Chronique d’écologie intégrale du samedi 03/08/2023, Mémoire obligatoire de S. Dominique de Guzman, prêtre
Saint Dominique de Guzman, fêté le 8 août est né à Calaruega en Espagne vers 1170. Il devint chanoine de la cathédrale d’Osma vers 1196. Il accompagna son évêque en voyage et découvrit à l’occasion de l’un d’eux en 1203 la réalité de l’hérésie albigeoise dans le sud de la France. Il décida alors de rester et de prêcher l’évangile selon le mode apostolique, c’est-à-dire une prédication itinérante et mendiante, ce jusqu’en 1210, dans la région de Toulouse. Il se retira ensuite à Prouille où il fonda le premier monastère de femmes dominicaines. En 1215, il revint à Toulouse où il fonda l’ordre des frères prêcheurs. Il choisit la règle de saint Augustin et installa les frères dans les grandes villes d’Europe. Il s’agit bien d’un ordre citadin. Il meurt en 1221 à Bologne un an après avoir établi les constitutions de son ordre en Italie. Plusieurs intuitions très fortes sont à l’origine de la fondation et du rayonnement des frères prêcheurs. Je voudrais en souligner quelques-unes en les interprétant du point de vue de l’écologie intégrale. Tout d’abord, les Dominicains sont un ordre d’intellectuels, et mêmes de grands intellectuels. L’étude de la théologie est au service de la prédication. Il y a pour moi une écologie intégrale de la mission évangélisatrice : que la prédication se nourrisse de la contemplation disait S. Dominique. Un exemple intéressant de la mise en œuvre de ce principe est la prise en compte des différentes dimensions de l’existence. Cet exemple est celui des moniales dominicaines de Taulignan qui, comme toutes moniales vivent du travail de leur main. En 2008 elles ont procédé à une réorientation de leur activité professionnelle et ont décidé de se mettre à cultiver des plantes aromatiques pour ensuite distiller des huiles essentielles, le tout sous le label de l’agriculture biologique. Le souci de cohérence tout dominicain s’est traduit par le besoin d’intégrer cette dimension de la relation à la terre dans leur liturgie, dans le rayonnement du monastère par le soutien d’une association de chrétiensdédiée au dialogue entre écologie et foi chrétienne, et surtout par l’étude de la question écologique en théologie et en anthropologie. Il s’agit pour elle que de travailler à unifier leur vie et leur vocation. Deuxième point, S. dominique n’a pas commencé par fonder l’ordre des frères, mais une communauté de femmes à Prouille dans le diocèse de Carcassonne. Je suis touché par cette préséance qu’il à donné et femmes et à leur prière, en particulier pour la mission des frères et ce pratiquement cinq ans avant la création de l’ordre. C’est une priorité relationnelle qui met au cœur la vocation de la femme dans la mission de l’Eglise. Ensuite, les frères prêcheurs appartiennent à un ordre mendiant. Il faut replacer la fondation de l’ordre dans le contexte de la croisade contre les albigeois. Le témoignage de l’église institutionnelle de la fin du xiie siècle était celui de l’opulence et de la richesse en contradiction avec le message évangélique. Les restrictions de la mission apostolique réservée au clergé frustraientle grand désir d’évangélisation porté par les laïcs. Un grand besoin de simplicité évangélique se faisait sentir et c’est dans cet esprit que les Dominicains ont été créés : comme les apôtres partir sur les chemins sans rien emporter et annoncer simplement la venue du Royaume. On peut donc dire que la pauvreté observée par les membres de l’ordre avait une finalité évangélisatrice. Il s’agit bien sûr d’imiter le Christ et ses apôtres, mais autant on peut trouver des significations spirituelles liées à la création pour la pauvreté franciscaine, en particulier la fraternité cosmique entre les créatures, autant chez les Dominicains la pauvreté est vraiment liée à la réponse évangélique à apporter aux attentes spirituelles des albigeois. Aujourd’hui l’attente de pauvreté se manifeste en relation avec la santé de la planète. Si la sobriété évangélique est d’actualité et peut répondre à aux attentes de notre temps, c’est qu’elle est à même de répondre aux exigences écologiques dans la modération de notre rapport aux biens matériels. Enfin, je suis frappé de ce que S. Dominique se révéla au moment de la lutte de l’église contre l’hérésie albigeoise. Même si on ne sait pas très bien quel fut le contenu réel des doctrines de cette hérésie, on sait ce pour quoi se sont engagés ceux qui ont défendu la foi catholique. Alors que l’on accusait les albigeois de mépriser la matière, la réponse qui fut donnée par les Dominicains et l’Eglise fut la bonté de la création. Quand on s’imaginait que la matière était la production d’un principe divin mauvais, la foi catholique a défendu que toute la création dans toutes ses dimensions était le fruit d’un acte créateur en provenance d’un Dieu d’amour. Quand l’hérétique professait le mépris du corps pour ne valoriser que l’esprit. La foi catholique, elle, contemple le mystère d’un Dieu incarné, vrai Dieu et vrai homme dans toutes ses dimensions. Merci aux Dominicains d’avoir défendu tous ces trésors de la foi.
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