Chronique d’écologie intégrale du samedi 21/09/2024, Mémoire obligatoire de Saint Vincent de Paul, prêtre
Saint Vincent de Paul, fondateur des Prêtres de la Mission, autrement appelés « les Lazaristes » fondateur des Filles de la Charité, aujourd’hui « les Sœurs de saint Vincent de Paul », est fêté le 27 septembre. Il est né à Pouy, mais depuis renommé Saint-Vincent, dans les Landes, en 1581 et décédé à Paris en 1660. Il commence comme berger puis fut envoyé et élevé chez les Cordeliers, c’est-à-dire les Franciscains, à Dax. Il a ensuite étudié la théologie à l’Université de Toulouse. Il devint prêtre en 1600, c’est à dire à 19 ans et fut déjà marqué par l’influence spirituelle du Cardinal de Bérulle… En 1605 il se fait enlever par des pirates barbaresques lors d’un voyage maritime, puis il fut vendu comme esclave à un alchimiste de Tunis. Il s’évade deux ans plus tard, puis devient l’aumônier de Marguerite de Valois, la reine Margot. Il occupa plusieurs positions comme curé. C’est en 1617 qu’il fonde sa première confrérie au service des pauvres dont la misère le heurte et le pousse à une conversion, celle de se consacrer au Christ par le service des plus pauvres. En 1619 il devient aumônier général des Galères. Après avoir rencontré S. François de Salle il devient supérieur de la Visitation. En 1624 comme Mme de Gondi, à laquelle il est attaché depuis longtemps décide de créer une mission permanente pour le soin pastoral des paysans de son domaine, S. Vincent crée à partir de 1625 une équipe de missionnaires dédiés à l’évangélisation des campagnes : la société des Prêtres de la Mission, mieux connus sous le nom de Lazaristes. Mais c’est en 1633 qu’il fonde les Filles de la Charité avec l’aide de Louise de Marillac. Ces religieuses revendiquent d’avoir « la rue pour cloître ». Les œuvres de bienfaisance qu’il développe sont immenses et diversifiées. Ses origines modestes et son rayonnement de sainteté font de lui une sorte de star du xviie siècle au point qu’il fut identifié comme « le grand saint du grand siècle » et c’est dans ses bras que Louis XIII agonisa en 1643. Il s’est éteint paisiblement progressivement bien que marqué par l’infirmité le 27/09/1660. Son corps se trouve toujours chez les Lazaristes à Paris. Il fut canonisé en 1737 et déclaré saint patron des œuvres charitables en 1885. Dans un premier moment on ne peut que reconnaître qu’il s’agit d’un modèle de sainteté pour travailler sa relation aux autres, en particulier dans l’esprit de l’encyclique Fratelli Tutti. Et c’est juste étant donné son palmarès. « L’amour est inventif jusqu’à l’infini » aurait-il déclaré. Il est venu au secours des enfants abandonnés, des galériens, des forçats, des mendiants, des prostituées, des vieillards, des malades, des victimes des guerres et des crises politiques. Dans son très célèbre « Entretien de S. Vincent avec les Filles de la Charité », on trouve toutes les citations qui font la popularité spirituelle de ce grand saint. Par exemple si jamais une sœur avait des scrupules de rater l’oraison à cause d’un service impromptu après d’un nécessiteux, voici ce qu’il dit : « Ce n’est point quitter Dieu que quitter Dieu pour Dieu[1]. » En effet ajoute-t-il « […] par les lumières de la foi […] le Fils de Dieu, qui a voulu être des pauvres, nous est représenté par ces pauvres. » ou encore un peu plus loin : « Reconnaissons devant Dieu que ce sont nos seigneurs et nos maîtres ». Voici donc une spiritualité de l’abaissement devant nos frères et sœurs les plus pauvres car le Chrétien y reconnaît la présence manifeste et particulière du Christ en eux. Mais que ce serait-il passé si notre saint avait vécu à l’époque de Laudato si’ ? En effet au paragraphe 2 on peut y lire : « parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée ». Eh bien il aurait probablement écrit la même chose en incluant la maison commune à laquelle il convient donc d’appliquer cette autre injonction de saint Vincent : « La charité est par-dessus toutes les règles et il faut que toutes se rapportent à celle-là. C’est une grande dame. Il faut faire ce qu’elle commande. » Un autre aspect de la mission de ce grand saint me touche particulièrement, moi qui suis un fils de la terre par mes racines agricoles. L’état de la paysannerie française devait être vraiment catastrophique au xviie siècle pour qu’il écrive : « Nous ne devons pas considérer un pauvre paysan […] selon [son] extérieur, ni ce qui paraît de la portée de leur esprit ; d’autant que bien souvent ils n’ont presque pas la figure ni l’esprit de personne raisonnables. » Une telle attention lui a valu de fonder les Lazaristes pour évangéliser les campagnes. Un des enjeux de notre temps est justement la présence de l’Eglise dans le monde rural qui se sent de plus en plus délaissé et de plus en plus atteinte par la baisse de fréquentation des églises. Or s’il y a un enjeu d’écologie intégrale c’est justement de montrer que non seulement le « pauvre paysan » est présence du Christ, mais il est aussi le modèle de la vocation humaine à prendre soin de la maison commune, par création. Prenons soin des pauvres paysans, et avec eux prenons soin de notre sœur la terre.
[1] . Citations prises dans Saint Vincent de Paul, « Entretien de S. Vincent avec les filles de la charité. »
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