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Radio Espérance
Chronique d’écologie intégrale du mardi 14 octobre 2025, Célébration des Quatre Temps d’automne
Dans le calendrier liturgique catholique d’avant la réforme du Concile de Vatican II, était présent un rite très ancien d’entrée dans la saison automnale. Il s’agit des Quatre temps d’automne, célébrés dans la semaine qui suit la fête de la Croix glorieuse du Seigneur, le mercredi, le vendredi et le samedi. Ce rite, un des Quatre Temps de l’Eglise, est la reprise d’une pratique païenne qui remonte à l’Antiquité. Dans un souci d’inculturation, il fut instauré dans le diocèse de Rome au ive siècle de notre ère pour célébrer les récoltes. C’était des jours de jeûne présents pendant l’octave de la fête de la Croix glorieuse qui permettaient de se préparer à la venue de la nouvelle saison et ainsi d’envisager tous les changements qui s’annonçaient. C’est à comprendre comme une pratique liturgique qui reconnecte les croyants aux rythmes et aux cycles de la création. Or la réforme liturgique conciliaire a sorti ce rite du calendrier liturgique romain pour demander à chaque diocèse de l’adapter en fonction des réalités locales… Ce qui n’a pas été fait, sauf en Espagne à l’échelle nationale. Notons que les Quatre Temps sont observés en dehors du catholicisme, dans les pays de culture anglicane. C’est à raison que ce rite a été sorti du calendrier universel car non seulement on célèbre l’entrée dans l’une des quatre saisons de l’hémisphère nord, mais en plus on remercie Dieu pour les fruits de la terre récoltés pendant cette saison. En automne, c’est-à-dire vers la fin du mois de septembre en zone tempérée et méditerranéenne de l’hémisphère nord, on fait les vendanges. Il convient donc que ce rite soit acclimaté en fonction des réalités géographiques, climatiques, écologiques et agricoles des pays concernés. En attendant, depuis 1969 que les évêques de France se prononcent sur d’éventuelles nouvelles dates, au Centre Hélène et Jean Bastaire dans le Lot, nous avons pris l’initiative d’expérimenter un renouveau de cette pratique aux dates traditionnelles qui continuent de convenir à la réalité géographique de la France. Nous proposons de célébrer un temps de vigile, qui commence avec le coucher du soleil, et comportant huit lectures, sur le modèle des vigiles des Quatre Temps tels que proposées dans les missels préconciliaires. Six lectures de l’Ancien Testament avec leur psaumes ou cantiques, une épitre et un évangile. Les six premières lectures ont lieu dehors. Les autres lectures ont lieu à l’intérieur de l’église. Les deux dernières lectures, l’épitre et l’évangile marquent le moment du début de la liturgie eucharistique suivant la vigile. Observant les recommandations du concile de Vatican II, concernant ces rites et celui des rogations, nous mettons l’accent sur la bénédiction, en particulier des éléments de la création. On commence par une partie itinérante, une marche priante qui traverse des espaces naturels, jusqu’à l’église ou sera célébrée l’eucharistie. Au cours de cette marche des stations sont observées au cours desquelles un naturaliste interprète le livre de la nature afin d’y lire le message que Dieu nous transmet à travers la création. Sur le parcours, on commence la marche avec une station faisant mémoire des astres du ciel créés le quatrième jour de la Genèse. Les astres sont créés par Dieu pour êtres les marqueurs des saisons. A la deuxième station, on fait une seconde lecture et on bénit un des éléments associés à l’automne : la terre du sol, et les bois. C’est aussi à cette station que l’on fait mémoire de la fête juive des tentes qui rappellent la précarité du peuple de Dieu l’ors de l’Exode et sa dépendance envers lui en ce qui concerne sa subsistance. Après la lecture de la quatrième station on bénit les animaux, en rendant grâce pour la fraternité avec laquelle nous sommes invités les considérer. A la cinquième station ce sont les raisins et les vignes qui sont vendangées en ce début d’automne que nous bénissons, selon la grande tradition de ce rite ancestral. En Occident l’Ouest est associé à cette saison comme point cardinal symbolique de l’automne, le couchant symbolisant la durée des jours baissant. C’est pourquoi après la lecture de la cinquième station, nous proposons de bénir ce point cardinal occidental. Après la lecture de la sixième station, c’est finalement l’automne lui-même, en tant que saison, qui est béni afin de nous aider à le vivre dans la sainteté et en harmonie avec les rythmes de notre « sœur mère la terre », selon l’expression de S. François d’Assise. Pendant la messe, un geste peut être accompli au moment de la présentation des dons : amener le fruit des vendanges à côté du vin en procession. C’est un moyen pratique et symbolique d’associer la louange de la création à cette célébration liturgique. Vous l’aurez compris, cette initiative est une réponse à l’appel du pape François dans Laudato si’ à proposer une spiritualité écologique de la création, pour tous ceux qui veulent mettre l’écologie intégrale en pratique.
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