Chronique d’écologie intégrale – 01 Février 2025 – Mémoire facultative de S. Brigitte de Kildare, abbesse

Chronique d’écologie intégrale – 01 Février 2025 – Mémoire facultative de S. Brigitte de Kildare, abbesse

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Chronique d’écologie intégrale du samedi 01 Février 2025, Mémoire facultative de S. Brigitte de Kildare, abbesse

S. Brigitte ou Brigide de Kildare est fêtée le premier février. Elle est née vers 455 au moment où l’empire romain commençait à se déliter, en particulier sur l’ile de Bretagne, et elle est morte vers 523. Aux côtés de S. Patrick et de S. Colomban elle constitue la triade thaumaturge d’Irlande dont elle est une sainte patronne. La légende dit qu’elle fut convertie par saint Patrick alors qu’elle était fille d’un roi local et d’une esclave. Son nom signifie « femme forte et protectrice ». D’une grande beauté elle refusa tous les prétendants qui se présentaient à elle. On lui attribue la fondation de la première communauté féminine d’Irlande. Elle fut ainsi abbesse du monastère de Kildare à cinquante kilomètres au sud-est de Dublin. Kildare signifie la « cellule ou l’église du Chêne ». S. Brigitte et a participé à l’élan d’évangélisation de l’île, dans le sillage des disciples de S. Patrick deux décennies après ce dernier. Ses restes ont été rassemblés avec ceux de S. Patrick et de S. Colomban à Downpatrick. Sa renommée et son culte se sont répandus en Europe du Nord : en Ecosse, puis toute la Grande Bretagne, pour arriver aux pays scandinaves. Elle est également vénérée dans le Finistère breton et les Côtes d’Armor où plusieurs localités portent son nom. Elle est représentée avec une crosse comme abbesse, mais la légende raconte également que le jour de sa consécration, mu par la force de l’Esprit-Saint, l’évêque aurait utilisé… le rituel d’ordination des évêques. Da ma région, au jour des rogations on bénissait des petites croix en bois de lilas, que l’on disposait dans les champs et que l’on jetait sur le toit des maisons. En Irlande, c’est le jour de la S. Brigitte que l’on suspend des croix portant son nom à la porte des maisons pour les protéger de tous les fléaux et calamités, mais surtout des démons. « Elle [était] une jeune femme « dévouée à la bonté ». Elle a parcouru la campagne, trayant les vaches, nourrissant les affamés et guérissant les malades. Son âme était si pure que des fleurs et des trèfles apparaissaient partout où elle marchait[1]. » Encore une dont exhalait le parfum d’Adam si bien décrit par S. Isaac le Syrien que nous avons récemment rencontré. Elle appartient au grand mouvement du monachisme irlandais des vi et viie siècle dont les témoignages relatent la grande amitié que les moines, souvent ermites, entretenaient avec les animaux. Avec S. Brigitte comme cas d’école, nous nous trouvons en présence du grand mouvement d’inculturation de la foi chrétienne dans la culture celtique : le « baptême du paganisme celtique[2] » qui montre en quoi cette culture comportait en elle les semences du Verbes, comme autant de pierres d’attentes de l’évangile. Jean Bastaire note que notre sainte, je cite : « appelait les canards sauvages qui, volant vers elle, se laisser prendre et embrasser[3]. » Mais de manière plus significative encore, la plupart de ses miracles impliquaient des animaux. Elle est en effet dite « thaumaturge », cela signifie qu’elle pouvait accomplir, au sens étymologique du terme, des « actions étonnantes », littéralement des miracles et on en compte quarante-six. « Elle pouvait transformer l’eau en bière et extraire du sel des rochers. Ses prières parvenaient à calmer le vent et la pluie[4]. » Elle a ainsi guéri des animaux, les a sauvés, et protégés de ceux qui leur voulaient du mal. Sa fête, le premier février, est associée à l’ancienne fête païenne d’Imbolc, quatre jours de fête de l’annonce du printemps entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. Ce sont des jours également associés à l’antique déesse de la fertilité elle-même appelée Brig et dont les vertus ont ensuite été transférée à S. Brigitte par les effets de l’inculturation naturellement opérée après sa mort. La communauté monastique de S. Brigitte a existé sans interruption jusqu’à la Réforme, puis dissoute à cette occasion. Mais les sœurs « brigidines », des apostoliques cette fois, ont ensuite été recréées seulement en 1807 par un évêque de Kildare. Elles sont actuellement dédiées à l’éducation et à l’évangélisation des jeunes. Elles ont inauguré le centre « Solas Bhride » en forme de croix de S. Brigitte, à Kildare en 2015, voici ce qu’en dit une des religieuses, je cite : « Notre centre examine les légendes de la sainte et la manière dont elles nous parlent aujourd’hui. Beaucoup de ses histoires portent sur la protection de la terre et du territoire, pour notre climat. Elle a également cherché à rendre justice aux pauvres, ce qui résonne aujourd’hui[5]. » Cela me semble être tout à fait digne d’un programme d’écologie intégrale !

[1] « Sainte-Brigitte de Kildare », https://www.ireland.com/fr-fr/magazine/long-reads/st-brigid/ consulté le 28/01/2025.

[2] Hélène et Jean Bastaire, Le cantique féminin de la création, Paris, Cerf, 2006, p. 18.

[3] Hélène et Jean Bastaire, Le Chant des créatures. Les chrétiens et l’univers, d’Irénée à Claudel, Paris, Cerf, 1996, p. 39.

[4] « Sainte-Brigitte de Kildare », https://www.ireland.com/fr-fr/magazine/long-reads/st-brigid/ consulté le 28/01/2025.

[5] https://www.ireland.com/fr-fr/magazine/long-reads/st-brigid/

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