité, c’est bien l’histoire de la préparation de la création, par la disposition et l’évolution des créatures qui, dans leurs successions, vont permettre à la créature humaine, la créature créée à l’image de Dieu et donc capax Dei, d’advenir dans l’existence. L’être humain est capable de Dieu par constitution : il est une créature dotée d’intelligence, de liberté, de volonté, d’inventivité, de créativité, de conscience et d’intériorité pour une vie spirituelle, ce que la tradition appelle : une âme rationnelle. C’est ce qui est requis à un être personnel afin de pouvoir entrer en relation, et à plus forte raison, avec un Dieu qui est lui-même communion de trois personnes. Puis dans l’histoire humaine, vieille de plusieurs centaines de milliers d’années, c’est le temps de la préparation de la personne humaine la plus apte et la mieux conçue par Dieu afin de recevoir en son sein, l’embryon de son Fils. Marie est parmi les créatures l’écrin préparée par la poussée de la création continuée pour accomplir le projet divin de communion divine avec la création par l’Incarnation de la Parole de Dieu, la Parole créatrice de tout l’univers. L’événement de la rencontre entre l’ange et Marie est d’une densité intensément et proprement théologique au sens le plus étymologique du terme : c’est la communication d’une Parole de Dieu à l’humanité, pardon, de La Parole de Dieu à l’humanité, et à travers elle, et à travers Marie, à toute la création. Tout acte de création est une communication d’une Parole créatrice de la part de Dieu. Dans cette rencontre, en tant qu’acte de création nouvelle, c’est bien l’inscription de cette Parole qui vient donner sa forme et sa substance à l’embryon du Fils de Dieu, à son ADN, à ses ARN, à ses configurations épigénétiques, à l’agencement des macromolécules de ses structures cellulaires. Mais dans tout acte de création, nous dit saint Irénée de Lyon, Dieu crée avec ses deux mains : avec le Verbe et avec la Sagesse ; c’est-à-dire avec son Fils et avec son Esprit Saint. Avec son Fils, nous l’avons compris, c’est par la communication de sa Parole créatrice. Avec sa Sagesse qui est l’Esprit Saint, c’est l’ange lui-même qui en témoigne et qui l’annonce à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1, 35). Le don de la vie divine aux humains et à la création est toujours médiatisé par l’Esprit Saint nous enseigne la Tradition. Ainsi en témoigne le Ps 103, 30 : « Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. » L’Esprit est celui qui donne la vie à l’embryon du Verbe incarné car il est, selon la tradition du concile de Constantinople (381), celui qui est « Seigneur et qui donne la vie ». Dans cet événement de l’Annonciation qui est un concentré de Bonne nouvelle de, et pour, la création tout entière, un drame cosmique se joue, car à ce moment-là, la liberté de Marie pourrait bien faire échouer le projet divin si elle avait refusé la proposition de l’ange. Même si les prophètes avaient annoncé la soumission de Marie, il faut prendre ces prophéties pour l’expression d’une espérance : « Voici, je viens » tels sont les mots du psalmiste que nous prêtons à Marie en ce jour de célébration. Marie exprime ainsi toute sa royauté sur la création en engageant sa liberté pour coopérer au Salut du monde.

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