Chronique d’écologie intégrale – 15 Février 2025 – Mémoire facultative des Sept Saint Fondateurs de l’Ordre des Servites

Chronique d’écologie intégrale – 15 Février 2025 – Mémoire facultative des Sept Saint Fondateurs de l’Ordre des Servites

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Chronique d’écologie intégrale du samedi 15 Février 2025, Mémoire facultative des Sept Saint Fondateurs de l’Ordre des Servites

Les sept saints fondateurs des Servites de Marie sont fêtés le 15 février. Ce sont des marchands florentins du xiiiesiècle qui ont décidé de tout quitter pour le Christ dans le sillage des mouvements évangéliques de ce siècle étonnant, à l’image d’un S. François d’Assise et d’un S. Dominique, pour fonder des ordres religieux nouveaux. Le 15/08/1233 donc, ces laïcs qui faisaient commerce de la laine décidèrent de renoncer au monde et à son esprit pour se retirer sur le Mont Senario à proximité de Florence. Ils firent comme S. François le choix de la pauvreté radicale, en prenant la règle de S. Augustin en 1239 après avoir distribué tous leurs biens aux pauvres. Leur charisme fut la contemplation à l’école de la Bienheureuse Vierge Marie pour vivre du mystère de la passion du Christ et de la compassion de sa Mère. Leur modèle de vie est celui de l’équilibre entre contemplation, travail manuel et le service des frères et sœurs dans la recherche de leur unité. En effet l’Italie était à cette époque un modèle de division. On ne connaît que deux noms parmi ces sept frères tellement la tradition insiste sur leur unité, S. Bonfils Monaldi et S. Alexis Falconieri dont la date du décès est identifiée au 17 février. Leur point commun originel, le fait d’être tous des marchands a inscrit dans la tradition, puis la liturgie du jour, l’idée qu’ils illustraient parfaitement la parabole de Jésus dans l’évangile de S. Matthieu, au sujet du négociant qui a trouvé une perle fine de grande valeur, « il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle. » (Mt 14,46) C’est un point qui me semble être capital pour nous aujourd’hui alors que nous cherchons des modes de vie plus en conformité avec le bon équilibre de notre planète. Tout d’abord, revenons au contexte historique de ces sept compagnons. Depuis la fin du xiie siècle une profonde mutation sociale s’installe en Occident, en particulier en Italie : le développement de centres urbains, sièges du déploiement des échanges commerciaux. La bourgeoisie apparaît, c’est-à-dire au sens propre, ceux qui s’établissent dans les bourgs et s’autonomisent petit à petit par rapport au pouvoir seigneurial. La circulation de l’argent s’accroît fortement et la culture du commerce commence à s’établir avec l’enrichissement de certains dans une mesure disproportionnée pour beaucoup. L’Eglise s’enrichit également donnant lieu à des spectacles de débauche de luxe qui commencent à être jugés incompatibles avec la vie selon l’Evangile du Christ. Une forme de contre-culture se met en place en réaction à la société de l’argent qui est en train de naître tant dans la cité que dans la vie de l’Eglise. C’est le sens de toutes les revendications spirituelles de l’époque qui a vu la naissance de mouvements de retour à un évangélisme radical comme le catharisme, comme le mouvement vaudois, mais aussi comme les ordres mendiants. S. François d’Assise est le fils d’un riche bourgeois d’Assise commerçant en étoffes. Les Fondateurs de Servites sont des négociants en laine. S. François veut établir un ordre promouvant un modèle de vie alternatif fondé sur la gratuité et le respect des créatures dans un esprit de fraternité, selon un modèle de société contestataire et parallèle. S. Dominique inaugure un mode de vie en conformité avec les attentes spirituelles des cathares basés sur la pauvreté et la simplicité évangélique. Les Servites font de même avec leur coloration propre. Et ce n’est pas nouveau dans l’Eglise que de faire cela. Avec les saints du désert du ivesiècle que nous avons découverts dans les chroniques du mois de janvier, comme S. Antoine le Grand, ou S. Macaire l’Egyptien, nous avons le même mouvement de contestation sociale, mais… huit cents ans plus tôt. Les premiers pères du désert égyptiens étaient pour beaucoup de riches artistocrates romains qui ont préféré la suite du Christ et ses exigences de vie sobre, que le faste de la vie romaine telle qu’elle était promue à l’époque. On peut dire, toutes choses étant égales par ailleurs, que le mouvement de la contre-culture de années 1960 et 1970 relève du même élan de contestation d’une société fondée sur un matérialisme dont la richesse est le seul horizon de bonheur ou de réussite sociale. C’est d’ailleurs intéressant de voir la place importante de la figure de S. François d’Assise dans ces mouvements du xxe siècle comme emblème de la contestation. Mais le modèle monastique du désert, ou les ordres mendiants du Moyen-Age ont pu se développer avec un certain succès parce que la société, quoique contestée, était fondamentalement chrétienne et subvenait généreusement aux besoins de ces ordres naissants. Aujourd’hui si un nouveau François d’Assise revenait, arriverait-il à fonder un tel mouvement de transformation dans une société occidentale qui n’est plus christianisée ? En revanche leur modèle reste prophétique car de toute façon les menaces d’effondrement de la société, pour des raisons écologiques, risque bien de nous contraindre à adapter nos modes de vie dans la perspective de la sobriété. Le projet de l’écologie intégrale est alors de faire en sorte que cette adaptation soit heureusement volontaire et non douloureusement subie…

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