Chronique d’écologie intégrale du samedi 27 Avril 2024, Mémoire obligatoire de Ste Catherine de Sienne, vierge et docteur de l’Eglise
C’est le 29 avril que nous fêtons la mémoire de sainte Catherine de Sienne, vierge et docteur de l’église. Elle est née à Sienne en 1347 dans une modeste famille de teinturiers, dans une fratrie de vingt-quatre frères et sœurs. Elle a su se tailler une place… Elle est morte à Rome en 1380, à l’âge de 33 ans, mais mon Dieu quelle vie remplie ! quelle intensité de vie ! et ce depuis le plus jeune âge. Elle s’est consacrée à Dieu à l’âge de 12 ans et à 16 elle a intégré le tiers ordre dominicain. A 20 ans voilà qu’elle accompagne un petit groupe de fidèles qui s’est constitué autour d’elle. Catherine est une mystique stigmatisée qui vit ses rencontres intimes avec le Seigneur dans l’extase, à l’instar d’une sainte Thérèse d’Avila. D’ailleurs les deux saintes ont été proclamées docteurs de l’église le même jour par Paul VI en 1970. Notre Catherine a été assez rapidement béatifiée et canonisée en 1461. Avec saint François d’Assise elle est la copatronne de l’Italie. Après ses noces mystiques, elle est envoyée dans le monde afin d’y accomplir sa mission. Son œuvre est à la fois politique et littéraire. Littéraire tout d’abord car elle a laissé à la postérité un ensemble de Dialogues spirituels avec Dieu, répartis en quatre traités : De la Discrétion, de l’Oraison, de la Providence et de l’Obéissance. Politique, de par aussi sa correspondance avec les plus grands de son époque comme le roi de France Charles V. L’enjeux de ces missives étaient à chaque fois de travailler à la paix et de restaurer l’unité de l’Eglise en cette période du Grand Schisme. Justement, la grande mission qu’elle a reçu du Seigneur s’est articulée autour de trois axes : la réformes des ministres, c’est-à-dire du clergé, deuxièmement, le retour des papes à Rome, condition requise pour, troisièmement, la reprise de la croisade en Terre Sainte. En ce sens on peut dire que sainte Catherine est une sainte ecclésiologique, c’est-à-dire qu’elle a défendu le sens de l’Eglise, de sa sainteté et de son unité alors même qu’elle témoignait de tout le contraire du fait de ses divisions, de la délocalisation du pape en Avignon et le manque de rigueur dans les mœurs du clergé. Il est clair qu’elle aurait quelques mots tout aussi vigoureux à dire en ces périodes troublées que sont les nôtres en ce qui concerne la crédibilité de l’Eglise et de ses membres, et son message nous fait du bien dans la mesure où elle nous rappelle que la sainteté de l’Eglise ne dépend pas de celle de ses membres… mais de celle du Christ. Son rôle et son témoignage, son ministère pratique aussi auprès du pape ont fait qu’elle a joué un rôle des plus important dans le retour des papes à Rome et dans la résolution du schisme. Voici donc une sainte apte à nous faire travailler notre relation aux autres, dans l’Eglise, et surtout à Dieu de par l’intensité qui se dégage de ses écrits mystiques. Je cite un de ses dialogues. « Toi, éternelle Trinité, tu es comme un océan profond : plus j’y cherche et plus je te trouve ; plus je trouve et plus je te cherche. Tu rassasies insatiablement notre âme car, dans ton abîme, tu rassasies l’âme de telle sorte qu’elle demeure indigente et affamée, parce qu’elle continue à souhaiter et à désirer te voir dans ta lumière, ô lumière, éternelle Trinité. » La contemplation de Dieu amène toute la nourriture dont l’âme a besoin pour s’épanouir. Mais ce que je trouve fascinant dans ses dialogues, c’est la manière dont, à travers l’union mystique, Catherine pénètre dans le regard de Dieu, le regard que Dieu porte sur elle, je cite : « J’ai goûté et j’ai vu avec la lumière de mon intelligence et dans ta lumière, éternelle Trinité, et l’immensité de ton abîme et la beauté de ta créature. » Par cette déclaration, Catherine nous donne la parfaite illustration de ce qu’est le don de science. En entrant dans le regard de Dieu, je peux voir la création comme Dieu la voit, ici en l’occurrence, cette créature particulière qu’est la personne en relation mystique avec Dieu. Et comme il se doit, le regard de Dieu donne à voir la création dans son origine et dans sa fin, sa fin eschatologique ! Je cite encore : « Car toi, éternelle Trinité, tu es le Créateur, et moi la créature ; aussi ai-je connu, éclairée par toi, dans la nouvelle création que tu as faite de moi par le sang de ton Fils unique, que tu as été saisie d’amour pour la beauté de ta créature. » Être une créature nouvelle, c’est le fruit du baptême comme le rituel le stipule. Entrer dans le regard de Dieu sur soi, c’est déjà se voir transfiguré par la grâce de la Résurrection est ainsi reconnaître l’incommensurable dignité de notre propre personne pour notre Créateur et Sauveur. Le pape François nous enseigne que ce regard de Dieu s’étend sur chacune de ses créatures, qu’elles soient humaines ou non. Dieu voit déjà la création glorifiée, ce qui est sa fin. Cela aussi devrait nous donner le sens de la valeur propre de toute la création. Nous ne sommes pas tous appelés à être des mystiques, mais le don de science est un don de l’Esprit saint fait au croyant dans le baptême et la confirmation. C’est une grâce à demander à la Pentecôte. Or cette fête se rapproche, demandons l’intercession de sainte Catherine de Sienne pour avoir cette grâce de rentrer dans le regard de Dieu sur nous-même et sur la création.
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