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Chronique d’écologie intégrale du samedi 19 Avril 2025, Dimanche de Pâques, Année A
Pour vivre cette vigile de Pâques, il est bon que nous ayons entendu l’évangile du lavement des pieds de la messe du soir du jeudi saint. Cela nous donne une clé de lecture pour comprendre l’ensemble de l’Histoire du Salut que la vigile de Pâques nous récapitule en 9 lectures, depuis le commencement de la création ancienne, au livre de la Genèse, jusqu’au commencement de la création nouvelle, l’évangile de la Résurrection du Seigneur. Ce lavement des pieds nous indique qui est ce Dieu à l’image duquel nous avons été créés : le serviteur. Ainsi être serviteur, c’est la posture fondamentale du croyant tant en ce qui concerne la domination de la création ancienne et en cours de cheminement, que dans la perspective de l’avènement de la création nouvelle rendue possible par la résurrection de Jésus, et la nôtre. Ainsi dans la première lecture, le rapport est-il évident : la création est confiée et bénie pour être servie par la créature bénie et créée à l’image de Dieu serviteur car la création aspire à entrer dans le sabbat de Dieu, son repos éternel dans la création nouvelle. La louange qui naît de la lecture du Ps 103 nous aide à entrer dans la contemplation de ce mystère de création et de bénédiction dans l’abondance et la beauté des biens de ce monde : comment imaginer détruire toutes les merveilles que Dieu a ainsi disposées et bénies. Dans la deuxième lecture, c’est une alliance qui est créée entre Dieu et Abraham. Ce dernier s’est avéré être un serviteur fidèle et aveuglément confiant dans son Dieu car il avait foi en la bénédiction promise pour lui et sa descendance. Comme dans la première lecture, une bénédiction est donnée, et comme pour les animaux ou pour Adam, le fruit de la bénédiction est la vie et notamment une descendance abondance qui sera elle-même bénédiction, càd porteuse de la bénédiction de Dieu pour les nations. « Tu m’apprends les chemins de la vie » dit le Ps 16, ce chemin est celui de la réception de la bénédiction qui est la vie de Dieu. La troisième lecture est encore un récit de création. La traversée de la mer rouge à pied sec est le récit de la création du peuple Juif. Ce qui est le plus fort est que c’est un acte de salut qui crée. Or nous le savons c’est sur ce schéma qu’est pensée la Résurrection de Jésus : la traversée des eaux de la mort pour une libération est une renaissance, une victoire de la vie. La création et ses puissances participent d’ailleurs à l’événement dans ce qu’il a de plus grandiose et dramatique car par sa séparation en 2 de la mer rouge nous fournit le symbole le plus puissant de notre liturgie baptismale : les eaux qui symbolisent la mort et le mal qu’il faut traverser mais aussi la vie qui nous fait renaître. Par cet acte de bénédiction Dieu libère les Hébreux et s’en fait un peuple qui pourra ensuite faire vivre la bénédiction dans une alliance et le service de Dieu par l’observance de la Loi. C’est ce que préfigure déjà le cantique quand il annonce la plantation de son peuple sur la montagne son héritage. C’est la vision du temple, le sanctuaire dans lequel sera accompli le service divin. Dans la quatrième lecture, Isaïe compare la prochaine sortie d’exil des Juifs à Babylone à ce qui s’est passé au moment la sortie de l’arche de Noé. Or la promesse qu’il n’y aura plus de déluge est assortie d’une bénédiction conséquente à un acte de création et de recréation en réponse à la destruction monde ancien par le déluge. Chez Isaïe, il est très clair que la libération des juifs de l’exil correspond bien sûr à une action de Salut, mais aussi à des actes de création. Isaïe dit que Dieu crée les événements qui permettent à son peuple d’être libéré et de rentrer chez lui. D’ailleurs Isaïe annonce la venue d’une Jérusalem renouvelée dans ses fondations et ses murs, image qui sera reprise dans l’Apocalypse pour parler de la Jérusalem céleste de la création nouvelle. Isaïe poursuit sa vision des temps messianiques dans la 5èmelecture : ce sera le temps d’une création renouvelée dans laquelle l’harmonie et la grâce règneront sous la métaphore du banquet abondant et gratuit. La création sera ainsi libérée des contraintes et de l’esclavage de la croissance économique et du paradigme technocratique et pourra enfin entrer dans son repos et sa paix. La parole de Dieu qui descend préfigure la venue du Verbe dans la chair. Quel est l’effet de la parole de Dieu dont parle Isaïe ? la création bien sûr ! car c’est le propre de la parole de Dieu que de créer. En sa venue dans la chair le Verbe continue la création pour la préparation de la création nouvelle. « Toute la terre le sait » et se réjouit, nous dit le cantique, toujours tiré du livre d’Is. Mais pourquoi le peuple juif a-t-il dû subir l’exil ? le Prophète Baruch répond à la question dans la 6ème lecture : il a choisi de cesser de se laisser créer par la Sg de Dieu. La Sg est créatrice, d’ailleurs si la création se porte si bien c’est qu’elle est disponible à se laisser créer comme en témoignent toutes les créatures que Baruch convoque, elles sont pleinement vivantes car pénétrées de la Sg divine, alors pourquoi pas le peuple de Dieu ? Or pour ce peuple, cette Sg c’est manifestée sous la forme de la Loi la Torah qui est la parole divine mais ils l’ont rejetée. Pour nous aujourd’hui cette parole créatrice s’est faite chair en la personne de Jésus qui nous donne sa vie et son Esprit pour nous créer de nouveau et nous faire vivre en plénitude. En Jésus le Ps 118 le confirme : « La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ». La recréation par l’Esprit de Dieu, c’est justement le thème de la 7ème lecture. Le remplacement du cœur de pierre par le cœur de chair, est l’annonce de ce que produira la vie de ressuscité : être créé de nouveau en vivant de la vie même de Dieu. Nous apprenons que le don de cette recréation n’a rien à voir avec nos mérites, bien au contraire. Cela procèdera d’un don purement gratuit de la part de Dieu. C’est ce que confirme le Ps 50 : Le Salut accordé à chacun est un acte de création nouvelle et cela se demande dans la prière : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit ». Saint Paul nous l’enseigne dans l’épitre tirée de la lettre aux Rm : la mort et la résurrection de Jésus récapitulent toute cette histoire dont nous venons de faire mémoire. Elle se trouve accomplie achevée et récapitulée dans l’événement pascal. Nous-mêmes, ici présents passons par ce même chemin à travers mort et vie pour recevoir la vie divine en abondance. Toutes les forces de mort présentes dans la création ont été vaincues car elles ont été fixées à la croix. S. Mt précise justement que les gardes du tombeau de Jésus tombent comme morts devant celui qui porte le vêtement blanc des ressuscités. Jésus envoie ses disciples en Galilée là même où il sera pour accomplir sa mission d’annonce universelle de sa BN à toutes les nations et pas uniquement à Jérusalem. Cette universalité annonce enfin la dimension cosmique de cette mission d’annonce qui doit être faite à la création toute entière, lui apporter la bénédiction de la Résurrection, et ainsi la servir selon l’esprit du lavement des pieds.
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