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Chronique d’écologie intégrale du mercredi 16 Juillet 2025, Mémoire facultative de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel
La mémoire de Notre Dame du Mont Carmel, fêtée le 16 juillet, fut originellement célébrée dans l’ordre Carmelitain. C’est au xviiie siècle qu’elle est introduite dans le calendrier romain. Elle remonte aux origines de l’ordre et à son histoire. Cet ordre religieux a été fondé par des ermites qui vivaient sur le Mont Carmel, une montagne en Terre Sainte, dès le xiie siècle dans le sillage des croisades. Ces ermites, inspirés par le prophète Élie qui, selon la tradition biblique, a vécu sur cette montagne, construisirent une chapelle dédiée à la Vierge Marie et demandèrent une règle de vie au patriarche Albert de Jérusalem, donnée vers 1209. Le Mont Carmel domine la plaine de Galilée et n’est pas très loin de la ville de Nazareth ou vécut Marie. Ordre contemplatif qui valorise la pratique de l’oraison, on comprend que Marie soit pour ses membres le modèle de la contemplative qui médite les événements de la vie de Jésus en son cœur. La dévotion à Notre-Dame du Mont Carmel s’est répandue à travers le monde et est particulièrement importante dans des pays comme le Chili, où la fête est un jour férié. Elle est également célébrée dans de nombreuses villes et villages, notamment en Espagne où la Vierge du Carmel est la sainte patronne de plus de soixante-quinze localités. Cette fête nous permet de nous arrêter pour méditer quelques instants sur cet élément de la création qu’est la montagne. D’abord le mot « Carmel » en hébreux signifie « jardin », « verger » ce qui n’est pas sans évoquer le thème du paradis qui en grec signifie également et étymologiquement « le jardin ». C’est aussi au sommet du Mont Carmel qu’Eli a confondu les prophètes des faux dieux et a témoigné de l’unicité et de la puissance du Dieu d’Israël. La métaphore de la montagne est utilisée par S. Jean de la Croix et S. Thérèse d’Avila, dans l’expression « monté du Carmel » qui signifie l’équivalent de, « l’itinéraire de l’âme vers Dieu » chez S. Bonaventure – fêté le 15 juillet – comme une ascension spirituelle. En effet, c’est sur la montagne que les prophètes se retirent pour rencontrer le Seigneur, comme Moïse recevant les tables de la loi sur le Mont Sinaï, comme Elie ressentant le bruit d’une brise légère sur l’Horeb. « Venez à la Montagne du Seigneur » invitent les paumes. Jésus lui-même se retire sur une montagne pour prier. C’est encore sur une montagne qu’il a prononcé son plus fameux sermon, un discours adressé à ses disciples ainsi qu’à une large foule, rapporté dans l’Évangile selon Matthieu aux chapitres 5, 6 et 7. Lieu éloigné, difficile d’accès parfois étrange et mystérieux, il semble propice à la rencontre avec Dieu. Pour avoir fait une retraite itinérante dans les Alpes et m’être occupé pendant plusieurs années d’un chalet de montagne pour une association chrétienne, je consonne et résonne bien avec ces représentations bibliques car la montagne est vraiment un lieu où le livre de la nature est porteur d’un message des plus explicite sur la grandeur, la beauté et la majesté divine. C’est un lieu dans lequel l’écho du Verbe créateur résonne et est particulièrement audible, ou plutôt visible et où il est prompt à susciter une louange spontanée et très vive. Devant cette majesté, dans l’esprit de la première lecture, on fait aussi silence. « Que tout être de chair fasse silence devant le Seigneur, car il se réveille et sort de sa Demeure sainte » dit le prophète Zacharie (2, 17) dans la première lecture. Le contexte de ce passage est le retour d’exil à Babylone. L’action de Salut que Dieu opère par le retour du peuple à Jérusalem est si solennelle que même les créatures sont prises d’une crainte révérencieuse qui les fait se taire. L’Hébreux ici pour « tout être de chair » est « kol Basar », toute chair indique ce qui est animé du souffle. Cela inclut la créature humaine parmi tous les êtres vivants dans une co-appartenance. Dans la Tradition spirituelle, Jérusalem est une métaphore de la Bienheureuse Vierge Marie, c’est pourquoi on peut transposer que toute créature fait silence devant la révélation du mystère de Marie et reconnait en elle sa reine – fêtée le 22 août, Marie Reine de l’Univers. Cependant avec la personne de Marie nous oscillons entre la majesté, comme celle de la montagne, et l’humilité. Dans le cadre de ces chroniques, je suis souvent revenu sur le thème de l’abaissement du Christ comme modèle à imiter pour vivre la vocation humaine de gardien de la création. Avec les lectures proposées pour cette mémoire, je me rends compte que l’abaissement est déjà le propre de la mère de Jésus. En effet Marie, proclamant son Magnificat, met en valeur les postures d’humilité et d’abaissement de la servante du Seigneur, le renversement des puissants, etc. Marie accomplit sa nature de créature à l’image de Dieu, qui réalise cette image par imitation de se son Fils qui est celui qui s’abaisse par excellence depuis son statut divin jusqu’à la mort sur la croix, en passant par l’incarnation, en vue d’une exaltation. Marie nous montre l’exemple dans la manière de vivre notre ressemblance avec Dieu dans l’abaissement, seule condition pour remplir notre vocation de gardien de la création selon le commandement à la domination en Gn 1, 28.
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