*Chronique d’écologie intégrale – 28 Octobre 2025 – Saint Simon et Saint Jude, apôtres

*Chronique d’écologie intégrale – 28 Octobre 2025 – Saint Simon et Saint Jude, apôtres

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Chronique d’écologie intégrale du mardi 28 octobre 2025, Saint Simon et Saint Jude, apôtres

Le 28 octobre l’Eglise fête les apôtres S. Simon et S. Jude, systématiquement cités ensemble dans la liste des Douze dans les évangiles. S. Simon est dit le Zélote, pour le distinguer de S. Pierre. On connaît S. Jude sous le nom de Thaddée afin de le distinguer de Judas. Ce sont deux militants juifs politiquement très engagés qui attendaient un messie politique, qui devait essentiellement rendre sa liberté à Israël alors sous occupation romaine. Les Zélotes menaient de temps à autre des opérations de guérillas contre l’envahisseur. Simon ne devait donc pas être un tendre. On peut noter l’audace de Jésus de s’associer dans un même groupe, le collabo S. Matthieu et l’extrémiste S. Simon. Les discussions ont dû parfois être tendues dans le groupe. S. Jude n’est pas l’auteur de l’épître qui porte son nom. Il prend la parole pendant la cène pour demander : « Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? » (Jn 14, 22) Lui aussi était impatient de voir les réalisations du bras armé de Jésus. Mais ce dernier lui répond : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » L’enjeu n’est pas tant la politique ici, que d’accueillir la présence de Dieu dans son cœur. La tradition rapporte que S. Simon aurait évangélisé en Egypte et en Grande Bretagne, et S. Jude, serait quant à lui allé en Mésopotamie. D’autre sources disent qu’ils seraient tous deux morts en Perse. C’est l’occasion de réfléchir à la délicate question de « l’écoterrorisme ». On peut dire qu’avec Jésus, nos apôtres, aussi zélés furent-ils, ont dû apprendre la non-violence. Jésus nous fait cette invitation : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. » (Mt 11, 29). Voici aussi une béatitude qui a bien dû marquer nos apôtres : « Heureux les doux car ils hériteront la terre. » (Mt 5,5) Toutes les causes sont l’occasion d’engagements passionnés et certaines peuvent justement avoir un caractère d’urgence qui pourraient justifier des formes de violence. Aujourd’hui le qualificatif d’écoterroriste a tendance à être utilisé de manière assez extrapolée pour ne pas dire abusive envers toute initiative qui suggérerait la moindre limitation de nos capacités d’action ou de liberté. Lui est parfois synonyme la poétique assimilation des militants écologistes à des Khmer verts. Mais le vocable de « djihadiste vert » connait un plus grand succès à cause de la conjoncture actuelle. Mais, comme le chante un chansonnier contemporain sur l’air du générique de « Bioman » : « En Syrie Daesh, toi c’est plutôt l’Ardèche ». On peut penser qu’il y a peut-être un petit décalage et que ces comparaisons sont un peu exagérées. Mais bon, admettons que certains écozélotes en fassent un peu trop. Je pense qu’il pourrait être important de rappeler que l’un des pères de l’écologie moderne fut l’américain Henry David Thoreau, qui fut également connu pour être le père de la désobéissance civile par l’action non violente. Thoreau est connu pour avoir, en pleine révolution industrielle américaine, vécu en complète autonomie pendant deux ans dans les bois auprès de l’étang de Walden dans la Nouvelle Angleterre. On le considère également comme le père du courant de la décroissance et de la sobriété moderne avec par exemple Pierre Rabhi comme héritier. Il a fortement inspiré Gandhi dans sa lutte pour l’indépendance de l’Inde, ainsi que Martin Luther King. On peut en effet voir dans les initiatives contemporaines que les mouvements écologistes principaux sont ceux qui proposent des actions de type non-violent. Alors bien sûr on pense à la manière dont Green-Peace a réussi à envahir une centrale nucléaire en France, mais quand ils se sont fait arrêter par la gendarmerie ce fut sans résistance, et ils n’avaient en fait aucune intention de casser quoique ce soit. Je pense en particulier à l’association catholique « Lutte et contemplation » qui est née d’un fort sentiment d’indignation devant les inactions des pouvoirs publics face aux urgences de la crise écologique et surtout devant les initiatives polluantes et socialement répréhensibles récentes de grands groupes pétroliers. Reprenant la question de frère Roger de Taizé : « Lutte et contemplation : serions-nous conduits à situer notre existence entière entre ces deux pôles[1] ? » et nourrit par la prière et le silence de Dieu, le collectif se définit comme suit : « un espace de mobilisation. Ses membres mènent des campagnes de plaidoyer auprès de personnes exerçant des responsabilités économiques, politiques et ecclésiales pour accélérer la transformation des institutions. Le collectif développe également un militantisme chrétien, en rejoignant certaines mobilisations ou en proposant des actions de terrain créatives, joyeuses et non-violentes[2]. » Ce sont nos S. Simon et S. Jude contemporains. Je vais leur suggérer des les prendre pour saints patrons.

[1] . Frère Roger de Taizé, Lutte et Contemplation, Les presses de Taizé, 2015, p. 7.

[2] . Lutte et Contemplation, « Notre manifeste », https://lutte-et-contemplation.org/notre-manifeste/ (consulté le 20/10/2025).

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