Chroniques d’écologie intégrale – 12 Mars 2025 – Mémoire facultative de S. Syméon le Nouveau Théologien

Chroniques d’écologie intégrale – 12 Mars 2025 – Mémoire facultative de S. Syméon le Nouveau Théologien

Chronique d’écologie intégrale du mercredi 12 Mars 2025, Mémoire facultative de S. Syméon le Nouveau Théologien

Le 12 mars, l’Eglise fait mémoire de S. Syméon le Nouveau Théologien. L’expression peut paraître trompeuse car bien qu’ayant publié des catéchèses éditées par les Sources chrétiennes au xxe siècle, ce moine de l’an mil à Constantinople fut considéré comme l’un des plus grands mystiques byzantins. Né vers 949 dans une famille noble de Galatie, il commença une carrière de fonctionnaire impérial à Constantinople. Mais la vie de désordre qu’il menait lui a donné grande insatisfaction jusqu’à ce qu’il rencontre un moine du monastère des Studites qui l’initia à la profondeur de la vie intérieure. Il reste un homme de contrastes car il fut le sujet d’expériences mystiques fulgurantes mais n’en demeurait pas moins inapte à suivre la règle monastique. On lui demanda alors d’aller voir ailleurs. Il déménage au monastère de S. Mamas dans un autre quartier de la ville, plus petit, mais ayant grand besoin de réforme. Après trois ans il en devint l’higoumène, le père abbé. Les réformes qu’ils voulut mettre en œuvre ne furent pas acceptées par tous les frères et certains voulurent ainsi le supprimer… il partit en exil dans le monastère de sainte Marine et y mourut en odeur de sainteté le 12 mars 1022. C’est dans ce monastère qu’il écrivit la plus grande partie de ses œuvres parmi lesquelles on compte : Les Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques, Les catéchèses, et les Traités théologiques et éthiques, des hymnes et des lettres. L’expérience mystique en question est au sens littérale l’expérience de l’union spirituelle avec Dieu, une expérience d’intimité profonde et envahissante de la divine présence en son cœur et en son âme. Présent dans la catéchèse du pape Benoît XVI, ce dernier dit de lui, je cite : « Sa réflexion tourne autour de la présence de l’Esprit dans les baptisés et la conscience qu’ils doivent avoir de cette réalité spirituelle. La vie chrétienne – souligne-t-il – est une communion intime et personnelle avec Dieu, la grâce divine illumine le cœur du croyant et le conduit à la vision mystique du Seigneur. Pour Syméon, cette expérience de la grâce divine ne constitue pas un don exceptionnel pour quelques mystiques, mais elle est le fruit du Baptême dans l’existence de tout fidèle sérieusement engagé[1]. » Benoît XVI relève aussi dans le témoignage de Syméon, l’attachement à la direction spirituelle comme lieu d’inscription dans l’Eglise pour le recours à son discernement. Ce sont deux points, mystique et accompagnement, qui renforcent deux relations fondamentales de l’écologie intégrale que sont la relation à Dieu, bien sûr, mais aussi la relation à soi. La mystique à cause du travail d’intériorité qu’elle cause, et l’accompagnement dans une meilleure aide à la connaissance de soi-même sur le plan spirituel. Mais Jean Bastaire nous aide à voir que l’enseignement du Nouveau Théologien soulignait en même temps la dimension cosmique de la foi chrétienne. C’est dans son premier Traité éthique qu’il développe une catéchèse portant sur le salut cosmique. Je le cite : « le ciel et la terre et tout ce qu’elle renferme, c’est-à-dire l’ensemble de la création, seront renouvelés et délivrés de la servitude de la corruption ; ces éléments auront part avec nous à l’éclat de l’au-delà et de même que le feu nous mettra tous à l’épreuve, de même toute la création sera renouvelée par le feu[2]. » Le feu aura donc une action de purification de la création en ce qui concerne ce que S. Paul appelle « la figure de ce monde » dans sa première épitre aux Corinthiens (7, 31), cette même figure appelée à passer. C’est une purification qui agit sur tout le poids de péché de la créature humaine qui a défiguré la création, c’est aussi le poids des imperfections créées comme la mort et la souffrance de tout le vivant qui sera ainsi enlevé et corrigé. S. Syméon le Nouveau Théologien a précédé S. Hildegarde de Bingen de quelques années, mais il développe la même doctrine mystique de la révolte des éléments de la création contre l’homme quand ce dernier n’est pas fidèle à l’alliance et à sa vocation dans la création. Je le cite encore une fois : « Le soleil ne voulait pas luire, la lune ne supportait pas de paraître, les fleuves refusaient de couler, l’air méditait de se replier sur lui-même et de ne pas donner le souffle aux révoltés (c’est-à-dire nous), les fauves et tous les animaux de la terre le prenaient en dédain, et tournaient tous leur sauvagerie contre lui[3]. » Comme quoi l’union mystique à Dieu comporte une ouverture à l’expérience de la vocation de la création tout entière à être ultimement unie à Dieu, entraînée par l’union de l’homme avec son Créateur et Sauveur. Ce sera alors la vraie réunion du ciel et de la terre, « la terre que les doux recevront en héritage[4] ».

[1] Benoît XVI, « Syméon le Nouveau Théologien », Audience Générale, Mercredi 16 septembre 2009,https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2009/documents/hf_ben-xvi_aud_20090916.html.

[2] Syméon le Nouveau Théologien, Traités théologiques et éthiques, Premier traité éthique, 4, Paris, Cerf, SC 122 t. I, 1966, p. 207.

[3] Ibid., 2, p. 191.

[4] Ibid., 5, p. 221.

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