Chronique d’écologie intégrale – 05 octobre 2024 – Mémoire facultative de S. Jean XXIII, pape

Chronique d’écologie intégrale – 05 octobre 2024 – Mémoire facultative de S. Jean XXIII, pape

Chronique d’écologie intégrale du samedi 05/10/2024, Mémoire facultative de S. Jean XXIII, pape

Le 11 octobre nous fêtons la mémoire du bon pape saint Jean XXIII. D’abord élu parce qu’il était vieux et ferait un bon pape de transition en attendant d’en trouve un de mieux, il eut l’idée originale d’organiser un petit concile, « un piccolo consiglio » selon sa propre expression, celui que nous connaissons sous le nom de Concile de Vatican II. Né Angelo Giuseppe Roncalli, le 25 novembre 1881 à Sotto il Monte, près de Bergame en Italie, il est mort le 3 juin 1963 au Vatican, avant la fin du concile qui sera terminé par son successeur et ami S. Paul VI. Il est né d’une famille de modestes métayers quoique descendants d’une ancienne noblesse appauvrie. Il fut Béatifié par le pape S. Jean-Paul II à l’occasion du jubilé de l’an 2000, puis canonisé par le pape François en 2014 (en même temps que S. Jean-Paul II d’ailleurs). Après des études ecclésiastiques brillantes, il occupa plusieurs postes au service de l’Eglise universelle : Visiteur apostolique en Bulgarie en 1925, devenant ainsi évêque ; délégué apostolique en Turquie, en 1935 puis en Grèce, c’est en 1944 qu’il est nommé nonce apostolique en France. En 1953 il devient patriarche de Venise, et enfin pape en 1958, à l’âge de 76 ans. Anecdote historique amusante : il a choisi le nom de Jean XXIII en mémoire d’un autre pape de transition, Jean XXII, alias Jacques Duèze originaire de Cahors et élu en 1316 à l’âge de 72 ans. Dans les deux cas papes âgés ont donné tort à leurs électeurs et on engagé de grandes réformes pour l’Eglise alors qu’ont leur demandait juste de faire patienter les clients de la boutique. Alors justement, S. Jean XXIII nous intéresse sur le plan de l’écologie intégrale car c’est sous son pontificat que la problématique écologique fait son apparition médiatique dans le monde. Sans surprise c’est dans le registre de la doctrine sociale de l’Eglise qu’il intègre la problématique environnementale. Saint[1] Jean XXIII écrit en effet l’encyclique Mater et Magistra, en 1961 pour commémorer l’encyclique Rerum Novarum de son prédécesseur Léon XIII en 1891. Il y reprend les diverses doctrines de ses prédécesseurs pour les compléter sur la destination universelle des biens. La nouveauté est que le pape s’étonne que des personnes soient encore en train de souffrir de grandes carences en soins de première nécessité alors que les autorités des pays industrialisés développent des technologies de destruction massive pour accroître la mort, parlant ainsi des armes nucléaires. Le Pape rappelle ici que la science et la technique sont données par Dieu pour le respect de la vie. Et c’est bien dans ce sens qu’il interprète le commandement à la soumission de la création[2] en Gn 1 28. Dans cette encyclique il prend également la défense des populations agricoles qui sont les premières et les plus directement impliquées dans la relation avec l’environnement naturel : il demande que le travail de la terre puisse donner des conditions de vie suffisantes aux paysans. Puis, dans la célèbre encyclique Pacem in Terris écrite en 1963 le Saint-Père est le premier pape à rapprocher les deux thématiques de paix et de respect de l’ordre établi par Dieu dans la création, thème que nous allons retrouver chez ses successeurs comme Benoît XVI et en particulier dans Laudato si’ , je cite : « la paix sur la terre, objet du profond désir de l’humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s’affermir que dans le respect absolu de l’ordre établi par Dieu[3]. » Écrite dans un contexte de guerre froide cette encyclique est un vigoureux appel à la paix entre les nations. En introduction, S. Jean XXIII montre en quoi le respect de l’ordre voulu par Dieu à la fois dans l’ensemble de la création, mais aussi dans l’homme lui-même, est la garantie de la préservation de la paix entre les peuples. Il a recours à la référence traditionnelle de la Loi Naturelle pour appuyer son argumentation, et il la reformule avec des mots contemporains en disant que l’ordre que Dieu inscrit dans la nature, et dans l’être humain, est la source de tout comportement éthique conforme aux commandements divins. Le chemin d’accès à cet ordre naturel est la conscience de la personne. Ce sont des thèmes sur lesquels le Pape François revient abondamment dans son encyclique sur le soin de la création[4]. Autre point commun entre les deux papes. Avec Pacem in Terris S. Jean XXIII a engendré la « génération Pax Christi » avec la grande ONG portant ce nom, pour promouvoir la paix entre les nations. Avec Laudato si’, François a repris la même adresse : « à toute personne vivant sur la planète », avec le souhait de voir se lever la « génération Laudato si’ » pour promouvoir le soin de la création. Prions avec S. Jean XXIII pour que le Mouvement international Laudato si’ créée en 2015 relève ce défi.

[1] A partir de là je reprends mon texte publié dans Fabien Revol, Alain Ricaud, Une encyclique pour une insurrection écologique des consciences, Paris, Parole et Silence, 2015, p. 27-28.
[2] Jean XXIII, Lettre encyclique Mater et Magistra, 1961, 199-202.
[3] Jean XXIII, Lettre encyclique Pacem in Terris, 1963, 1.
[4] Voir par exemple LS 221.

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