Chronique d’écologie intégrale – 11 Mai 2024 – Mémoire facultative de la Bse Julienne de Norwich

Chronique d’écologie intégrale – 11 Mai 2024 – Mémoire facultative de la Bse Julienne de Norwich

Chronique d’écologie intégrale du samedi 11 Mai 2024, Mémoire facultative de la Bse Julienne de Norwich

Le 13 mai l’Eglise célèbre la Bse Julienne de Norwich qui fut une mystique anglaise. Elle vécut comme recluse à Norwich, dans le Norfolk et est considérée comme la première femme de lettre de l’Angleterre du fait des ses écrits sur les Révélations reçues de l’Amour divin. Elle est née en 1342 et décédée en 1416. On ne connaît pas bien ses détails biographiques, mais on sait qu’elle a vécu comme recluse la plus grande partie de sa vie, c’est-à-dire comme prisonnière volontaire entre quatre murs attenant à une église sans jamais sortir et vivant de la générosité du peuple chrétien. En 1373 elle reçoit une série de seize visions de la part du Seigneur. Après une longue maladie, eh oui, il faut bien s’en remettre, elle s’attache à les mettre par écrit dans deux textes à vingt ans d’intervalle et selon une version courte, Une Révélation de l’amour de Dieu et une version longue et plus théologique, Le livre des Révélations. Elle était recluse mais très accueillante en sa réclusion volontaire. Elle savait réconforter tous les fidèles venant lui confier leurs difficultés et leurs misères. De par ce charisme de réconfort, le pape François écrit d’elle à l’évêque d’Est Anglie pour le 650e anniversaire de ses révélations, qu’elle peut être invoquée par tous ceux qui sont soumis je cite « aux défis pressants de la guerre, de l’injustice, du désastre écologique ou de la pauvreté spirituelle[1]». Elle est commémorée le 8 mai par la Communion Anglicane et est souvent représentée en compagnie d’un chat. Emmanuelle Billoteau, ermite drômoise ayant publié un livre sur Julienne en 2022, écrit à son sujet : « Ne nous y trompons pas : ce ne sont pas ses visions en ce qu’elles ont d’extraordinaire qui qualifient l’auteur des Révélations comme mystique, mais sa capacité à se laisser habiter et travailler par Dieu en tous temps et en toutes choses ». Au cœur de son expérience : l’amour de Dieu est premier, sa miséricorde s’étend à toutes ses œuvres. Le deuxième lieu à retenir est que Julienne fait l’expérience de cet amour divin au plus profond d’elle-même dans une union intime avec le Christ. C’est d’ailleurs le propre de l’expérience mystique qui fait parfois un peu craquer les cadres de la création, et du langage. D’ailleurs, il est tout à fait étonnant de la lire au sujet de la maternité de Dieu, au xive siècle : « Comme il est vrai que Dieu est notre Père, il est également vrai que Dieu est notre Mère. […] Par le consentement unanime de toute la sainte Trinité, Il voulut que la Seconde Personne devienne notre Mère, notre Frère, Notre Sauveur[2]. » Ses visions s’étendent aussi à toute l’œuvre créée. Je cite : « Par la création, nous avons eu un commencement, mais l’amour avec lequel Il nous a créés, était en Lui depuis toujours : et, dans cet amour, nous avons notre origine. Et tout ceci nous le verrons en Dieu, éternellement[3]. » Julienne considère en effet que la création tout entière reçoit les promesses de la glorification à la fin des temps. Dans ses Révélation de l’amour divin, elle reçoit du Seigneur cette conviction que Dieu ne peut pas laisser la création revenir au néant, et qu’il restaurera toute chose dans sa gloire, je cite : « Tout finira bien, tout finira bien, toute chose quelle qu’elle soit, finira bien[4]. » La destination eschatologique de la création fait partie de la bonne nouvelle de la création enseignée par le pape François dans Laudato si’. Le fait que Dieu ne laisse pas retourner la création dans le néant témoigne de valeur propre et intrinsèque qu’il accorde aux créatures pour elles-mêmes. Voici ce que Julienne écrivait encore voyant la petitesse et la fragilité de la terre dans une vision, je la cite :

Je m’étonnai que cela puisse subsister car il me semblait que cela pouvait être anéanti en un clin d’œil. Il me fut répondu en mon entendement : « cela subsiste et subsistera toujours parce que Dieu l’aime. C’est par amour que Dieu a créé tout ce qui est créé, et tout est gardé dans le même amour et le sera toujours[5]. »

Je termine en citant Jean Bastaire commentant ce passage et écrivant :

Comme toute les vraies amantes, Julienne de Norwich fait rimer amour avec toujours. A ses yeux, il n’est pas possible que l’amour cesse une seconde de soutenir et de sauvegarder les êtres qu’il a créés, du haut en bas de l’échelle cosmique. Ce n’est pas lui qui les a livrés à la souffrance et à la mort. Il est innocent de ce désastre. Sa volonté éternelle est d’aimer toutes les créatures du simple fait qu’il leur procure l’existence, comme son attente éternelle est d’en être aimé du simple fait qu’elles s’alimentent inépuisablement à lui[6].

[1] https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2023-05/pape-lettre-est-anglie-julienne-de-norwich-revelations.html.

[2] Julienne de Norwich, Une Révélation de l’amour de Dieu, version brève, trad. Emile Baudry, Abbaye de Bellefontaine, « Vie Monastique », 1977, LXXXVI.

[3] Julienne de Norwich, Une Révélation de l’amour de Dieu, version brève, trad. Emile Baudry, Abbaye de Bellefontaine, « Vie Monastique », 1977, LXXXVI.

[4] Julienne de Norwich, Le livre des Révélations, version longue trad. Roland Maisonneuve, Paris, Cerf, Coll. « Sagesse Chrétiennes », 1992, Ch. xxvii, p. 106.

[5] Julienne de Norwich, Une Révélation de l’amour de Dieu, version brève, trad. Emile Baudry, Abbaye de Bellefontaine, « Vie Monastique », 1977, p. 79-80 et 83-84.

[6] Hélène et Jean Bastaire, Le chant des créatures, Les Chrétiens et l’univers d’Irénée à Claudel, Paris, Cerf, Coll. « Epiphanie Initiations », 1996, p. 63.

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