Chronique d’écologie intégrale du samedi 11 Novembre 2023, 32ème dimanche du TO, Année A
A partir de la première lecture de la messe de ce dimanche, on peut se poser la question en paraphrasant : « comment la sagesse devance elle les désirs de ceux qui l’aiment en se faisant connaître la première ? » Je vous propose deux réponses possibles. La première, a posteriori est la suivante, la Sagesse de Dieu est bien venue à notre rencontre sous les traits de la personne de Jésus le Christ. En effet, Jésus est la Sagesse divine incarnée, faite chair, selon toute la Tradition théologique. C’est pourquoi on peut dire qu’elle est historiquement venue à notre rencontre dans la création. En Jésus c’est toute la parole de Dieu qui se fait connaître, elle est ainsi apte et habilitée par le Père à devancer tous nos désirs, notamment de salut. La deuxième réponse concerne plus précisément notre relation à la création. En effet, la Sagesse créatrice, est également inscrite a priori dans la création car elle est le résultat de l’action du Verbe créateur. La sagesse de Dieu se laisse percevoir et connaître dans l’ordre de la création, elle nous précède et nous devance donc par le fait même. Avant la venue du Christ en notre chair, la Sagesse de Dieu se donne à connaître aux Juifs concernés par ce texte de l’Ancien Testament, mais aussi aux païens qui sont de tout temps au contact de la création. Il y a un premier enjeu éthique à la reconnaissance de la sagesse divine inscrite dans l’ordre de la création, et c’est toujours la première lecture qui nous l’enseigne, je cite : « Penser à elle est la perfection du discernement ». Accueillir la sagesse divine présente dans la création que l’on soit croyant ou non, amène donc à optimiser le projet de mener une vie bonne, à faire le bien, à discerner le bien du mal. Et cela concerne directement notre manière d’habiter la maison commune, la création dont nous sommes appelés à prendre soin. La sagesse présente dans le fonctionnement des écosystèmes dit le pape François dans Laudato si’, doit nous inspirer à conformer nos modes de vie afin de prendre soin des relations qui organisent le réel de notre monde. Cela a aussi un rapport avec un thème d’actualité qu’est l’écoanxiété. Toujours le livre de la Sagesse, je cite : « celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci. » Si la crise écologique vous angoisse, alors l’accueil de la Sagesse divine exprimée dans la création sera une source d’apaisement car elle montre le chemin de la bonne habitation de la maison commune. Mais encore faut-il accepter de la reconnaître et de voir son « visage souriant » dans les œuvres de la création, dans nos frères et sœurs les créatures. Bien, mais ce n’est pas tout ce que nous disent les textes de ce dimanche. Le message que veut faire passer les lectures de ce jour se focalise sur l’attente de la venue du Christ dans la gloire. En effet, la deuxième lecture tirée de la première épitre de saint Paul aux Thessaloniciens enseigne ce qui constitue le fond de commerce du Christianisme : l’espérance en la résurrection des morts, et la nôtre qui ne sommes pas encore morts. Saint Paul précise notamment que la résurrection n’aura lieu qu’au moment de la venue du Christ. Nous sommes donc exhortés à attendre, à veiller, à préparer et surtout à désirer cette venue. Ces quatre aspects sont présentés par les lectures comme des comportements et postures de sagesse, postures incarnées par les figures symboliques des vierges sages qui ont bien anticipé sur la venue de l’époux. Comment vivre cette dimension de la foi dans la perspective de l’écologie intégrale ? La Sagesse divine nous invite à désirer la résurrection, pour nous-mêmes en tant que personnes, mais pas que… En effet dans une autre épitre que nous lisons souvent dans la liturgie tout au long de l’année, saint Paul nous apprend que ce désir est aussi partagé par la création tout entière. En Rm 8, 18-22, nous sommes mis en présence de l’attente impatiente de la création à voir la libération des enfants de Dieu pour qu’elle-même puisse entrer dans la gloire promise aux enfants de Dieu. La création aussi désire la venue du Christ dans la gloire pour que les enfants de Dieu ressuscitent dans leur âme et dans leur corps ; car le moment sera venu pour elle d’être transfigurée en une création nouvelle libérée de toute oppression, de toute mort et de toute corruption. La résurrection des créatures humaines prend alors un sens comique ! C’est par l’accueil de la résurrection pour soi que l’humain accomplit de manière ultime sa mission de gardien de la maison commune. Il permet à la création tout entière de voir se réaliser son désir, son attente impatiente, d’entrer dans la gloire de Dieu. Dieu qui nous fait désirer sa sagesse nous fait donc entrer dans le désir de la venue du Christ dans la gloire, ici et maintenant, afin de, par notre veille active, préparer cette même venue, en prenant soin de la création, en répondant à la clameur de la terre et la clameur des pauvres, ici et maintenant.
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