Chronique d’écologie intégrale du jeudi 29 Mai 2025, Solennité de l’Ascension du Seigneur, Année C
En ce jeudi nous fêtons la solennité de l’Ascension du Seigneur. Or, il est courant que dans les milieux non-chrétiens de spiritualité de l’écologie on suive également la doctrine de la réincarnation. Il y a en effet des réminiscences de type gnostique qui sont très à la mode, à savoir que notre âme serait de nature divine, que nous serions ainsi une parcelle de la divinité investie dans le monde matériel pour vivre une expérience de purification et de perfection à travers des vies successives. Or voici ce qu’enseigne l’épître aux Hébreux dans la deuxième lecture de jour : « Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 28). Voilà, c’est clair, chaque personne n’a qu’une seule vie à vivre, pas plusieurs. Il n’y a qu’une occasion pour nous de vivre notre vocation de gardien de la maison commune. Et par conséquent, il n’y a qu’un seul jugement prévu par Dieu pour chacun d’entre nous, portant sur l’unique vie vécue. La deuxième partie de la citation indique aussi que l’opération du Salut, l’œuvre salvifique n’est réalisée qu’une fois, et une fois suffit ! Or comme nous l’avons déjà souvent dit dans le cadre de ces chroniques, le Salut offert en Jésus Christ, par le sang de sa croix, dit saint Paul aux Colossiens (1 20), a des retombées cosmiques, c’est-à-dire, qui concerne toutes les créatures. C’est toute la création qui est réconciliée avec Dieu et bénéficie ainsi du Salut. En d’autres termes l’épitre aux Hébreux nous apprend que la création est sauvée et que ce travail n’est pas à réitérer sous prétexte de crise écologique. La question pour nous n’est donc pas de sauver ni la création ni la planète au sens théologique du terme, mais bien plus de la préserver, de la sauvegarder, c’est-à-dire accomplir la mission de gardien comme énoncée en Gn 2, 15. Dans le jardin de la création, l’être humain est fait pour servir (cultiver) et garder (sauvegarde). Ainsi quel que soit le résultat de notre action, le Salut de la création ne dépend pas de nos actes, mais ces derniers prennent sens à la lumière de ce Salut qui est donné et qui nous précède ! C’est parce que nous savons que le Salut est donné que nous pouvons en confiance nous engager pour la sauvegarde et le soin de la création. C’est le socle de notre espérance tout à fait en cohérence avec la suite du texte de la première lecture : « Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. » (He 9, 23) Le Salut de la création ne dépend pas de nos actes, mais de la fidélité de Dieu. Mais attention ! Cela ne veut pas dire que c’est Dieu qui va résoudre la crise écologique. Insistons au risque de nous répéter : le Salut de la création n’a rien à voir avec la résolution de la crise écologique. Le Salut de la création consiste en la réception de la vie divine en vue de son achèvement et de son accomplissement en une création nouvelle. La création est ainsi libérée du pouvoir du néant, du non-sens, de l’imperfection, pour correspondre à la vision que le Créateur en a. Dans cette attente la création est en état de cheminement, nous enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique (302), dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore, nous dit saint Paul (Rm 8, 22). La sauvegarde de la création qui nous incombe consiste à accomplir notre mission de service et de protection de la création. Dans ce contexte, la lutte contre la crise écologique – dont nous sommes responsables – nous incombe et pour ce faire Dieu nous délègue quelque chose de son pouvoir de providence. Par vocation et par délégation, les humains sont providence divine pour la création (en état de cheminement) qui nous est confiée. C’est dans l’exercice de la sauvegarde de la création que l’espérance du Salut de la création devient opératoire et efficace, à condition bien sûr, d’y être ouverts. Cette ouverture fait justement l’objet de la conversion : dont Jésus parle dans l’évangile de ce jour tiré du chapitre 24 de l’évangile de saint Luc : « la conversion serait proclamée en son nom » (v. 47), celui de Jésus. L’ascension de Jésus porte sur la vertu d’espérance puisqu’il quitte physiquement les disciples pour leur être présent d’une manière moins évidente et pourtant tout aussi efficace, voire plus : par le don de son Esprit. L’objet de l’espérance est la Résurrection de Jésus, résurrection qui nous est également promise en vue de la participation à la vie éternelle. Ainsi le moteur de la sauvegarde de la création n’est rien d’autre que cela et cet engagement devient une des modalités d’exécution de cet ordre donné par Jésus : « À vous d’en être les témoins. » (v. 48) Prendre soin de la création équivaut au témoignage de notre foi en la Résurrection. Encore une fois, la tâche n’est pas au-dessus de nos forces ou à réaliser à la force du poignet puisque Jésus nous rassure en attestant qu’il allait « envoyer sur vous ce que [son] Père a promis » (v. 49), « une puissance venue d’en haut », en d’autres termes, le Saint Esprit. Invoquons-le ! voici le temps favorable.
Un Commentaire