Chronique d’écologie intégrale du samedi 08 Juin 2024, Mémoire obligatoire de Saint Antoine de Padoue, prêtre et docteur de l’église
Le 13 juin, nous faisons mémoire de Ferdinand le franciscain, mieux connu sous le nom de saint Antoine de Padoue. Né en 1195 à Lisbonne au Portugal, dans une famille noble et militaire. Il étudie au monastère de la Sainte-Croix de Coïmbra. Il est d’abord chanoine régulier de saint Augustin à l’âge de quinze ans, puis frère mineur. C’est chez eux qu’il reçut le nom d’Antoine. Il part pour évangéliser le Maroc en 1220. Mais il doit revenir un an plus tard pour des problèmes de santé. Il rejoint saint François qui l’envoie parfaire des études de théologie à Verceil en 1222 pour recevoir la mission d’enseigner les frères. En 1225 il vient en Occitanie prêcher au cours de la croisade contres les Albigeois. Il est le fondateur du couvent de Brive la Gaillarde. Après avoir été provincial d’Italie du Nord en 1227, en 1230 il est nommé conseiller du pape qui l’interroge sur la validité de l’héritage doctrinal et spirituel de saint François. Il se retire à Padoue et meurt le 13 juin 1231 à trente-six ans seulement, plus jeune encore que saint François. Il a une telle réputation de sainteté qu’il est canonisé onze mois plus tard le 30 mai 1232 en raison d’une quarantaine de guérisons miraculeuses. Si le pape Pie XII le proclame « docteur évangélique » en 1946, ce n’est pas à cause de son efficacité en ce qui concerne les objets perdus, mais bien pour la profondeur et la fidélité de son enseignement théologique. Il était réputé être thaumaturge, ce qui signifie littéralement qu’il faisait des actes étonnants, surtout des miracles. Sa prédication aux humbles et aux pauvres était tellement efficace de sagesse et d’éloquence qu’il était surnommé « l’arche du testament » et « Trésor vivant de la Bible » par Grégoire ix ainsi que « Marteau des hérétiques. » Il est en particulier l’auteur des célèbres Sermons sur les saints au succès immédiat. Sa mort jeune et l’intensité de sa vie apostolique lui valut une telle réputation de sainteté auprès du peuple chrétien qu’une grande dévotion s’installa après sa mort. De nombreux peintres se sont emparés de sa figure pour de nombreuses représentations, tels Donatello, Le Pérugin, Titien, Rubens et Murillo dont le tableau est à la cathédrale de Séville. On le voit contemplant l’enfant Jésus, et orné d’un lys représentant la pureté de son âme. Frère mineur, il a suivi saint François sur les chemins de la pauvreté choisie. Il est présent dans les Fioretti de saint François aux chapitre39 et 40. Il y est relaté à quel point il suit les pas de son maître en prêchant cette fois-ci non pas aux oiseaux mais aux poissons à Rimini. Au chapitre 39 S. Antoine renouvelle le miracle de la Pentecôte car au cœur d’un consistoire avec le pape, les évêques et des cardinaux. Il prêche dans sa langue et tout le monde est capable de la comprendre tellement il est empli de l’Esprit Saint. Ce bref chapitre permet de comprendre qu’il a ainsi la capacité de se faire comprendre aussi par les animaux « sans raisons », tels que les poissons au chapitre suivant. Comme avec S. François, nous avons une situation dans laquelle le saint a tellement retrouvé l’état de la justification et de la pureté originelle que les animaux sont en paix en sa présence et même la recherche. Voilà qu’Antoine s’en va à l’embouchure d’un fleuve à proximité de Rimini et qu’il commence à s’adresser aux poissons. Ces derniers se rassemblent au son de sa voix, l’écoutent en laissant dépasser leur tête hors de l’eau et se rangent par taille des plus petits au plus grand en fonction de la profondeur de la mer. Simple fioriture de Fioretti ? Très sérieusement, il y a un rapport entre l’annonce de l’Evangile aux nations, mais aussi aux hérétiques comme c’est le cas d’Antoine, et l’annonce faite aux animaux, que ce soit les oiseaux ou les poissons. D’une part c’est la mise en œuvre de la finale de l’Evangile de Marc (16,15) dans laquelle Jésus invite à littéralement apporter la bonne nouvelle à toute la création. Et d’autre part, Antoine prend à partie des animaux qui reçoivent mieux la parole de Dieu que les païens ou les hérétiques en l’occurrence, les patarins et les cathares qui étaient la cible d’Antoine à Rimini. Notez au passage que ce sont deux hérésies qui nient la bonté de la création matérielle et la considèrent même comme maudite car créée par un dieu mauvais. Prêcher à la création matérielle est donc un acte très fort symboliquement. Voici ce que dit Antoine après sa prédication : « Beni soit le Dieu éternel parce que les poissons des eaux l’honorent plus que ne le font les hommes hérétiques, et que les animaux sans raison écoutent mieux sa parole que les hommes infidèles[1]. » S’adresser aux poissons sans raison dans ce contexte est l’affirmation de la grande bonté de ces êtres dans le regard de Dieu qui ont toutes raison d’adresser leur louange au Créateur, dans l’esprit de fraternité cosmique du cantique des créatures : je cite S. Antoine pour terminer : « Mes frères les poissons, vous êtes fort obligés, selon votre pouvoir, de rendre grâces à votre Créateur, qui vous a donné si noble élément pour votre habitation. […] Dieu […] quand il vous créa, vous donna l’ordre de croître et de vou
[1] Fioretti, Ch. 40.
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