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Chronique d’écologie intégrale – lundi 03 Novembre 2025, Mémoire facultative de Saint Hubert, évêque
« Ô S. Hubert patron des grandes chasses », ainsi commence le chant dédié à S. Hubert et présent dans les carnets de chant scout. Ce saint du Haut Moyen âge est fêté le 3 novembre, surtout en Belgique, le jour de la translation de ses reliques en 743. Succédant à S. Lambert, il fut évêque des diocèses de Tongres, Maastricht et Liège entre 705 et 727. Il évangélisa avec succès la Belgique orientale tout en luttant contre les paganismes et ses cultes. Né vers 665, il appartint à une grande famille celle des Pippinides dont Pépin le bref maire du palais puis roi de France, fut un membre éminent. S. Hubert a été marié avant d’accéder à l’épiscopat et occupa un poste de haut fonctionnaire dans l’administration royale. On raconte depuis le xve siècle qu’il se convertit à la vue d’un cerf portant une croix lumineuse entre ses bois. On lui attribua ainsi les faits d’une légende auparavant appartenant à S. Eustache, saint du iie siècle. Cela lui valut d’être, selon les paroles du chant précédemment cité, le saint patron des chasseurs et un des saints les plus populaire de Belgique. Il est aussi patron des forestiers, des bouchers des pelletiers, et des fondeurs de cloches, On l’invoque également contre la rage. Il vécut la dernière année de sa vie dans une grande ascèse suite à un message reçu de Dieu qui lui annonçait son décès prochain alors qu’il venait d’avoir la main écrasée par un maillet en tentant de planter un piquet. La chasse[1] est une activité traditionnelle de l’humanité depuis ses origines. Avant l’invention de l’agriculture et la sédentarisation, les paléoanthropologues s’accordent pour dire que les humains étaient des chasseurs-cueilleurs nomades. Les études de paléontologie montrent également une constante de notre humanité : partout où un groupe humain s’installe, ce sont d’abord les grands mammifères qui disparaissent, soient les compétiteurs carnivores et les très grandes proies. Mais, il faut savoir que la chasse était considérée comme une perte de temps par les Romains de l’Antiquité car peu rentable par rapport à l’élevage agricole. La pratique de la chasse est revenue avec le Moyen âge où elle fut réservée à la noblesse et encouragée par les rois : la chasse était la principale source d’entrainement militaire des chevaliers en temps de paix, hormis les tournois de chevalerie inventés au xiie siècle. La pratique de la chasse de par sa dimension fortement politique a eu un effet double : d’abord la constitution des grands ensembles forestiers notamment en Île de France bien identifiables aujourd’hui et la sélection artificielle du gibier : les cervidés ne sont pas si sauvages qu’on pourrait le penser car ils ont été préservés et développés par et pour la chasse des seigneurs. La Révolution française abolissant les privilèges, le droit de chasser s’est établi comme le fruit d’une forme de revendication populaire quelque peu revancharde sur une histoire d’interdictions et de braconnages illicites et sévèrement punis pendant l’Ancien Régime. Au xxe La disparition des grands prédateurs (loup, ours, lynx) a eu pour conséquence un effet de dérèglement des équilibres écologiques des populations de gibiers, dérèglement auquel les chasseurs doivent désormais pallier par l’organisation de battues (de sangliers & de chevreuils notamment pullulant à proximité des cultures ou habitations). On peut donc dire que dans une civilisation où les besoins alimentaires sont remplis par l’élevage, la pratique de la chasse est rendue obsolète en vue de la subsistance. Elle ne devrait se restreinte qu’à l’organisation publique de la nécessaire activité régulatrice et surtout palliative du fait de la croissance des populations animales sauvages sans la présence des grands prédateurs. S’ajoute à cela l’hybridation du sanglier avec le cochon qui a augmenté artificiellement la fécondité du sanglier, tout en produisant un animal moins sauvage et moins peureux en ce qui concerne la présence humaine et ses infrastructures. Dans une civilisation prenant conscience du statut moral de l’animal, la chasse pourrait être fortement restreinte et aidée, notamment par la réintroduction des grands prédateurs comme cela se fait aux U.S.A dans les parcs nationaux, afin des restituer à la régulation du gibier des causes plus naturelles et écologiques. De plus, il conviendrait de bannir toute forme de pratique de chasse qui génère du stress et la souffrance inutile, comme quand la mort est provoquée par une déficience violente des poumons suite à une longue course très fatigante et très stressante pour un cervidé. Un premier pas serait de cesser de considérer la chasse comme une pratique sportive afin de rendre à l’animal sa valeur propre et intrinsèque. Dans tous les cas des ilots de biodiversité doivent être préservés en limitant les prélèvements afin de permettre aux écosystèmes de se régénérer selon leurs rythmes temporels propres. Enfin, les espèces menacées doivent être protégées. En ce qui concerne la chasse, comme dans de nombreux domaines, l’autolimitation de l’humain est le signe de sa nature morale et responsable en vue d’un bien commun qui inclut la maison commune et ceux qui l’habitent, humains ou non.
[1] La suite du texte reprend les éléments de mon article « Chasse et pêche » publié dans Des hommes et des animaux Regards et mots choisis, Document épiscopat 3-2021, p. 36-37.
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