Chronique d’écologie intégrale – 18 Avril 2025 – Office de la Croix du Vendredi Saint

Chronique d’écologie intégrale – 18 Avril 2025 – Office de la Croix du Vendredi Saint

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Chronique d’écologie intégrale du vendredi 18 Avril 2025, Office de la Croix du Vendredi Saint

L’office de la croix du Vendredi Saint prolonge la mémoire de cène du Seigneur du Jeudi Saint, avant la célébration de la résurrection de Jésus lors de la vigile de Pâques. Comment le vivre dans l’esprit de l’écologie intégrale ? Isaïe dans la première lecture nous présente Jésus crucifié en disant, je cite : « Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. » (Is 53, 3) Jésus sur la croix assume la souffrance du monde, pas seulement des humains mais de tout être capable d’endurer la peine, la douleur et la souffrance, même le mépris. Ce sont ceux que l’on ne compte que pour du consommable et du déchet, humain ou écologique, ceux dont on a oublié la dignité, ceux dans la création dont on a oublié la valeur propre et intrinsèque, c’est aussi la passion de notre sœur Mère la terre. Alors on peut le dire sans restriction : Oui, ceux qui aujourd’hui détruisent la terre font partie de ceux qui crucifient Jésus quand Isaïe continue : « Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. » (Is 53, 5). Le fait de ne pas prendre soin de la maison commune est une révolte humaine contre sa propre vocation de gardien. Nous avons déçu les attentes divines comme le dit le pape François dans Laudato si’. Isaïe continue : « Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. » (Is 53, 6) Wow ! Même la crise écologique et le saccage de la création bien-aimée du Seigneur. Satan ne peut s’en prendre à Dieu directement, sauf en la personne de Jésus, c’est pourquoi il s’en prend à ce que Dieu fait, à sa création qui en plus reflète Dieu et porte son image en la personne humaine. Satan s’en prend indirectement à Dieu à travers la création et se réjouit quand les créatures de prédilections de ce dernier en font autant et quand nous assistons les forces démoniaques de destruction de la terre et ainsi défigurons son image. De cela aussi, le Fils de Dieu est innocent, et pourtant il encaisse pour nous, « et pourtant dit Isaïe il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche » (Is 53, 9) et dans l’épître aux Hébreux nous pouvons lire qu’il est « le grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché » (He 4, 15) ; c’est-à-dire qu’il n’a pas participé de près ou de loin au saccage de la création et s’est émancipé des structures de péché qui y mènent. Le verset du trait reprend le ch. 2 de l’épitre aux Ephésiens que je cite souvent dans ces chroniques. En Jésus sur la croix, Dieu s’est abaissé jusqu’à toucher le fond. Dieu renonce à son pouvoir divin pour assumer la faiblesse humaine, la faiblesse de créature jusqu’à sa mortalité. Et voilà même que non content de toucher le fond, il commence à creuser car, on en parle peu dans la liturgie, il descend aux enfers le Samedi Saint pour aller y chercher tous ceux qui nous ont précédés, jusqu’à nos premiers parents, pour les faire ensuite sortir du tombeau par un mouvement de remontée spectaculaire, celui de la résurrection. Accueillir le salut qui nous est promis, c’est accepter d’entrer à la suite de Jésus dans son mouvement d’abaissement, mouvement d’autolimitation volontaire et de sobriété, afin de devenir une image encore plus à la ressemblance de Dieu. C’est avec ces éléments en tête et dans le cœur que je vous propose de contempler la passion de notre Seigneur Jésus Christ en méditant le long texte de l’évangile de S. Jean. S’il n’y avait qu’un seul élément de ce texte que j’aurais envie de garder et de commenter ce serait celui dans lequel Jésus confie Marie sa Mère à Jean son disciple bien aimé et réciproquement. Il se passe en effet quelque chose de cosmique dans cet événement qui ne manque pas de commentaires dans la tradition spirituelle de l’Eglise. Il est commun d’y voir que dans la figue de S. Jean c’est à l’humanité tout entière et chacun de nous que Jésus confie sa maman, et qu’il est demandé de l’accueillir chez nous, dans notre cœur comme notre propre maman. Peut-être peut-on pousser l’analogie encore plus loin. Marie reine de la création représente également toutes les créatures sur lesquelles elle règne et qui lui sont confiées. Aussi dans sa maternité représente-t-elle aussi Notre sœur Mère la terre. S. Jean continue de représenter l’humanité. On peut enfin reconnaître qu’en Jésus crucifié c’est le Verbe créateur, et fait chair qui s’adresse à nous. Par l’accueil de Marie, il nous confie la création tout entière, il nous demande de l’accueillir chez nous et d’en prendre soin. Il nous demande de reconnaître que nous dépendons d’elle pour notre existence, il nous demande d’accueillir sa clameur de mère dévastée par l’épreuve : clameur de Marie qui voit son Fils assassiné, clameur de la création qui se voit opprimée par ses protecteurs.

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