Retrouvez cette chronique sur :
Radio Espérance
Chronique d’écologie intégrale du samedi 01 Mars 2025, Mémoire facultative de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes
Le 11 février 1858 la Bienheureuse Vierge Marie apparaît pour la première fois à une jeune fille appartenant à une des familles les plus pauvre de la ville de Lourdes, voir la famille la plus pauvre. En effet le papa de Bernadette venait de purger quelques jours en prison pour vol de nourriture car forcément dans l’imaginaire collectif, ce sont les pauvres qui volent. Ces apparitions durent jusqu’au 16 juillet et Marie se présente à Bernadette en disant « Je suis l’immaculée conception ». Dogme qui venait juste d’être déclaré par le pape et que la petite Bernadette ignorait parfaitement. Aujourd’hui le sanctuaire de Lourdes attire toujours des milliers de personnes du monde entier car le message de Marie à la grotte de Massabielle est celui de la miséricorde divine envers les pécheurs. On peut articuler ce message selon les quatre relations de l’écologie intégrale. C’est d’abord un appel à la conversion. « Elle me répéta plusieurs fois, rapporte Bernadette, que je devais dire aux prêtres qu’il devait s’y faire une chapelle et d’aller à la fontaine pour me laver et que je devais prier pour la conversion des pécheurs[1]. » Ainsi la relation à Dieu est-elle au cœur de la démarche pour que les guérisons physiques s’y multiplient en signe les conversions intérieures. Mais un autre point est frappant dans cet événement de la moitié du xixe siècle. Comme souvent Marie choisit de se manifester aux plus pauvres comme je l’ai déjà dit, car Dieu préfère ces petits qui sont les frères de Jésus. Dans ce contexte, Bernadette témoigne d’un aspect particulier de Marie à son égard. « Elle m’a regardé comme une personne qui parle à une autre personne et elle me disait vous… » Marie a vouvoyé S. Bernadette et cela l’a profondément marqué, elle s’est sentie reconnue dans une dignité que ses contemporains ne lui accordaient pas. Or voir que l’on est digne dans le regard de Dieu et de Marie, cela peut être fondateur dans une vie, pour aller de l’avant. A cela fait écho cette interpellation du pape François dans Laudato si’, je cite : « Je demande à chaque personne de ce monde de ne pas oublier sa dignité que nul n’a le droit de lui enlever. » (LS 205). « Elle m’a regardé comme une personne » est actuellement la devise de l’association Magadalena qui s’occupe de visiter les prostituées. Ainsi le message de Lourdes est-il aussi un message pour renforcer et rééquilibrer la relation à soi, dans la perspective de l’écologie intégrale. La relation à la création n’est pas mise de côté pour autant car les éléments créés apportent leur concours à la bonne réalisation des apparitions et servent de support au message. Trois d’entre eux sont utilisés par la Bienheureuse Vierge Marie à cette fin : le vent, comme signe de l’Esprit de Pentecôte, l’eau comme signe de la purification, et la lumière signe du Christ ressuscité. Marie choisit d’apparaître à proximité d’un cours d’eau dont les humeurs débordantes ont suscité bien des remous au sanctuaire de Lourdes ces dernières années et je ne sais si c’est une coïncidence, mais la liturgie de ce jour s’en fait l’échos de manière symbolique : « je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. » (Is 66, 12) En effet, la première lecture de la messe du jour choisit de présenter Marie comme la figure de la citée sainte, la Jérusalem céleste. Si elle apparait à côté du Gave, celui-ci prend symboliquement le rôle de la paix qui afflue vers elle, et ses débordements sont symboles de la gloire des nations qui affluent en ce lieu de pèlerinage. Dans l’évangile du jour il est question d’un miracle avec de l’eau également. Mais c’est de l’eau changée en vin, ce qui n’est pas le cas à Lourdes, même si l’eau est dite miraculeuse. C’est un élément de la création qui a ici une fonction purificatrice : « allez à la grotte pour vous y laver ». L’eau est un signe efficace qui atteste d’une démarche de conversion. Dans l’évangile des noces de Cana, la fonction du signe était épiphanique « il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ». (Jn 2, 11) L’eau de la purification et de la conversion à Lourdes rappelle l’eau qui a permis à Jésus de manifester sa divinité de manière publique. Le miracle de Jésus à Cana n’a pas apporté de guérisons physiques comme ceux qui suivront. Or les conversions de Lourdes ont quant à elles été accompagnées de miracles de guérisons au point que le 11 février est aussi une journée mondiale de prière pour les malades dont le pèlerinage de Lourdes est devenu un symbole, avec ses hospitalités diocésaines organisant la venue de nombreux malades à la grotte. Ainsi les apparitions de Lourdes ajustent de manière complémentaire la quatrième relation de l’écologie intégrale en organisant le soin et le service des autres, de la clameur des pauvres et parmi eux, les souffrants
[1] Lettre de Bernadette au P. Gondrand du 25/05/1861.
Un Commentaire