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Chronique d’écologie intégrale – mardi 04 Novembre 2025, Mémoire obligatoire de Saint Charles Borromée
Charles Borromée, fêté le 4 novembre, fut archevêque de Milan de 1564-1584. Né à Arona en 1538, il accomplit l’incroyable performance de devenir docteur en droit civil et canonique à l’âge de seize ans… Neveu du pape Pie IV, il est nommé cardinal à l’âge de vingt-deux ans… et devient le premier secrétaire d’état du S. Siège. Il vit une véritable conversion en 1562 à l’occasion du décès de son frère et devient prêtre, puis évêque un an plus tard en 1563. Oui, on peut dire qu’à l’époque on gérait les carrières ecclésiastiques autrement… Mais il vécut ce nouveau départ dans un grand désir de sainteté et une grande austérité qui le mirent à la pointe de la contre-réforme. Il ne rejoint son diocèse de Milan qu’en 1566 à la mort de son oncle et en visita méthodiquement toutes les paroisses. Mais entre-temps il a fortement contribué à la réalisation du Concile de Trente, fini en 1563 et à l’élection de S. Pie V à qui l’on doit la réforme liturgique et le missel de la messe tridentine. A Milan il met en œuvre le concile et la réforme de la discipline ecclésiastique. Il crée une congrégation diocésaine d’oblats séculiers pour l’aider, et surtout il est un des premiers à créer des séminaires, trois grands séminaires et trois petits séminaires pour la formation des prêtres, comme le demandait justement le concile de Trente. Il ouvrit également six-cents écoles. Je trouve enfin l’étonnant chiffre de six-milles prêtres, nombre total de ceux qu’il aurait formés durant sa vie. Pendant la peste de 1576, il donna de sa personne au service des malades et survécut. Beaucoup d’évêques copièrent son exemple dans la chrétienté car il montrait effectivement ce qu’il fallait faire pour mettre en œuvre le concile de Trente, exemple vivant du pasteur selon le cœur de Dieu. Il fut canonisé en 1610. Aujourd’hui dans le contexte de l’écologie intégrale on peut se poser la question : qu’est-ce que cela signifie que d’être pasteur selon le cœur de Dieu ? Pour répondre à cette question il me semble important de repartir du fondement du ministère pastoral dans l’Eglise : le Christ. A l’image du Christ le pasteur assure trois fonctions, trois services : (1) l’annonce de la Parole de Dieu, (2) la sanctification des fidèles et (3) la direction de la communauté. Je pense qu’il est possible de les décliner en termes d’écologie intégrale. L’annonce de la Parole de Dieu peut interpeller les consciences en rappelant de manière prophétique la vocation écologique de l’être humain, en annonçant en particulier la libération de la création tout entière et pas seulement de la créature humaine. Il s’agit de rappeler la dimension cosmique du Salut annoncé. C’est aussi la prise en compte de ce que la création est un lieu de révélation du Dieu créateur en un livre de la nature. Le ministère environnemental se met à l’écoute de ce que la création nous dit de Dieu. En ce qui concerne le ministère de sanctification, le pasteur aura soin de proposer des liturgies incluant le mystère de la création de manière plus intégrée, car la liturgie est déjà l’union du ciel et de la terre. Cela peut passer par la valorisation du Temps pour la création entre le 1er septembre et le 4 octobre. Le pasteur aura soin de mettre en valeur le caractère sacramentel de la création qui met en présence du Créateur de tout l’univers. Cette activité aura sans doute pour but de recréer cette intimité perdue entre l’homme et la création à la manière d’un S. François d’Assise. Le service de la direction de la communauté peut passer par l’activité concrète pour le soin et la sauvegarde de la création, par l’engagement pratique de la communauté qui vise à soutenir des initiatives locales de protection de l’environnement, ou des campagnes générales de lutte contre la pollution, ou en faveur de la biodiversité, voire du désinvestissement de l’épargne communautaire des énergies fossiles. Cela peut aussi passer par des campagnes de promotion de la justice sociale pendant le carême. En faisant cela, le ministre ordonné qui se met au service de son peuple, devient une image vivante et figuration de ce que doit être le service de la créature humaine pour la création. De la même manière que le pasteur est au service du peuple qui lui est confié, les chrétiens sont au service de la création pour sa juste domination. L’image symbolique en est d’ailleurs donnée le jeudi-saint par le curé qui lave les pieds des fidèles pendant la liturgie de la sainte Cène. La vocation du pasteur dans l’Eglise est de permettre aux fidèles de vivre pleinement leur baptême, c’est-à-dire leur vocation de prêtre prophète et roi. Prêtres : chaque être humain est prêtre de la création, il présente la création à Dieu dans sa prière et en tant qu’il est créé à l’image de Dieu, l’homme représente Dieu pour la création. Prophètes : en obéissance à Jésus dans la finale de l’évangile de S. Marc, il s’agit d’annoncer l’évangile à toute la création. Mais aussi, à l’écoute de la clameur de la terre et des pauvres, de dénoncer la situation d’oppression et de destruction de la maison commune. Rois : C’est le Service de la création en s’abaissant, à l’image de Dieu qui s’abaisse en prenant la condition de serviteur. Bref la vocation de pasteur dans l’Eglise, notamment pour les ministres ordonnés que sont les évêques, prêtres et diacres, c’est bien d’aider les chrétiens à mettre en œuvre l’écologie intégrale.
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