*Chronique d’écologie intégrale – 07 Juin 2025 – Vigile de la solennité de Pentecôtes

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Chronique d’écologie intégrale du samedi 07 Juin 2025 – Vigile de la solennité de Pentecôtes

Cela fait maintenant plusieurs années que pour la solennité de la Pentecôte la liturgie romaine propose la possibilité de vivre une vigile la veille au soir. C’est un des derniers fruits de la réforme liturgique du Concile de Vatican II. Sur le même schéma que celle de Pâques, elle comporte cinq lectures, avant celle de l’évangile et elles sont suivies d’un psaume et d’une oraison. La première lecture est le texte bien connu de la tour de Babel. Dans l’ambition architecturale de l’humanité se trouve exprimé de manière prophétique quelque chose de la standardisation promue par le paradigme technocratique de la modernité : briqueter des briques à la chaine et ne parler qu’une seule langue mondialisée. Cela peut être vu comme un appauvrissement culturel, une réduction de la créativité réduite à des gestes mécaniques, avec un retournement du rapport d’instrumentalité. Or « Le Seigneur a déjoué les plans des nations » dit le psaume (32, 10). La réponse de Dieu se trouve peut-être dans le renversement de situation : dans la pluralité linguistique, c’est la multiplication des formes de sagesse divine immanente aux cultures qui s’en trouve mieux manifestée. Dieu refuse la simplification culturelle des moyens de la créativité, même si elle procure la puissance, voire l’imitation de la toute-puissance divine par les humains, comme le paradigme technocratique semble la lui donner. Le don de l’Esprit Saint est celui de la diversité dans la créativité culturelle. La deuxième lecture est tirée du livre de l’Exode. Dieu établit devant Moïse un rapport étonnant entre son peuple et la création, je cite : « Maintenant donc, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples car toute la terre m’appartient ; mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. » Pourquoi Israël sera-t-il le domaine de Dieu parce que la terre lui appartient ? Faut-il lire et interpréter comme en Jr 31 et 35 : « aussi vrai que la terre m’appartient, vous serez mon peuple ? » Cela signifie qu’Israël ne serait pas le domaine de Dieu dans un seul cas seulement : si la terre ne lui appartenait pas. Ce qui ne risque pas d’arriver. On peut donc faire confiance à Dieu en ce qui concerne sa déclaration. Une autre manière d’interpréter est de se rappeler que nous avons ici un récit de création, celui du peuple juif. Dieu crée en communiquant une parole créatrice. Ici après avoir sauvé les Hébreux de l’esclavage d’Egypte, il s’apprête à leur donner la Torah, sa Parole qui va créer ce groupe de migrants rescapés en un peuple structuré par une Alliance. Une alliance aussi forte que celle qui existe entre Dieu et la création. La troisième lecture est tirée du livre du prophète Ezéchiel et relate la vision du prophète dans laquelle l’Esprit de Dieu vient ressusciter les justes dans leur corps et leur esprit. De la même manière que l’Esprit Saint donne la vie à toute chair dans la création ancienne c’est aussi lui qui donne la vie divine aux ressuscités dans la création nouvelle. Il est Seigneur et il donne la vie sous toutes ses formes. Mais le psaume 106 associe cette résurrection à un relèvement social. Cela indique une fonction libératrice de l’Esprit Saint qui s’exprime dans la clameur des pauvres et appelle les croyants à s’engager aux côtés de Dieu pour leur libération. La quatrième lecture est tirée du livre du prophète Joël dans lequel Dieu annonce qu’il répandra son « esprit sur tout être de chair ». A la fin des temps, au jour du Seigneur l’Esprit sera donné à nouveau ! Et il me saute à l’esprit que l’expression : « toute chair » en Hébreux, n’est pas limitative des créatures humaines. Cela concerne tous les êtres vivants. La suite de la lecture concerne les membres du peuple de Dieu et confirme la fonction de sanctification de l’Esprit Saint qui fait de nous des sauvés, des créatures nouvelles. Le psaume 103 précise même : « Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. » On ne peut pas séparer la résurrection des personnes humaines de celle de la création tout entière. C’est cela notre espérance partagée avec la création selon la perspective de S. Paul dans la cinquième lecture : « la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ». Nous poussons une clameur et la création également, dans l’attente d’une libération promise par Dieu. Mais c’est l’Esprit Saint qui nous fait pousser cette clameur et qui nous donne d’espérer. Rappelons ici que l’espérance ne concerne pas un résultat, mais notre union à Dieu. Espérer est ce qui nous met en marche avec persévérance même dans les situations les plus sombres car nous savons que nous sommes unis au Seigneur ici et maintenant. C’est bien l’Esprit de Dieu qui est donné à la Pentecôte qui rend cette union possible. Il est donné alors que Jésus est monté vers son Père et se trouve absent dans son corps physique. L’Esprit Saint le rend présent universellement dans son corps mystique qui est l’Eglise et aussi, dans la création qui est progressivement menée à son accomplissement dans une récapitulation eschatologique. Bonne fête de la Pentecôte.

 

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