Chronique d’écologie intégrale – 19 octobre 2024 – Mémoire Facultative de S. Jean-Paul II, pape

Chronique d’écologie intégrale – 19 octobre 2024 – Mémoire Facultative de S. Jean-Paul II, pape

Retrouvez cette chronique sur :
Radio Espérance, Radio Présence

Chronique d’écologie intégrale du samedi 19/10/2024, Mémoire Facultative de S. Jean-Paul II, pape

Onze jours après saint Jean XXIII nous faisons mémoire d’un autre pape, S. Jean-Paul II, le 22 octobre. Né Karol Wojtyla le 18/05/1920, à Wadowice en Pologne. Après avoir été archevêque de Cracovie, il fut le 264ème pape, élu le 16/10/1978, c’est-à-dire quatre jours après ma naissance, ce qui fait de moi un pur produit de la « génération JPII ». (« JPII we love you ! ») Il est mort le 2 avril 2005 et il a été canonisé par François le 27 avril 2014. Je ne m’étalerais pas trop sur sa biographie parce qu’il est une personnalité majeure dans la constitution et la préparation de l’écologie intégrale en amont de l’encyclique Laudato si’. Pape globe-trotter de la jeunesse et des JMJ, philosophe personnaliste, il est le champion de la défense de la dignité de la personne humaine dans les domaines de la bioéthique, de la morale familiale, que de la doctrine sociale de l’église, avec ses contributions sur le travail, la solidarité et la politique, car on lui attribue l’influence qui a permis la chute du Rideau de fer. C’est aussi le pape de l’écologie humaine, concept qui a dominé l’enseignement social catholique en ce qui concerne l’écologie depuis 1990 jusqu’au Pape François. S. Jean Paul II est à l’origine d’un geste symbolique et prophétique par la proclamation de saint François d’Assise patron céleste des écologistes le 29/11/1979. Avec S. Jean-Paul II on peut vraiment dire qu’une théologie de l’écologie commence à germer au sein du magistère romain. Voici comment il en perçoit les fondements : « la claire conscience de la création comme œuvre de la sagesse providentielle de Dieu, et la conscience de la dignité et de la responsabilité de l’homme dans le dessein de cette création. C’est en regardant le Visage de Dieu que l’homme peut éclairer le visage de la terre et assurer par son engagement éthique l’hospitalité environnementale pour l’homme d’aujourd’hui et de demain[1]. » Pour S. Jean Paul II la personne est définie comme un être de relation et comme un être de don, inachevé, en devenir. La dignité de la personne humaine est la porte d’entrée pour penser la dignité des créatures. Mais S. Jean Paul II élabore un concept élargi de dignité humaine dans une perspective écologique. Pour lui, il existe une sorte de réseau de valeurs et de dignités intégrées, en interdépendance. S. Jean Paul II a initiée une réflexion sur une sorte d’ « écologie des valeurs » voulues par Dieu dans la création qui nous permettrait de rééquilibrer petit à petit l’anthropocentrisme moderne critiqué par François dans Laudato si’. Même si la valeur et la dignité de l’être humain est absolue, elle n’est pas moins dépendante de la valeur et la dignité des autres créatures. D’après S. Jean Paul II, la dignité de chaque créature est en elle-même une limite d’usage. Ces créatures nous sont confiées, c’est-à-dire non mise à notre disposition[2], je cite : « les créatures et les éléments ne seront protégés de toute violation injuste et nuisible que dans la mesure où, à la lumière de l’enseignement biblique sur la Création et la Rédemption, on les considérera comme des êtres à l’égard desquels l’homme est lié par des devoirs et sur lesquels il ne lui pas permit d’agir à sa guise. » La relation aux créatures doit prendre en compte le réseau de relations qui le constituent, je le cite encore : « il faut (…) tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné[3] ». En préfiguration de l’écologie intégrale, S. Jean Paul II enseigne que la relation à Dieu conditionne la relation à la création. Il existe une dimension spirituelle de l’écologie qui naît du rapport ajusté à la création. Elle naît aussi de la contemplation de la création et l’émerveillement devant sa beauté. L’objet de cette spiritualité est de mettre en harmonie son écologie intérieure avec l’écologie extérieure. Il existe des influences réciproques de l’une à l’autre. Et si aujourd’hui notre rapport à l’environnement est critiquable c’est parce que notre écologie intérieure est en crise. Cela a des répercussions dans la justice sociale mais aussi dans le domaine de la santé. S. Jean Paul II est aussi un penseur du sens de la crise écologique voici ce qu’il en dit : « lorsqu’il s’écarte du dessein de Dieu créateur, l’homme provoque un désordre qui se répercute inévitablement sur le reste de la création[4]. » Jean-Paul II commente ici Os 4,3 où le prophète dénonce le fruit d’un état de conflit entre le peuple et Dieu. Il y a en effet dans la Bible un lien bien établi entre le respect de l’ordre de la création et sa réaction négative sous la forme d’une crise écologique. Quand il se comporte de la sorte dit le pape, « au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et, ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui[5] ». Enfin, l’œcuménisme est un lieu d’engagement privilégié pour l’écologie. Jean Paul II et Bartholomée Ier nous montrent l’exemple en écrivant en 2003 la première déclaration œcuménique entre catholiques et orthodoxes[6] depuis le schisme de 1054 ! Elle porte justement sur… la sauvegarde de la création.

[1] Jean-Paul II, Discours au congrès Environnement et Santé, le 24/03/1997.

[2] « Lettre apostolique pour le 8ème centenaire de la naissance de François d’Assise, le 15/08/1982.

[3] Sollicitudo Rei Socialis, 1987, 34.

[4] Sollicitudo Rei Socialis, 1987.

[5] Centesimus Annus, 1991, 37.

[6] Jean-Paul II et Bartholomée I, « Déclaration de Venise », 2002.

Un Commentaire

Ajouter un Commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *