Chronique d’écologie intégrale du Samedi 20 Septembre 2025, Saint Matthieu, apôtre et évangéliste
Pour la S. Matthieu, le 21 septembre, nous fêtons à la fois un apôtre et un évangéliste. Originairement appelé Lévi, il est présenté par S. Marc comme un fils d’Alphée. Il y a des débats pour savoir s’il était au service de la fiscalité romaine ou simple péager au service du roi Hérode… à Capharnaüm. Il aurait évangélisé la Palestine, puis l’Ethiopie. Il est réputé être mort martyr et la tradition enseigne que son corps a été transféré à Salerne au xie siècle. L’évangile de S. Matthieu est considéré par la tradition comme étant le premier, en tout cas l’est-il dans l’ordre d’exposition des synoptiques. Il est à destination d’un public juif. Son message se trouve façonné par son histoire de collecteur d’impôt réprouvé par son propre peuple en particulier les Juifs pieux. S. Matthieu a le souci particulier de montrer en quoi Jésus est celui qui accomplit les Ecritures dans la continuité des alliances. Il est au aussi celui dont l’évangile commence avec la généalogie de Jésus, c’est pourquoi il est représenté par un homme dans l’iconographie des églises et du mobilier liturgique. Caractéristique notable, c’est chez lui que l’on trouve le célèbre « Sermon sur la montagne. » Son appel par jésus était donc quelque chose d’inouïe et de choquant pour les juifs pieux. Le retentissement de cet appel a donné lieu à un des plus beaux tableaux du Caravage, « L’appel de Matthieu » situé dans l’Eglise de Saint Louis de Français à Rome. Il illustre parfaitement cette déclaration de Jésus : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mt 9, 13.) La première lecture choisie pour la messe du jour est des plus intéressante car S. Paul y parle de l’organisation de l’Eglise en ministère juste après avoir professé la seigneurie et la paternité universelle de Dieu : « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. » (Ep 4, 5) C’est de cela que découle le ministère d’apôtre par exemple, ministère dont la finalité est de faire des chrétiens des hommes parfaits, selon « la stature du Christ dans sa plénitude ». (Ep 4, 13) Or il faut réaliser que le v. 5 du chapitre 4 de l’épitre aux Ephésiens souffre d’une difficulté de traduction. En effet, nous avons ici l’emploi du mot « tous » et spontanément, à sa lecture, on comprend que Dieu est Père de tous les hommes. Or, comme bien souvent chez S. Paul, nous avons ici un mot dont l’usage et la déclinaison en grec laissent à penser qu’il aurait mieux fallu traduire par « tout », c’est-à-dire, d’une manière tout à fait exhaustive, « toutes choses » ; en d’autres termes : la totalité des créatures de toute la création. Nous devrions alors avoir la traduction suivante, un peu lourde je le concède : « un seul Dieu et Père de toutes choses, au-dessus de toutes choses, par toutes choses, et en toutes choses. » C’est ici une des interprétations que S. François d’Assise avait effectivement retenue de ce verset pour fonder son rapport fraternel avec les créatures non-humaines. Si Dieu est le Père de toutes les créatures, alors elles sont toutes frères et sœurs entre elles et nous avec. Ainsi donc, le rôle des ministères de l’Eglise comme celui d’apôtre, est bien de nous faire vivre cette fraternité cosmique, et c’est peut-être comme cela, entre autres, que nous pourrons accéder à la stature de l’Homme parfait, à la ressemblance du Christ, modèle de l’Homme parfait. C’est pourquoi, encore ici faut-il rappeler que l’imitation du Christ passe par l’abaissement qui conduit à se mettre à le dernière place, notamment dans la création, pour bien exercer la mission à la domination de la création, au service de nos frères et sœurs les créatures, comme S. François d’Assise a voulu le vivre, notamment en leur annonçant la bonne nouvelle du Christ. Sur ce sujet, on retrouve le Ps 18, comme pour toutes les fêtes des apôtres. Il prend encore plus ici une dimension missionnaire cosmique en fonction du sens de la première lecture que je viens dégager. Mais en sens inverse ! La parole de Dieu est portée par nos sœurs les créatures, de manière silencieuse, et ce message nous est adressé pour notre évangélisation. Comme le dit le pape François dans Laudato si’, je cite : « chaque créature est l’objet de la tendresse du Père, qui lui donne une place dans le monde. » (LS 77) et « Tout l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu, de sa tendresse démesurée envers nous. » (LS 84). Le message des créatures pour nous est donc essentiellement la question de la tendresse de Dieu ! Tendresse qui s’exprime jusque dans l’appel des pécheurs, des derniers, à se mettre à la suite de Jésus comme S. Matthieu le fut. Tendresse que S. Matthieu transmet immédiatement à ses amis quand il organise un repas pour célébrer sa conversion. La tendresse de Dieu est donc contagieuse, elle devrait certainement l’être dans nos vies.
Un Commentaire