Jeudi de l’Ascension du Seigneur, Année B

Jeudi de l’Ascension du Seigneur, Année B

Jeudi de l’Ascension du Seigneur, Année B

Avec la solennité de l’Ascension de Notre Seigneur Jésus Christ, nous célébrons la fête de l’absence du Seigneur, mais aussi la fête sa présence à l’œuvre dans son Eglise et dans toute la création. Le dernier verset de l’évangile de Marc lu ce jeudi est clair à ce sujet : « Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. » Ce n’est pas parce que Jésus est monté auprès du Père qu’il nous a abandonné. C’est une absence qui indique une présence peut-être encore plus forte que celle de la présence historique et physique de Jésus. Du point de vue de l’écologie intégrale nous avons des éléments très intéressants dans la deuxième lecture et dans l’évangile pour penser cette présence dans des termes nouveaux.
Dans cette perspective, saint Paul fait une profession de foi audacieuse dans la seconde lecture tirée de l’épitre aux Ephésiens. « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. » Arrêtons-nous d’abord sur le mot « tous ». Ici nous avons l’usage d’une formule grecque chère à saint Paul, « ta panta », un neutre qui signifie toute chose. En traduisant par « tous » le traducteur fait un choix restrictif, qui limite la présence de Dieu en des personnes humaines, ce qui est implicitement induit. Mais si on colle au sens original de l’expression en optant pour « toute chose » alors on indique que la présence de Dieu est une réalité concernant toute la création et toutes les créatures.
Ce fut l’option de lecture de saint François d’Assise, et dans sa vie ce verset a eu deux conséquences irréversibles. D’une part Dieu est présent en toute créature, ce qui fait que pour François chaque créature est une occasion de rencontre avec le Créateur. Cette caractéristique des créatures leur confère ainsi une dignité envers laquelle François a toujours manifesté le plus grand respect, à tel point qu’il appelait ces créatures du nom de frère ou de sœur. Mais ce dernier point est explicité par un autre aspect fondamental de ce même verset. Il faut donc comprendre que saint Paul affirme que Dieu est « Père de toute chose » dans la création, et François d’Assise l’a pris littéralement en tant que Dieu est Père de toutes les créatures ! Si tel est le cas alors toutes les créatures sont sœurs. Saint François d’Assise ne lisait pas le grec, mais la Bible dans la version latine de la Vulgate. Le mot « tous » est la traduction du latin « omnia » qui connait le même enjeu de traduction que le grec. Saint François ne s’y est donc pas trompé.
Plus loin dans le même texte, saint Paul parle de l’ascension du Seigneur et voilà qu’il recommence. « Celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. » Voici une traduction plus littérale de la fin de ce verset : « pour remplir toute choses ». Ici nous avons de nouveau l’usage de la formule grecque chère à saint Paul, « ta panta ». Je me pose la question, pourquoi n’a-t-il pas été traduit par « tous » ici ? Alors, c’est vrai que le mot « univers » signifie bien la totalité des choses qui existent. Mais la formule de Paul est plus précise car elle identifie toutes les créatures prises ensemble et individuellement. Cela rejoint l’idée force que je proposais en début de chronique. L’absence de Jésus monté auprès du Père renforce sa présence dans la création. Le mouvement est d’ailleurs magnifique à contempler, d’autant plus si on le met en parallèle avec ce que Paul en dit en Phi 2. Permettez-moi cette paraphrase : le Verbe de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, il est descendu, il s’est anéanti pour prendre la condition de serviteur et de créature, Dieu l’exalté par la résurrection et il est monté auprès du Père, au-dessus des tous les cieux. Cette exaltation est la condition pour que la présence de Jésus ressuscité soit réalisée dans la création toute entière, en toute chose.
Encore une fois, saint Paul dans la première aux Corinthiens (15,28) nous invite cette fois à contempler que ce mouvement de présence du Christ dans les créatures ne sera pas achevé avant sa nouvelle venue dans la gloire à la fin des temps, car dit l’auteur : « quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous », c’est à dire, vous l’avez compris : « Dieu sera tout en toute chose ». La vie même de Dieu sera la vie des créatures dans une création divinisée selon l’expression de la théologie orthodoxe.
Comme d’habitude Dieu aime s’associer la coopération des créatures dans tout ce qu’il fait, notamment celle de la créature humaine. Oui nous aussi nous pouvons contribuer à amener la présence de Jésus ressuscité à toute la création, et à toutes les créatures. Jésus nous envoie d’ailleurs en mission pour le faire : « En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création”. » C’est-à-dire à toutes les créatures.

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