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Chronique d’écologie intégrale du samedi 30 Novembre 2024, Fête de S. André, Apôtre
Le 30 novembre nous fêtons la fête de S. André, un des douze apôtres du Seigneur, frère de S Pierre. Pour les églises orthodoxes, André est le premier des appelés avant son frère. Dans l’évangile de Jean c’est André qui vient lui annoncer Jésus Christ. S. André aurait subi le martyr à Patras en Grèce et aurait été crucifié comme son frère l’a été à Rome. La croix qui représente ce crucifiement est en forme de X et a été intégrée aux drapeaux de pays qui ont pris S. André comme patron, à l’image de l’Ecosse. L’évangile du jour raconte dans la version de S. Marc, l’appel de ces deux frères qui étaient pécheurs sur le lac de Galilée, ainsi que celui de deux autres frères également pécheurs, de poissons : Jacques et Jean. Nous avons ici à faire à des gens plutôt simples dont le métier, même s’il demande les capacités d’un entrepreneur, ne relève pas des métiers intellectuels, ni des métiers de la parole. Or c’est eux que Jésus choisit pour être ses premiers témoins et fondateurs de l’Eglise, garants de sa parole. S. Paul, dans la première lecture de cette fête nous dit en particulier : « La foi naît de ce que l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ. » (Rm 10, 17) Il cite ensuite le Ps 18 qui est chanté dans la même liturgie : « Sur toute la terre se répand leur message et leurs paroles, jusqu’aux limites du monde ». (Ps 18, 5) Ces textes qui ne sont pas spécifiques à la figure de S. André, illustrent l’action des apôtres et leur vocation : la diffusion de la parole de Dieu dans le monde. « Sur la terre », précise le psaume. S. Paul leur donne une influence universelle dans la confiance que leur mission n’a pas d’autres limites que celle de la terre. Or le Ps 18 qui est ici utilisé ne parle pas en lui-même de la mission des apôtres, mais du fait que par elle-même la création est porteuse d’une parole divine qui est une parole créatrice, présence en chacune des créatures de ce monde. La fonction de cette parole qui n’est pas prononcée par un humain, et qui n’est pas prononcée explicitement par les créatures est la manifestation de la gloire de Dieu dans la création. C’est une parole qui ne s’entend pas… mais qui se lit avec les yeux et se décode par l’observation des créatures. Cela recoupe d’ailleurs l’enseignement du pape François dans Laudato si’. En effet à plusieurs reprises, il rappelle que la Tradition théologique enseigne que les créatures sont des traces visibles de la Trinité dans la création et même plus, de la vie trinitaire qui est source de la création. En d’autres termes, la création est témoin du Créateur. Le Magistère catholique enseigne sur ce point que par l’observation de la nature et par ses facultés naturelles l’être humain peut arriver à une certaine connaissance de l’existence d’un Dieu créateur. Mais alors si c’est le cas, pas besoin de la Révélation biblique et la vocation des apôtres ne sert alors à rien ? C’est effectivement ce qu’ont pu croire un certain nombre de penseurs de la modernité et cela a donné le déisme, comme celui de Voltaire, par exemple, avec son Grand Architecte nécessaire au bon fonctionnement de cette grande horloge qu’est le monde. Pourtant S. Paul dans la première lecture ne nous dit pas que la foi naît de la contemplation du spectacle du monde. Il ne nous dit pas que la foi rentre par les yeux, mais par les oreilles, par l’écoute de la Parole de Dieu. Cela veut dire une chose très importante. La rencontre de la parole de Dieu est première sur la découverte de Dieu créateur, par l’observation des œuvres de la création. En effet sans la Parole de Dieu pour nous guider et à cause de l’effet du péché originel, notre regard s’en trouve déformé. Il pourrait nous amener à l’idée par exemple de confondre le monde avec son Créateur et adopter le panthéisme tant à la mode au jourd’hui. Cela pourrait également déifier des puissances naturelles comme le cadre du paganisme. En fait les panthéistes et les païens on raison dans leur tort ! La contemplation de la création les a amenés à une certaine foi et reconnaissance de la divinité, mais ils se sont trompés de cible. Seul la Parole divine explicitement révélée permet de rectifier le tir et de placer la foi dans le Dieu créateur. L’observation de la nature peut dans un deuxième temps apporter une confirmation, de par les traces que la foi reconnait de la présence du Dieu trinitaire d’amour que la foi issue des apôtres a auparavant annoncée. La foi qui entre par les oreilles peut ainsi trouver confirmation et être confortée par les paroles visibles et lisibles dans le livre de la nature que le S. Père nous invite à lire amoureusement. C’est pour nous chrétiens dans ce contexte que le Ps 18 prend tout son sens car il peut voir dans la création un écho silencieux du Verbe créateur qui est présent jusqu’aux limites du monde. Ce psaume fait d’ailleurs écho à un autre psaume qui propose la même idée. En effet dans le Ps 147 on peut lire : « Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt. » La Tradition a retenu de ce texte l’idée de la course du Verbe. Celle-ci est portée par la mission des apôtres certes, mais les théologiens y ont aussi lu le dynamisme du Verbe créateur, la Parole créatrice qui soutient et dynamise toute la création et qui la crée tout simplement. De même la parole de Dieu répandue par les apôtres crée l’Eglise dans le monde. Laissons-nous créer par leur enseignement.
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