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Radio Présence Cahors-Figeac
Chronique d’écologie intégrale – dimanche 29 Juin 2025, Solennité de S. Pierre et S. Paul, messe
du jour
C’est le 29 juin que l’Eglise fête la solennité de S. Pierre et S. Paul. C’est une grande fête car nous célébrons les plus importants parmi les apôtres, des princes parmi les apôtres. Et pourtant, on peut voir à travers la première lecture de la messe du jour que S. Pierre ne fait pas le fier. Il se trouve dans une situation angoissante, celle d’être enfermé en prison avec dans l’idée de subir le même sort que son confrère, S. Jacques le Majeur, qui venait de se faire décapiter. Il n’en menait pas large et c’est après coup, la lecture nous le dit, qu’il réalise qu’il a été libéré par un ange du Seigneur. S. Paul aussi a fait l’épreuve du dénuement, ce qu’il résume en disant qu’il a « été arraché à la gueule du lion ». (2 Tm 4, 17) Et lui aussi a été sauvé par Dieu à plusieurs reprises d’un péril imminent. En écho à l’angoisse de S. Pierre le paume 33 nous fait prier : « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. L’ange du Seigneur campe alentour, pour libérer ceux qui le craignent. Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! » (Ps 33, 7-9) Il est certes recommandé de se tourner vers le Seigneur dans l’épreuve de l’angoisse. Mais est-il sage d’espérer une résolution nécessairement miraculeuse voire magique de cette angoisse ? Tout le monde n’est pas S. Pierre et ce qui lui arrive lui appartient. Je veux dire par là qu’il y a certainement une diversité de modalité de l’action divine et toutes ne sont pas miraculeuses. J’entends parfois opposer ce passage du Ps 33 dans la discussion autour de l’écoanxiété. Non seulement, les écoanxieux manqueraient d’espérance, mais en plus leur relation à Dieu ne serait pas ajustée : il suffirait comme au verset 5 de chercher sincèrement le Seigneur pour être délivré par le Seigneur. Je fais partie de ceux qui pensent que l’écoanxiété est une réaction tout à fait normale par rapport à une autre qui ne l’est pas, à savoir l’état de dégradation de la planète par la responsabilité humaine. Mon premier réflexe, serait de dire qu’il serait bien hypocrite de demander à Dieu de nous consoler parce que nous récoltons le salaire de nos comportements nocifs envers la planète désertant ainsi notre mission de bons gardiens de la création. Il en irait de notre responsabilité que de subir les conséquences de nos modes de vie. Pourtant dans le cas de l’ecoanxiété, je crois que la consolation divine est tout aussi disponible, mais ne peut pas se dispenser d’un travail de la personne, un cheminement qui nous permet de prendre consciences des relations que nous avons négligées en particulier avec notre sœur mère la terre selon l’expression de S. François d’Assise et avec les créatures qui l’habitent. Le pape François l’exprime très bien dans Laudato si’ (19) : « L’objectif [de la connaissance de la crise écologique] n’est pas de recueillir des informations ni de satisfaire notre curiosité, mais de prendre une douloureuse conscience, d’oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde, et ainsi de reconnaître la contribution que chacun peut apporter. » L’accueil de la clameur de la terre n’a pas pour finalité de nous abattre de frayeur ou de culpabilité, mais en l’accueillant en nous-même et pour nous même, de nous transformer intérieurement, d’opérer une conversion, qui nous met en route. C’est le travail même de l’espérance. Loin de dire que l’écoanxiété est une grâce, tout en nous éprouvant elle est cependant un levier à actionner pour se relever et avancer. Et par la médiation de ce processus et de ce travail, c’est la consolation divine qui est à l’œuvre. C’est alors que nous pourrons faire nôtre les paroles de S. Paul dans la deuxième lecture : « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse. » (2 Tm 4, 7-8) Car s’il en est un qui a vécu de l’espérance, celle qui « ne déçoit pas » (Rm 5, 5), selon ses propres mots, c’est bien S. Paul. Pour en revenir à S. Pierre et terminer avec lui, quand on voit les épreuves qu’il a traversées, on comprend mieux l’intensité de la promesse que lui fait Jésus dans l’évangile du jour : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Mt 16, 18) C’est ce qui a dû le faire tenir et pas trop flancher. Mais je suis frappé par cet aplomb de Jésus quand il dit que « la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » On peut interpréter cela comme la certitude que l’Eglise vivra toujours jusqu’à l’heure de son retour. Quelque part c’est parfaitement logique, l’Eglise est le corps mystique du Christ ressuscité, elle participe donc de la victoire de Dieu sur la mort. Cela veut dire aussi que cela concerne la création. Si toute la création est appelée à être récapitulée dans le Christ, toujours selon le propos de S. Paul en Ep 1, 9, alors, l’Eglise doit être comprise comme la médiation de la récapitulation des créatures. Le rôle de l’Eglise est de signifier la victoire de la Vie sur les puissances de la mort et plus encore de rassembler toute la création en elle pour former la création nouvelle, le corps du Christ ressuscité roi de l’Univers.
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