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Chronique d’écologie intégrale du samedi 12/10/2024, Fête de S. Luc, évangéliste
Saint Luc évangéliste et saint patron des médecins est fêté le 18 octobre. Auteur du troisième évangile et du livre des actes des apôtres, il est le contributeur le plus important en volume aux textes du Nouveau Testament. On le représente dans la tradition comme un taureau. La raison en est qu’il fait commencer son évangile au Temple de Jérusalem avec un grand prêtre, Zacharie le papa de S. Jean Baptiste. Lui-même païen originaire d’Antioche, il est semble-t-il médecin de culture grecque et devient chrétien possiblement grâce à la prédication de S. Paul dont il devient un disciple selon ce que la première lecture du jour de la fête nous relate. Les caractéristiques de son évangile par rapport aux autres synoptiques sont la compassion du Christ en particulier par le récit du Bon Samaritain ; des récits de l’enfance comme l’annonciation, la visitation, le magnificat de Marie, la nativité. Ce sont des récits qui à leur manière insistent sur la nature humaine de Jésus le Christ et Fils de Dieu pour en faire quelqu’un de proche de nous et accessible par l’expérience commune qu’il a partagé avec notre propre humanité. Il a été le témoin privilégier de l’Eglise naissante comme il a pu le relater dans les livres des actes des apôtres. Ses textes s’adressent à un certain Théophile qui représente littéralement tout lecteur qui aime Dieu. A travers ses textes, S. Luc veut témoigner de la joie d’être chrétien, de la joie du Christ lui-même, la joie que fait naître l’Esprit Saint dans le cœur des premiers chrétiens. C’est aussi l’évangéliste qui laisse une grande part aux femmes, en particulier en ce qui concerne les traits de la Bienheureuse Vierge Marie dont la légende dit qu’il aurait fait le premier portrait. Cela fait de lui le saint patron des peintres. Qu’est-ce qu’un évangéliste ? C’est l’auteur d’un texte qui relate la vie de Jésus, ses actes et ses enseignements et qui se retrouvent consigné dans la Bible, le livre de la Révélation. C’est donc une personne inspirée qui transmet un témoignage authentique en provenance des premières communautés chrétiennes. Ces textes prennent valeur de parole de Dieu quand ils sont proclamés dans l’assemblée lors de ses liturgies. C’est une parole de Dieu qui met en scène la Parole de Dieu incarnée, Jésus, qui agit et qui parle. Quelle est l’action d’une parole divine au moment où elle est prononcée : elle crée, elle est créatrice. Et que crée la parole de Dieu transmise dans la Bible : elle crée l’Eglise, elle crée le Royaume de Dieu, elle crée une humanité nouvelle rassemblée dans le corps du Christ. Elle crée la création nouvelle quand elle suscite de nouveaux baptisés qui entrent dans la vie de ressuscités dès cette vie terrestre. Ce n’est donc pas rien d’être évangéliste, d’ailleurs on ne choisit pas de le devenir, c’est a posteriori que l’Eglise identifie un texte comme appartenant au corpus de la Révélation. Recevoir cette parole c’est se laisser créer et recréer, comme Marie recevant la parole de l’ange, reçoit en elle la le Verbe créateur qui se fait homme. Lorsqu’il écrit le livre des actes des Apôtres, il est le témoin d’un acte de création, celui de l’Eglise au moment de la Pentecôte par la communication de la grâce de l’Esprit Saint aux disciples et aux convertis qui reçoivent le baptême. Être évangéliste c’est donc faire entrer l’humanité dans le registre de la création continuée appliquée à la vie humaine et à la vie de l’Eglise en préparation de la création nouvelle à venir. S. Luc a d’abord été disciple missionnaire du Christ, collaborateur de l’apôtre Paul et il nous enseigne lui-même probablement à partir de son expérience ce que signifie être missionné par le Christ, notamment dans l’évangile du jour. Je cite : « Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. […] Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. […]. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : ‘Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ » Il semble important que le missionnaire soit abandonné à la providence, dans la mesure où Dieu s’occupe de ceux qui annoncent son règne. Mais je trouve que cette facette de la vie du missionnaire qui ne doit pas se préoccuper des soucis matériels prend une dimension prophétique en ces temps qui sont les nôtres. Le missionnaire est celui qui doit vivre par excellence selon les modalités de la sobriété. Le contraire serait même un contre témoignage. Dans cet esprit, il reçoit ce qui lui est donné avec gratitude, il ne refuse pas l’abondance si elle lui est offerte, mais il ne doit pas vivre par elle, car l’ouvrier mérite son salaire dit Jésus par la plume de S. Luc. Vivre ainsi est effectivement le signe que le Royaume de Dieu s’est rapproché de nous car c’est ce qui nous permettra de vivre une vie bonne dans une maison commune partagée par une fraternité de créatures sur lesquelles on ne fait pas peser le poids du prélèvement consumériste. Avec l’enseignement de S. Luc entrons dans un mode de vie capable de guérir nos relations avec la création malade.
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