Chronique d’écologie intégrale du samedi 25 Novembre 2023, Christ roi de l’univers, Année A
Si comme moi vous êtes adeptes d’heroic fantasy catholique, vous avez certainement lu avec enthousiasme la série Magarcane : des romans écrits par l’abbé Matthieu Bobin, prêtre du Diocèse de Cambrai. Outre le fait que cela se termine par une grosse bataille finale au cours de laquelle un nouveau monde de paix advient, la dimension eschatologique commune aux lectures de ce dimanche et aux romans du Père Matthieu se situe dans la figure du Roi-berger. C’est en effet le titre du roi d’Ebanestal, un des pays de la terre de Magarcane. C’est aussi la manière dont les lectures de cette solennité du Christ Roi de l’univers nous donnent à contempler le Christ en sa venue glorieuse à la fin des temps. Mais ma comparaison littéraire s’arrête là, pour me focaliser sur le rapport entre le rôle de berger et la question du jugement, en particulier le jugement dernier. Bien sûr, tout ce qui s’applique à la figure du berger dans les lectures de ce dimanche s’applique au Messie. Il est dans sa fonction royale celui qui guide son troupeau, c’est-à-dire tout le peuple qui lui confié, et même toutes les créatures de l’univers sur lequel il règne. Le prophète Ezéchiel est explicite. Je cite : « Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis ». Evidemment nous lisons le Ps 22 dans ce sens, ce psaume qui doit être le plus lu au cours de l’année liturgique, et que j’ai eu tant de fois l’occasion de commenter à travers ces chroniques, je cite : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. » On peut d’ailleurs voir que cette fonction pastorale est une réponse à l’appel que le Christ nous a donné ces dernières semaines : « veillez, pour préparer la venue du maître ». Lui aussi, le Christ bon Pasteur veille, sur ses brebis. Sa fonction pastorale à une visée eschatologique qui nous concerne, les brebis, mais elle concerne aussi toute la création si l’on en juge par l’enseignement de saint Paul dans la deuxième lecture. La finalité de l’action pastorale n’est rien de moins que l’union de toute la création avec Dieu, je cite : « Et, quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous. » Ici encore, comme nous sommes chez saint Paul parlant de la fin des temps, il faut comprendre le « tous », non pas comme « tout le monde », mais comme « toute chose ». C’est toutes les créatures qui, une fois remise au Père par le Christ Roi de l’Univers, seront investies de la vie de divine, de sa présence tout-emplissante et glorifiante. Par la vocation de toute la création à être unie à Dieu nous avons de quoi convertir notre regard et ainsi entrer dans le celui de Jésus sur les créatures qui sont dignes d’une telle vocation, et donc dignes de notre profond respect. Le Christ Roi de l’univers veille, guide, il remet au Père la création tout entière, mais aussi, il juge, et c’est bien ce que nous voyons dans l’évangile de saint Matthieu. Tout le bétail est rassemblé devant son glorieux Pasteur lors de sa venue dans la gloire et il se fait juger sur la pratique de la charité envers le plus petit, envers le plus pauvre. Alors, si je suis l’ordre des lectures à la lumière des principes de l’écologie intégrale, je peux prolonger ainsi la réflexion : tout être humain est créé à l’image de Dieu ; or l’image parfaite du Père est le Fils, modèle de l’homme parfait. Ce modèle est celui que tout être humain est appelé à imiter activement dans sa vie. Le Christ est présenté ici comme le berger qui veille sur ses brebis. Tout être humain est donc appelé à vivre la vocation de berger, pour ses frères et sœurs. C’est encore plus vrai pour le chrétien qui par son baptême est constitué comme prêtre, prophète et roi, donc berger. Être roi et berger, c’est prendre soin des plus petits qui sont les frères et les sœurs de Jésus, cela va de soi. Mais par l’enseignement du pape François dans Laudato si’, nous savons également que la terre fait désormais partie des pauvres dont nous devons prendre soin au nom du commandement de Jésus à l’amour. Ainsi sommes nous également, au nom de ce commandement et au nom de notre vocation de roi, appelés à être les bons bergers de toutes les créatures, et donc à en prendre soin. Cela correspond enfin tout à fait au commandement de Dieu donné à nos premiers parents au premier chapitre de la Genèse. Alors je vous propose un exercice, peut-être un peu curieux, pourtant pas injustifié si ce que je viens de dire est vrai : récitez le Ps 22 en vous mettant à la place des créatures, et vous verrez que son texte s’adresse… à l’homme. La fonction de la créature humaine, guidée par le Bon Pasteur est de guider toute la création vers le Christ afin que se réalise la vision de saint Paul dans laquelle Dieu sera tout en toute chose. C’est d’ailleurs peut-être sur l’exécution de cette vocation pastorale de la création que nous serons jugés au jour de la venue du Christ Roi de l’Univers. Bonne fin d’année liturgique à tous et à toutes.
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