Chroniques d’écologie intégrale – 21 Octobre 2023 – 29ème dimanche du TO, Année A

Chroniques d’écologie intégrale – 21 Octobre 2023 – 29ème dimanche du TO, Année A

Chronique d’écologie intégrale du samedi 21 Octobre 2023, 29ème dimanche du TO, Année A

En ce dimanche, le vingt-neuvième du temps ordinaire, dans la première lecture de la messe, le prophète Isaïe rapporte ces paroles du Seigneur adressées au roi perse Cyrus : « Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas ». Il est à noter ce fait extraordinaire dans l’histoire d’Israël : le retour d’exil à Babylone ne fut pas le résultat de l’action héroïque d’un membre du peuple élu, mais bien de l’action politique et guerrière d’un païen : Cyrus le roi perse qui renversa l’empire babylonien en 539 avant JC. C’est une source d’étonnement pour les Juifs au premier chef ! Mais ils reconnaissent que la providence divine peut susciter des moyens inattendus pour accomplir le salut. Cela peut nous donner à penser aujourd’hui, à nous qui sommes fidèles du Christ. En ce qui concerne le soin de la création, les voix qui nous ont montré le chemin n’étaient peut-être pas toutes estampillées catho. Je pense à la voix prophétique d’une Greta Thunberg qui a agi comme un aiguillon et un poil à gratter persistant auprès de nombreuses personnes et institution. Je pense également au fait que Laudato Si’ ait été mieux accueillie hors de l’Eglise catholique qu’en son sein, lors de sa sortie, avec des réactions tout à fait étonnantes, comme chez le sociologue et philosophe athée Edgard Morin. D’autres, comme cette militante athée et élue d’extrême gauche qui a pu offrir un livre sur Laudato Si’ à l’évêque de son diocèse ; et d’autres encore se sont prêtés à une promotion de l’encyclique au sein de leur parti ; sans parler du récent programme d’écologie intégrale qui s’est présenté aux dernières élections présidentielles alors soutenu par un parti de gauche. La meilleure preuve de la puissance divine, c’est quand Dieu recrute des mécréants pour faire un coup d’éclat en son nom ! Alors forcément, Cyrus ne cochait pas toutes les cases en ce qui concerne la morale juive de l’époque, du coup les personnes pieuses ont pu se trouver scandalisées du choix de Dieu : ce n’est pas celui qu’elles auraient fait ! Ah non… L’œuvre de Dieu ainsi réalisée, comme la sortie des Juifs de l’exil à Babylone, sur certains aspects ne nécessite pas la perfection morale, ni même la perfection théologique des acteurs. Ça gène ceux qui se situent dans une plus grande justesse morale et religieuse… Le Ps 95 complète : « Il gouverne les peuples avec droiture. » Oui, vous avez bien entendu : « les peuples » et pas « Le » peuple comme on pourrait s’y attendre. Cela veut dire que le psalmiste affirme implicitement que tous les peuples de la terre sont soumis à la Providence divine, que Dieu préside à la destinée de toutes les nations, pas seulement de celle du Peuple élu. Mais enfin, où sont les limites de l’action de Dieu ? Est-il raisonnable ? Il pourrait être un peu plus exclusif de ceux qui lui sont consciemment fidèles quand-même ! Eh bien non, Dieu fait pleuvoir sur les bons comme sur les méchants. Il leur accorde selon leurs besoins, qu’ils soient croyants ou non. Cela parle de nos dilemmes politiques bien de chez nous. Il est de plus en plus difficile de voter aux élections comme chrétiens tant les différents candidats présentent d’une manière ou d’une autre des aspects qui nous semblent incompatibles avec notre foi. Quand ils sont favorables à la dignité de la personne humaine, ils n’ont que faire de l’écologie. Quand ils sont favorables à la protection de la planète, ils semblent mépriser l’anthropologie chrétienne et dans tous les cas, le sacro-saint pouvoir d’achat est au cœur du programme. Le prophète Isaïe nous dit que la résolution de certains problèmes contemporains ne se fera que par la médiation providentielle de personnages qui ne recevraient pas nécessairement le nihil obstat des autorités religieuses… Reste à trouver les moins pires d’entre eux. Jésus dans l’évangile de saint Matthieu nous parle quant à lui d’une autre forme de compromission qu’il conviendrait d’éviter. Il nous donne un enseignement sur son rapport à l’argent. A qui doit-il aller ? Manifestement, ce n’est pas son problème, ce n’est même pas de son registre. L’argent semble être exclu de ce qui concerne le royaume de Dieu, au point que s’il y avait eu une tête de cochon sur la pièce, il aurait dit de la rendre aux cochons. Enfin, je m’amuse à le penser, et ce n’est pas si improbable quand on sait qu’ailleurs dans les évangiles, Jésus assimilé l’argent à une idole en concurrence avec Dieu, à savoir Mammon. Mais dans cette péricope, il est surtout question de coincer Jésus sur sa mission politique. Il démontre par sa réponse que ce n’est en fait pas le sujet. Contrairement à Cyrus, Jésus n’est pas venu apporter une libération politique d’Israël. Son rôle a lui dépasse de loin les enjeux à cours termes de la vie d’une nation. Mais pour autant, rendre à Dieu ce qui lui revient, voilà une proposition qui peut sembler énigmatique et sur laquelle il ne faudrait pas trop vite conclure à la séparation entre les affaires temporelles et les affaires spirituelles. Justement, rendre à Dieu la gloire qui lui est due ne passe pas uniquement par le culte et la prière mais par une vie droitement menée, ce qui inclut aussi la politique et la vie en communauté humaine, en communauté de la Maison commune, dans son ensemble dans la poursuite et la construction du Bien commun. Rendons gloire à Dieu par notre vie de manière intégrale.

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