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Chronique d’écologie intégrale du vendredi 27 Juin 2025, Vendredi de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus, Année C
Le vendredi qui suit le deuxième dimanche de Pentecôte – cette année le 27 juin –, l’Eglise célèbre la solennité du Sacré-Cœur de Jésus. C’est un texte biblique qui est à l’origine de cette fête, le passage de la cène du Seigneur en l’évangile selon S. Jean (13,23) dans lequel on voit le disciple que Jésus aimait, poser sa tête sur le cœur du Seigneur. C’est ce même cœur qui fut transpercé d’une lance lors du crucifiement (Jn 19, 34-37). Le cœur de Jésus parle de son amour qui est allé jusqu’au bout du don de lui-même : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » dit Jésus, encore dans l’évangile de S. Jean (15, 13). Cette dévotion occupe une place très importante en France car nous avons célébré en 2025 les 350 ans des apparitions du Christ à S. Marguerite-Marie Alacoque en la bonne ville de Paray-le-Monial. Ces apparitions eurent lieu entre 1673 et 1675 et Jésus confia à sa voyante trois grands messages adressés à l’Eglise et au monde : la consécration personnelle au Sacré Cœur, la réception fréquente de la communion et l’institution de la fête du Sacré Cœur. C’est le pape Clément XIII qui institua la solennité du Sacré Cœur de Jésus en 1765, un siècle plus tard pour honorer la demande de Jésus de célébrer ce mystère dans l’octave de la fête du S. Sacrement. Quand on y réfléchit, c’est une dévotion à l’humanité et à la proximité de Jésus et de son amour pour nous. Jésus est Dieu mais il a un cœur humain. Il nous aime avec son cœur, de tout son cœur. Cela le rend proche de nous, accessible, en particulier à ceux qui ont besoin de consolation. Cette proximité donne même une dimension sociale à cette dévotion qui insiste sur l’amour de Dieu pour les plus petits. Ce n’est pas un hasard, pour certains historiens, si elle naît et se développe dans un siècle de l’humanisme triomphant. On met en valeur l’humanité de Jésus que nous partageons et nous l’exaltons même. Dans son encyclique Dilexit nos, sur l’amour humain et divin du Cœur de Jésus Christ (2024), le pape François propose tout un développement sur la place du cœur dans l’anthropologie chrétienne. Plus que l’organe de l’amour, le cœur est le centre de la personne, lieu ou tout ensemble ne fait qu’un, pour paraphraser le psaume. Il convient donc de le garder des atteintes et des agressions de l’extérieur. Cela rejoint le commandement biblique à garder son âme. On me demande parfois s’il convient d’associer l’encyclique Dilexit nos aux grands textes de l’écologie intégrale, à la manière de Laudato si’ ou de Fratelli Tutti. Même si ce n’est pas son objet, le Saint-Père fait lui-même un lien explicite en conclusion, je cite : « le contenu des encycliques sociales Laudato si’ et Fratelli Tutti n’est pas étranger à notre rencontre avec l’amour de Jésus-Christ. En nous abreuvant à cet amour, nous devenons capables de tisser des liens fraternels, […] et de prendre soin ensemble de notre maison commune. » J’aimerais retenir deux traits de cette encyclique qui montrent ces liens. Le premier aspect sur lequel je reviens, est qu’à travers la méditation sur le cœur de Jésus, il réalise au début de l’encyclique une méditation sur le cœur humain. Cela permet d’articuler relation à l’autre et relation à soi-même dans le tétraèdre de l’écologie intégrale. Je cite : « dans le cœur de chaque personne, il existe ce lien paradoxal entre la valorisation de soi et l’ouverture à l’autre, entre la rencontre très personnelle avec soi-même, et le don de soi à l’autre ». (DN 18) La relation à soi s’approfondit dans la relation à Dieu car, je cite : « le croyant réalise alors qu’il est le « tu » de Dieu et qu’il peut être un « je » parce que Dieu est un « tu » pour lui. » (DN 25). Mais du déséquilibre de notre cœur dans ces relations naissent de grands désordres qui peuvent mener aux crises diverses que nous traversons. C’est pourquoi au paragraphe 31, nous retrouvons une citation de Laudato si’ pour signifier que c’est le Sacré-Cœur lui-même qui est le principe unificateur de la réalité, le cœur du monde, centre de l’histoire. C’est en puisant dans la source du Cœur du Christ que l’être humain peut accomplir sa vocation de gardien de la maison commune car il trouve en lui la compassion nécessaire pour répondre à la clameur de la terre et à la clameur des pauvres. « Devant le cœur du Christ dit le pape, je demande au Seigneur d’avoir à nouveau compassion pour cette terre blessée, qu’il a voulu habiter comme l’un d’entre nous. » La dévotion au Sacré cœur est une dévotion qui insiste sur l’humanité du Christ qui a un cœur dans lequel chacun d’entre nous peut se confier et se reconnaître. Mais pour le pape cela va encore plus loin, je cite : « Le Christ a assumé tous les éléments qui composent notre nature humaine, afin que tous soient sanctifiés. » (DN 62) Tous ces éléments, nous les partageons avec la création, ce sont les mêmes. On peut ainsi vivre la dévotion au Sacré-Cœur comme une plongée dans le mystère de la sanctification de la création tout entière.
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