Chronique d’écologie intégrale du samedi 2 Décembre 2023, solennité de l’Immaculée conception
Aujourd’hui, à l’occasion d’une nouvelle année liturgique, alors que par ces chroniques d’écologie intégral je viens de boucler le cycle des trois années en ce qui concerne les dimanches, je vous propose de prolonger l’exercice en abordant les fêtes du sanctoral, c’est-à-dire les fêtes de notre Seigneur, les fêtes de Marie, et les fêtes des saints du calendrier liturgique. Vous pourrez retrouver mes chroniques des années précédentes dans une série de trois livres dont le premier volume vient de sortir aux éditions Peuple Libre : Conversations écologiques, l’écologie intégrale au fil de l’année liturgique, année B. Voilà pourquoi nous commençons par la célébration à venir de la solennité de l’Immaculée conception de la Bienheureuse Vierge Marie, célébrée le 8 décembre et instaurée par le pape Pie IX en 1854, par la promulgation du dogme du même nom. Les textes de la liturgie de ce jour nous présentent Marie préservée du péché. Si l’on fait retour sur la nature du péché originel, on peut ainsi dire que Marie n’a jamais voulu être Dieu à sa place. Au contraire, elle lui a fait une place telle qu’elle l’a mis au monde en la personne de Jésus. Marie est également présentée comme la nouvelle Eve, selon l’expression de saint Irénée. Eve fut la mère de tous les vivants, mais Marie fut la Mère de celui qui est le chemin la Vérité et la Vie, avec un grand V. Marie vient non pas uniquement rectifier la faute de son aïeule en donnant naissance au Rédempteur, mais elle est celle qui porte la mission d’Eve à son accomplissement, car elle enfante celui qui est la Vie divine et la transmet à tous ceux qui deviennent enfants de Dieu. Eve est celle qui donne naissance à l’humanité capable d’accueillir Dieu dans sa vie, l’humanité qui rend la création capable de Dieu. Marie est une vraie fille d’Eve car en elle l’humanité parvient à la maturité nécessaire pour que la création puisse accueillir son Créateur et Sauveur. La deuxième lecture tirée de l’épître aux Ephésiens insiste sur la prédestination des saints dans l’esprit de Dieu : tous les sauvés ont été conçus par Dieu en vue de la sainteté. Il en est de même a fortiori pour Marie qui a été conçue par Dieu en vue de la venue de son Fils. L’immaculée conception, c’est bien Marie telle que Dieu la conçoit pour la réalisation de son projet créateur. Mais saint Paul Précise bien que cette conception est une « grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé ». Cela est vrai à double titre. C’est vrai du point de vue du salut, car Marie est dite bénéficier par anticipation des grâces de la résurrection. C’est aussi vrai du point de vue de la création, car le Fils est aussi le Verbe créateur qui donne son ordre à la création et la dispose à parvenir à sa fin, c’est-à-dire l’union à Dieu. Or pour que la création puisse s’unir à Dieu il faut qu’elle y soit prédisposée. C’est ainsi que parmi toutes les étapes que Dieu a conçue pour cette réalisation, Marie en est une particulièrement incontournable. En effet, dans le cheminement de la création qui prépare et façonne l’humanité au cours de son évolution, le projet créateur se réalise tranquillement, au rythme de essais et des erreurs d’un travail de création continuée. Mais quand on en arrive à Marie, Dieu espère d’elle une coopération libre et consciente au projet de l’accueil de son Fils parmi les créatures humaines, parmi les créatures tout court. Voilà pourquoi cela nécessite l’envoi d’un messager officiel, un ange, de la part du Seigneur, et dans ce dialogue, c’est toute la création qui est suspendue aux lèvres de Marie dans l’immense espoir qu’elle ne dise pas non ! qu’elle acquiesce et consente à faire se réaliser ce pourquoi toute la création est faite : accueillir Dieu en son sein ; sein maternel en ce qui concerne Marie, sein de la création représenté par Marie ! Alors le lien entre le péché des origines et la vocation de Marie est évident. Pour être disponible à accueillir Dieu dans sa vie, dans son corps, au nom de la création tout entière, il ne faut pas se prendre soi-même pour Dieu, autrement cela voudrait dire que dans son cœur, la place est déjà prise. Marie est alors pour nous modèle d’écologie intégrale car justement, à la racine de la crise écologique, il y a, nous dit le pape François cette affreuse idolâtrie qui consiste à mettre l’homme et sa puissance à la place de Dieu tout en désirant acquérir cette puissance pour soi-même. Marie, c’est très différent, de par son humilité à se faire la servante du Seigneur, et non pas sa dominatrice, Marie reconnaît et assume sa place et ses limites de créature au service du projet de Dieu dans la création, au service de toute la création qu’elle représente – non sans fierté pourtant – devant Dieu en ce moment si déterminant de l’histoire du Salut. On peut ainsi dire, que dans la reconnaissance de sa place et de ses limites, Marie fait preuve par excellence d’une vertu de sobriété. Elle ne s’accapare pas la puissance sur la création, ni le privilège de la situation pour s’arroger les prérogatives divines. Non, dans son humilité elle consent à donner Dieu à la création et à le mettre au monde afin qu’il y accomplisse sa mission de créateur et de sauveur. Ainsi saint Paul nous rappelle-t-il quelle est cette mission, je cite : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » pour récapituler toute la création dans le Christ, en une création nouvelle.
Un Commentaire