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Chronique d’écologie intégrale du dimanche 19/01/2025, Mémoire facultative de S. Macaire l’égyptien, moine
Vivant à la même époque que les pères cappadociens que nous avons fêtés au début du mois, S. Macaire l’égyptien ou S. Macaire le Grand, fêté le 19 janvier est un moine anachorète des déserts d’Egypte mort en 390. Avant de se retirer au désert, il était berger ou chamelier, voire contrebandier en Haute Egypte, c’est-à-dire au sud du pays. D’autres sources en font un boulanger-pâtissier-confiseur. C’est à la mort de ses parents qu’il vit une conversion et qu’il s’en va se réfugier dans le désert de Scété à l’ouest du pays vers la Lybie. Disciple de S. Antoine le grand fêté le 17 janvier, il devint alors ermite et sa vie connut un grand rayonnement qui lui attira de nombreux disciples, pendant environ soixante années, alors qu’il avait déjà trente ans lorsqu’il inaugura son mode de vie. A cette époque, le moine devait gagner sa vie par le travail de ses mains, alors il fabriquait des paniers et des nattes qu’il échangeait contre du pain avec les caravaniers. Sa réputation de sainteté précoce lui valut le surnom de « jeune vieillard » dans le milieu monastique. Vers la fin de sa vie il eut comme disciple le célèbre Evagre le Pontique qui n’est pas saint malgré la popularité de ses œuvres dans la patristique. Le modèle de monachisme qu’il a développé est le semi-anachorétisme, c’est-à-dire l’organisation de colonie d’ermites qui vivent chacun de leur côté, mais leur concentration en un lieu permettait de faciliter les problématiques d’approvisionnement. Il a défendu la foi catholique contre l’arianisme et pour cela a vécu un temps en exil sur une ile du Nil, envoyé là pour l’évêque arien, Lucius d’Alexandrie vers 374. Le monastère de S. Macaire de Scété existe toujours et est considéré comme l’un des plus anciens au monde avec une communauté d’une centaine de moines. Ses reliques s’y trouvent toujours. De lui il reste une lettre Aux amis de Dieu, 150 homélies spirituelles, et un recueil de vertus de S. Macaire. Il est réputé pour ses apophtegmes dans lesquels il enseigne la vie monastique et la prière, ce qui rejoint deux des relations de l’écologie intégrale, la relation à soi-même et la relation à Dieu. « Un jour un des jeunes hommes lui demanda : “Abba, dis-nous comment devenir moine”. Et le plus sage des moines lui répondit : “Ah ! Je ne suis pas moine, mais j’en déjà ai vu” ». Est-ce une coquetterie de langage ou une fausse humilité révélant un vrai orgueil ? La tradition des pères du désert met l’accent sur l’humilité comme moyen de se débarrasser du soi illusoire et de trouver le vrai soi révélé dans la relation à Dieu. On peut ainsi espérer que ce bon mot soit l’expression de l’atteinte authentique du vrai soi épuré par des années d’expérience de solitude au désert devant la face de Dieu. S. Macaire est réputé pour être le premier à avoir donné une réponse différente de celle de Jésus à la demande « Comment prier ? » Sa réponse reste simple et conforme aux énoncés du notre Père et est caractérisé par les points suivants : « comme tu veux », « comme tu sais » et « aie pitié ». Cela fait de lui le père de la prière du cœur dont les Récits d’un pèlerins russes se sont fait l’écho. Cette disposition d’humilité et de sobriété dans la prière s’accompagne d’un rapport de sobriété par rapport aux biens matériels. L’apophtegme Macaire 18 rapporte que le saint, avait aidé un voleur en train d’emporter ses biens. Ni une ni deux, voilà notre moine qui donne un coup de main au brigand pour charger sa monture. Il le raccompagne ensuite sur sa route. Cette anecdote commente bien cette phrase se S. Paul : « Nous n’avons rien apporté dans le monde, nous n’en pouvons donc rien emporter non plus (1 Ti 6, 7) ». Sur le plan des relations aux créatures, il y a des choses notables à relever dans son témoignage de vie. Dans la Légende dorée de Jacque de Voragine il est présenté au cours d’une événement pittoresque : pour avoir tué une puce, suite à une piqure, notre saint décide d’expier ce meurtre par une session de six mois dans le désert à vivre tout nu… Jean Bastaire situe en effet ce personnage dans la série des saints qui ont su instaurer une certaine convivialité avec les bêtes sauvages, celle qu’Adam et Eve ont perdu suite à leur désobéissance, je cite : « Macaire l’Egyptien, […] témoigne littéralement aux animaux la même miséricorde que Jésus guérissant l’aveugle-né avec sa salive[1]. « Une hyène lui apporta un jour son petit qui était aveugle. Macaire le prit, lui cracha sur les yeux, fit une prière : sur le champ, l’animal retrouva la vue. Après l’avoir allaité, la mère le remporta. Mais elle revint le lendemain pour faire un cadeau au saint de la toison d’une grande brebis[2]. » » La sainteté de vie amène une forme de simplicité retrouvée avec les créatures qui ne fuient plus un être qui vit de manière totalement réconciliée.
[1] . Hélène et Jean Bastaire, Le chant des créatures, Les chrétiens et l’univers d’Irénée à Claudel, Paris, Cerf, 1996, p. 31.
[2] . Pallade, Histoire Lausiaque, 18, Paris, DDB, Coll. « Les Pères dans la foi », 1981, p. 72-73.
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