Retrouvez cette chronique sur :
Radio Espérance
Chronique d’écologie intégrale du jeudi 02 octobre 2025, Fête des Saints Anges gardiens
Depuis 1670, grâce au pape Clément X, la mémoire des saint Anges gardiens du 2 octobre prolonge la fête de archanges en mettant l’accent sur leur rôle dans providence divine auprès des hommes en leur assurant une présence fraternelle. Chacun d’entre nous avons la grâce d’être accompagné par un ange particulièrement chargé de veiller sur nous. La première lecture de la messe du jour tirée du livre de l’Exode fonde cet aspect de la foi chrétienne, je cite : « Je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé. » (Ex 23, 20) Aujourd’hui j’aimerais laisser la parole à Hélène et Jean Bastaire pour qui les anges avaient un rôle très important dans leur théologie écologique, car ils estimaient que leur mission était aussi d’être les anges gardiens de la création. Face aux sceptiques qui ne croient pas en leur existence, Hélène et Jean prônent la biodiversité angélique je cite :« Quelle avarice de l’être nous interdit d’envisager l’existence d’un règne des anges ? Pourquoi, de chaque côté du règne humain, l’extraordinaire profusion animale, végétale, minérale n’aurait-elle pas son pendant avec la prodigieuse multiplicité des cohortes séraphiques et chérubiniques[1] ? » La bonté et la générosité de Dieu s’applique également à la création spirituelle, pas qu’à la création matérielle. Les limites de la création sont donc encore plus grandes que ce qu’on peut imaginer. Nos auteurs souscrivent tout à fait à la croyance traditionnelle de l’aide personnalisée des anges gardiens : « Nul faux pas sur leur route ni trouble dans leur course. Ils volent droit au but comme portés par un ange. Un ange les porte. Le ciel en regorge dont l’empressement fidèle soutient le labeur des saints[2]. » Donc si notre labeur de sainteté est celui de la cause de l’écologie intégrale, soyons sûr d’être soutenus dans cette mission par notre ange gardien ! Mais Hélène et Jean s’appuient sur des traditions juives très anciennes et sur les pères de l’Eglise pour reprendre l’idée que les anges ne participent pas seulement à la providence spéciale, c’est-à-dire l’accompagnement de la vie humaine, mais aussi à la providence générale, c’est-à-dire le gouvernement de la création. Je cite : « Car l’ange se tient aux côtés de Dieu, entre les mains de Dieu, pour opérer la Création bien avant l’apparition de l’homme[3]. » La tradition ancienne a toujours envisagé les anges comme des assistants de Dieu pour la bonne organisation de la création, voir ses ouvriers et techniciens, opérateurs de la grande machine du monde. Certains anges reçoivent pour responsabilité un certain domaine d’action et de compétence, comme par exemple la course des astres. Je ne peux m’empêcher de manière anecdotique de dire que c’est cette tradition que C.S. Lewis reprend pour son œuvre littéraire de science fiction, la trilogie spatiale : dans le système solaire, chaque planète se trouve sous la responsabilité d’un ange en vue de son bon développement. Or il se trouve que sur terre, l’ange en question a été tué… fin de la parenthèse. Cette délégation des responsabilités providentielles chez les anges permet de dédouaner l’être humain de sa responsabilité du mal dans la nature. Je cite Hélène & Jean : « Il existe avec nous d’autres créatures libres, qui, dans une maléfique émulation font échec à la Parole de Dieu en étant comme nous co-destructrices au lieu d’être co-créatrices[4]. » Je le disais pour la chronique sur les archanges, le bonheur des mauvais anges c’est de faire du mal à Dieu en s’en prenant à son œuvre chérie, à sa création. Et comment font-ils ? Je cite : « Les mauvais anges ne cessent depuis la chute de disputer le monde à leurs congénères loyaux, et c’est ainsi qu’on peut les juger responsables des éruptions volcaniques et des séismes comme les bons anges le sont de l’arc en ciel[5]. » Ok, Hélène & Jean ne sont pas naïfs et sont parfaitement au courant des lois de la nature qui président à de tels phénomènes. Mais ce fonctionnement physique est justement le fruit de l’action angélique, pour eux, ce n’est pas incompatible. Cela dit, l’être humain, séduit par le tentateur, et surtout berné par lui, en particulier par le mauvais esprit du paradigme technocratique, sait bien se rendre solidaire des démons qui s’en prennent à la terre. Cette solidarité prend la forme de la crise écologique dont nous sommes responsables. Je cite une dernière fois nos auteurs : « Dût son orgueil en souffrir, l’homme est innocent de ces vertiges maléfiques. Mais il en est complice lorsque, par insouciance et égoïsme, […] il est solidaire des mauvais anges qui tourmentent le cosmos[6]. » Alors prions nos anges gardiens, de nous aider à collaborer avec les bons anges recteurs de la création.
[1] . Hélène et Jean Bastaire, Le Dieu mendiant, Paris, Cerf, 2003, p. 48.
[2] . Jean Bastaire, « Labeur céleste », Pâques de l’univers, Arfuyen, Paris, 2009, Coll. « Les Carnets spirituels », p. 32.
[3] . Hélène & Jean Bastaire, La création pourquoi faire, une réponse aux créationnistes, Paris, Salvator, 2010, p. 43.
[4] . Hélène & Jean Bastaire, Le salut de la création. Essai d’écologie chrétienne, Paris, DDB, 1996, p. 22.
[5] . Ibid., p. 25.
[6] . Hélène et Jean Bastaire, Le Dieu mendiant, op. cit., p. 50.
Un Commentaire