Chronique d’écologie intégrale – 16 Avril 2025 – Messe chrismale du Jeudi saint

Chronique d’écologie intégrale – 16 Avril 2025 – Messe chrismale du Jeudi saint

Chronique d’écologie intégrale du mardi 15/04/2025, Messe chrismale du Jeudi saint

La liturgie de la messe chrismale est riche de symboles. Traditionnellement célébrée dans la matinée du Jeudi saint, elle rassemble tous les prêtres d’un presbyterium autour de son évêque dans un diocèse. C’est aussi l’occasion de la bénédiction des huiles saintes, celle des catéchumènes et celle du sacrement des malades, ainsi que la consécration du saint-chrême utilisé pour la célébration des sacrements tout au long de l’année. Ce qui fait l’unité entre le rite qui rassemble les prêtres, et les sacrements, c’est l’huile d’olive et son rôle dans la vie sacramentelle de l’Eglise : l’onction. Ce dernier mot est le substantif du verbe oindre. Celui qui est oint est au sens étymologique, un « Messie », en hébreux, un « Christ », en grec. Cette onction signifie que l’Esprit de Dieu imprègne celui qui en est marqué, car l’huile fait plus que tâcher ce qu’elle touche, elle l’imprègne de manière irréversible, comme elle imprègne la pierre. Nous autres chrétiens, sommes oints au baptême en tant que disciples de celui qui est l’oint par excellence, Jésus le Christ, le Messie. C’est l’onction qui nous christianise au sens fort du terme. Les lectures du jour insistent fortement sur le lien entre la vocation de Jésus et les prophéties messianiques qui indiquent l’onction du messie : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. » annonce Isaïe (61, 1) dans la première lecture. Cette parole est reprise in extenso dans l’évangile de S. Luc au cours duquel Jésus lit ce même passage dans un rouleau à la Synagogue et se l’applique à lui-même, au moment où il le lit ! Le psaume 88 vient confirmer ce lien en identifiant celui qui est oint dans l’histoire du peuple d’Israël, en la personne du roi David, dont Jésus est le descendant. Isaïe le dit clairement, il y a un rapport très étroit entre l’Esprit de Dieu et l’onction, ce qui dans la perspective chrétienne, est transposé dans un lien entre l’Esprit Saint, la troisième personne de la Trinité, l’huile, et l’onction. A ce titre il est intéressant d’aller voir ce qui se passe dans la prière de consécration du saint-chrême, l’huile sainte. D’abord, il s’agit d’une prière de bénédiction et de sanctification. Bénir ici signifie la communication de la vie divine, et sanctifier signifie, rendre saint de la sainteté de Dieu ce qui est synonyme. C’est donc une action très forte de divinisation que se produit. Après avoir mélangé les parfums à l’huile, l’évêque a soufflé, à trois reprises, sur le saint-chrême, signe et symbole qu’il s’agit bien d’une action de l’Esprit Saint divinisateur. C’est une sorte d’épiclèse gestuée qui est performative, elle réalise ce qu’elle signifie, l’appel et le don de l’Esprit sur cette huile. Il existe deux prières de consécration de l’huile dans le Missel romain. La première dit, je cite : « par la puissance de ta grâce, que ce mélange d’huile et de parfum devienne pour nous le sacrement de ta bénédiction ✠ ». Il y a donc une action sacramentelle qui transforme l’huile en quelque chose de nouveau et de divin, médiateur et vecteur de l’action de l’Esprit Saint. La deuxième formule est encore plus explicite : Tous les prêtres ont étendu les mains en une concélébration silencieuse et l’évêque poursuit : « Aussi, nous t’en supplions Seigneur, sanctifie et bénis ✠ cette huile que tu as créée, et, par la puissance de ton Christ à qui elle emprunte le nom de saint-chrême, pénètre-la de la force de l’Esprit Saint. » Ici encore nous avons une épiclèse qui appelle la puissance de l’Esprit de Dieu pour faire venir… rien d’autre que la présence réelle et sacramentelle de l’Esprit Saint, lui-même, dans cette huile, qui est le fruit de la terre et du travail des hommes. On peut ainsi réaliser deux choses importantes à travers ce rite sacramentel. Le saint-chrême est présence réelle de l’Esprit Saint qui devrait ainsi être considéré avec même révérence que les espèces eucharistiques du pain et du vin, présences réelles du corps du Christ ressuscité. C’est d’ailleurs ce que font les orthodoxes qui ont prévu un tabernacle pour conserver le saint chrême. L’autre chose à réaliser est que parmi les éléments de la création, il n’y a pas que le pain et le vin eucharistiques qui soient divinisés dans la liturgie de l’Eglise, c’est-à-dire qui soient littéralement faits divins, rendus divins. Il y a aussi l’huile. Le pain et le vin eucharistiques sont divinisés en tant qu’ils sont présence réelle du corps du Christ ressuscité, ils sont ainsi prémices de la création nouvelle. Par le baptême, c’est aussi tout chrétien qui est fait création nouvelle comme le dit explicitement le rituel. Le chrétien est investi de la vie divine du ressuscité. A la messe chrismale c’est l’huile qui est aussi investie de la vie divine de l’Esprit Saint. Elle est donc une création nouvelle qui anticipe la venue de la création renouvelée à la fin de temps. Par le sacrement de l’ordre, les ministres ordonnés de l’Eglise marqués par l’huile sainte sont également des créations nouvelles. Réjouissons-nous de tous ces signes liturgiques et sacramentels anticipateurs de la création nouvelle que la création, actuellement gémissant dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore, attend avec grande impatience.

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