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Radio Espérance
Chronique d’écologie intégrale du samedi 22/03/2025, Célébration des Quatre Temps de Printemps
Dans le calendrier liturgique d’avant la réforme du Concile de Vatican II, était présent un rite très ancien d’entrée dans la saison du printemps. Il s’agit des Quatre temps de Printemps célébrés dans la semaine qui suit le deuxième dimanche du carême, le mercredi, le vendredi et le samedi. Ce rite, un des Quatre Temps de l’Eglise, est la reprise d’une pratique païenne qui remonte à l’antiquité. Dans un souci d’inculturation, il fut instauré dans le diocèse de Rome au ive siècle de notre ère pour célébrer les récoltes et plus tard, le renouveau de la vie au printemps. C’était des jours de jeûne présents pendant le temps du carême qui permettaient de se préparer à la venue de la nouvelle saison et ainsi d’envisager tous les changements qui s’annoncent en relation avec la sortie de l’hiver. C’est donc une pratique liturgique qui reconnecte les croyants aux rythmes et aux cycles de la création. Or la réforme conciliaire a sorti ce rite, qui se répète en effet à l’entrée de chaque saison, du calendrier liturgique romain pour demander à chaque conférence épiscopale nationale de l’adapter en fonction des réalités locales… Ce qu’elles n’ont pas fait sauf en Espagne. Notons qu’ils sont observés en dehors du catholicisme, dans les pays de culture anglicane. C’est à raison que ce rite a été sorti du calendrier universel car non seulement on célèbre l’entrée dans l’une des quatre saisons de l’hémisphère nord, mais en plus on remercie Dieu pour les fruits de la terre poussant pendant ces saisons. Au printemps, c’est-à-dire vers la fin du mois de mars en zone tempérée, méditerranéenne de l’hémisphère nord, on ne récolte rien, mais on ensemence les champs et on assiste au renouveau de la vie. Il convient donc que ce rite soit acclimaté en fonction des réalités géographiques, climatiques, écologiques et agricoles des pays concernés. En attendant, depuis 1969 que la conférence des évêques de France se prononce sur d’éventuelles nouvelles dates à observer, pour le positionnement des quatre Temps de l’Eglise, au Centre Hélène et Jean Bastaire dans le Lot, nous proposons d’expérimenter un renouveau de cette pratique aux dates traditionnelles qui continuent de convenir à la réalité géographique de la France. Nous proposons en particulier une après-midi sur le thème : que se passe-t-il au printemps, dans les écosystèmes des causses du Quercy, comment la nature se réveille-t-elle ? Puis nous proposons de célébrer un temps de vigile, à la tombée de la nuit, comportant sept lectures, sur le modèle des vigiles des Quatre Temps tels qu proposés dans les missels préconciliaires. Cinq lectures de l’Ancien Testament avec leur psaumes ou cantiques, une épitre et un évangile. Ces deux dernières lectures marquent le moment du début de la liturgie eucharistique suivant la vigile. Observant les recommandations du concile de Vatican II, concernant ces rites et celui des rogations, nous mettons l’accent sur la bénédiction, en particulier des éléments de la création. La vigile est itinérante, traversant des espaces naturels, jusqu’à l’église ou sera célébrée l’eucharistie. Sur le parcours, on observe des pauses ou stations au cours desquelles on fait une lecture et on bénit un des éléments associés au printemps. Pour honorer le travail d’ensemencement, on commence par bénir les instruments du travail, pas seulement agricole, mais ceux de nos réalités communes, allant du tracteur à l’ordinateur portable. La deuxième station bénit les arbres, les plantes, les fleurs et bourgeons pour marquer le renouveau de la vie après l’hiver dans la nature. Dans la tradition occidentale le printemps est associé à l’est comme point cardinal symbolique de la lumière de Pâques à venir et que nous nous préparons à célébrer en ce temps de Carême. C’est pourquoi nous proposons de bénir l’est en une troisième station. La quatrième voit ensuite la bénédiction de l’air. Car c’est un des éléments traditionnels associé à la saison printanière en Occident et l’occasion de prier pour sa pureté alors que l’atmosphère est bien polluée par nos activités de production et de consommation. En cinquième station, c’est finalement le printemps lui-même en tant que saison qui est béni afin de nous aider à le vivre dans la sainteté et en harmonie avec les rythmes de notre « sœur mère la terre », selon l’expression de S. François d’Assise. Un geste à faire à la présentation des dons au début de la prière eucharistique : amener des semences en procession et les mettre dans la terre contenue dans des pots disposés devant l’autel. C’est un moyen pratique et symbolique d’associer la louange de la création à cette célébration liturgique. A l’origine, les Quatre Temps étaient aussi un moment de jeûne et de pénitence. Cet aspect peut être effectivement marqué et renouvelé de manière plus intense en ce temps de carême dont le jeûne est une composante essentielle. Soit un jeûne de pénitence, pour demander pardon à Dieu de perturber les cycles naturels de la maison commune, soit un jeûne de fête qui nous permet de nous ouvrir à la joie de la création de célébrer son Créateur. Vous l’aurez compris, cette initiative est une réponse à l’appel du pape François dans Laudato si’ à proposer une spiritualité écologique de la création, pour tous ceux qui veulent mettre l’écologie intégrale en pratique.
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