*Chronique d’écologie intégrale – 23 Novembre 2025 – Mémoire facultative de Saint Colomban, abbé

*Chronique d’écologie intégrale – 23 Novembre 2025 – Mémoire facultative de Saint Colomban, abbé

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Chronique d’écologie intégrale du 23 novembre 2025, Mémoire facultative de Saint Colomban, abbé

S. Colomban de Luxeuil est fêté le 23 novembre. Il est présenté comme le plus grand des moines irlandais. Il est né entre 525 et 530 dans le Leinster en Irlande. A quinze ans il entre au monastère de Cluein-Inis en Ulster. Après un long séjour ascétique au monastère de Bangor sous la conduite stricte de S. Comgall, il conduit vers entre 568 et 590, on ne sait pas très bien, une douzaine de Frères en Gaules mérovingiennes, pour s’installer dans les Vosges, à Annegray. Il implante très vite un second groupe à Luxeuil vers 590. Plus tard alors que la communauté atteint les trois cents membres, il fonde une troisième communauté à Fontaines à quelques kilomètres de Luxeuil. Selon la règle qu’il a écrite, c’est la grande austérité qui règne en ces communautés et qui attire ! avant que la règle de S. Benoît, plus douce, ne se répande. Mais ces moines irlandais trop rigoureux sont chassés par le roi burgonde en 610 après que le saint ait critiqué les mœurs de la cour. Il voulut retourner en Irlande, fit naufrage et interpréta ce signe comme la volonté de Dieu de rester sur le continent. Après plusieurs pérégrinations qui l’ont menées aux sources sur Rhin, le voilà qui est autorisé à s’établir en Italie, à Bobbio en 613. Il laisse au passage son disciple S. Gall au bord du lac de Constance. S. Colomban meurt entouré de sa communauté en 615 à Bobbio, sans atteindre Rome, objectif qu’il s’était pourtant fixé. Il fut à l’origine d’une règle monastique et d’un Pénitentiel qui marquèrent la vie de ses monastères par leur austérité et sévérité, selon un mode de vie fort en usage à cette époque. S. Colomban appartient à la cohorte des saints, moines missionnaires irlandais qui ont vécu une vie unie à Dieu au point que les effets du péché originel s’en sont trouvés estompés. C’est pour cela que les animaux retrouvaient avec lui des relations de familiarité que l’on pourrait qualifier d’originelle. Jonas de Bobbio, son biographe, rapporte toute une série de témoignages étonnant sur cette familiarité, ce que Jean Bastaire n’a pas manqué de relever : S. Colomban a ordonné à un ours de ne pas manger un cerf mort et abandonné, avant que le moine n’ait pu récupérer sa peau pour en faire des chaussures. Toujours à un ours, il demande de lui laisser un coin de champ d’airelles, tant qu’il vit dans les parages, et le plantigrade s’exécute. Au monastère, un jour c’est un corbeau qui lui vole des gants. S. Colomban le menace de sanction, et le volatil revient avec l’objet subtilisé pour recevoir sa pénitence. Le biographe rapporte également le témoignage d’un disciple de S. Colomban, je cite : « quand il marchait au désert, [il] appelait auprès de lui bêtes et oiseaux. De la main, il les caressait gentiment. Comme les jeunes chiens font fête à leurs maîtres, les bêtes sauvages et les oiseaux sautaient de joie et folâtraient avec grande allégresse. Le même témoin disait avoir souvent vu la petite bête qu’on nomme vulgairement ‘écureuil’, appelée par lui du haut des grands arbres, se poser sur sa main, s’installer sur son cou, venir entre ses bras et en sortir[1]. » Encore des créatures qui ont perçu et senti en ce saint réconcilié avec Dieu, le parfum d’Adam. C’est un témoignage de vie digne d’un S. François d’Assise, mais six siècles avant lui, notamment en ce qui concerne l’esprit de fraternité entre les créatures. Cet exemple inspire car il exprime ce que le pape François indiquait quand il enseignait que la finalité de l’écologie intégrale, c’est de vivre une sublime communion universelle. Elle n’est pas guidée par l’urgence écologique, mais simplement par la sainteté chrétienne. Comme si S. Colomban avait envisagé toutes les conséquences de sa rencontre avec le Christ en ce qui concerne ses relations avec la nature, selon les mots du pape François dans Laudato si’ (217). Notons ici que ces épisodes sont présents dans tous les types de monachisme. Nous l’avons rencontré avec les pères du désert, mais aussi avec des saintes moniales mystiques d’Europe au Moyen-Age. C’est particulièrement présent également dans le monachisme irlandais, même si ici, le saint a émigré en Gaules. C’est l’occasion de dire que c’est une spécificité de la spiritualité irlandaise que cette proximité avec la nature, dans la suite de la conversion des religions celtiques. En Irlande ces dernières n’ont pas été abolies par la force, mais par la douceur : elles ont accueilli avec bienveillance le message de Jésus Christ comme étant l’accomplissement naturel de leurs espérances. C’est pourquoi, une certaine intimité avec la nature a été conservée dans les pratiques chrétiennes, et monastiques qui sont issues de la culture celtique ; un exemple d’inculturation du christianisme qui semble avoir réussi.

[1] Jonas de Bobbio, Vie de S. Colomban, trad. Adalbert de Voguë, Abbaye de Bellefontaine, Coll. « Vie Monastique », 1988, p. 129.

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