Chronique d’écologie intégrale du samedi 27 Décembre 2024, Fête de S. Jean, apôtre et évangéliste
Au deuxième jour dans l’octave de Noël, nous fêtons S. Jean l’évangéliste le 27 décembre. Bien qu’il y ait des controverses sur sa personne, il nous est présenté par les évangiles et la tradition comme le fils de Zébédée, frère de Jacques le majeur, pécheur de son état et originaire de Galilée. Il était disciple de S. Jean-Baptiste. Il est appelé par Jésus à être apôtre alors qu’il raccommodait ses filets au bord du lac de Tibériade et il est l’auteur du quatrième évangile. Il est aussi l’auteur de trois lettres dites canoniques et du livre de l’Apocalypse. Il vécut en exile sur l’île de Patmos sous Domitien et mourut à Ephèse sous Trajan. Il est le premier témoin masculin du tombeau vide, premier apôtre témoin de la résurrection. C’est une des raisons qui fait qu’on lit son évangile pendant le temps de Pâques, chaque jour. Il est dit être le disciple que Jésus aimait, celui qui reçut Marie pour mère au pied de la croix. Il est le théologien de l’incarnation par l’extraordinaire prologue de son évangile, mais aussi théologien de la création, comme nous l’avons envisagé avant-hier en commentant les textes de la messe du jour de Noël. Il est encore le théologien de la nature divine : « Dieu est amour » enseigne-t-il dans sa première épitre (4, 16). De cela nous comprenons mieux pourquoi il met en valeur le commandement de Jésus à l’amour dont son évangile est rempli. Avoir reposé sa tête sur le sein du Christ est l’expérience mystique de cet Amour divin qu’il cherche à transmettre dans ses écrits. Si sa fête est célébrée pendant l’octave de Noël c’est parce qu’il est le témoin par excellence : « ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. » dit-il dans la première lecture (1 Jn 1, 1). Il est représenté dans la Tradition par un aigle. On oppose souvent sa figure à celle de S. Pierre représentant de l’Eglise institutionnelle. S. Jean représente l’Eglise du charisme et de la vie mystique à cause de la centralité de l’amour. Mais l’évangile du jour écrit par S. Jean lui-même montre bien que S. Pierre a la préséance lorsqu’il faut un témoin officiel et détenteur de l’autorité des apôtres. S. Jean laisse sa place à S. Pierre pour descendre en premier dans le tombeau, même si c’est Jean qui courre plus vite. « La Vie s’est manifestée » écrit-il dans la première lecture, au sujet de celui qui a dit de lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Jean en a été le témoin au tombeau, mais cette remarque s’applique aussi pour le mystère de Noël que nous célébrons pendant cette octave. La Vie avec un grand V, c’est la « vie de la vie de toute créature » selon l’expression de S. Hildegarde de Bingen dans son hymne au S. Esprit. Sans elle, c’est toute la création qui tombe dans la mort et le néant. La Vie du Christ est celle de son Père qui rend la vie, qui ressuscite son Fils, et qui nous la transmet en une action de création nouvelle. Que S. Jean soit témoin du Verbe créateur et de son incarnation c’est ce que nous avons vu avec l’évangile de la messe du jour de Noël. Qu’il soit témoin de l’Amour du Christ voilà qui nous intéresse au plus haut point car il faut se rappeler que Jean est un des deux fils du tonnerre, dont la maman voulait qu’ils soient placés l’un à droite et l’autre à gauche du Christ dans son Royaume de gloire. S. Jean a bien retenu la leçon lorsqu’il écrit l’évangile du lavement des pieds (Jn 13). Or cet évangile est capital dans la perspective de l’écologie intégrale car il est la clé de lecture de Gn 1, 28, texte du commandement à la domination de la création. En effet, si on ne comprend pas l’abaissement de Jésus Christ, on ne peut pas comprendre sa royauté et comment nous devons l’imiter. S. Jean nous le montre : c’est par l’amour ! Cet amour de Dieu nous le devons au prochain, mais aussi à toutes les créatures. Or on peut dire que S. Jean va encore plus loin dans la manière dont il nous montre comment prendre soin de la création. J’ai déjà fait cette analogie dans une autre chronique sur la Bienheureuse Vierge Marie, mais je la reprends ici. Elle provient des Petits Frères et Petites Sœurs de la création du Lot. Il y a en effet au pied de la croix un rapport d’analogie à établir entre Marie et la création, et entre S. Jean et l’humanité. S. Jean est le seul à rapporter ce moment fondamental de l’économie du salut au cours duquel Jésus remet sa mère à la garde de son disciple bien aimé. Il est traditionnel de dire que chaque chrétien peut s’identifier à S. Jean et qu’il reçoit de Jésus la mission d’accueillir Marie chez lui, dans son cœur, comme une mère. On peut aller un peu plus loin en identifiant Marie à la représentation de la création tout entière, confiée par Jésus à l’humanité. A la suite de S. François d’Assise, la terre est sœur et mère. Or Marie est reine et mère de la création, en tant qu’elle est la poussée ultime de la création qui est par Marie devenue capable d’accueillir Dieu qui se fait chair. Elle est mère du Créateur, Jésus, Parole créatrice du Père faite chair. Voici donc une raison mystique de l’imitation de S. Jean au pied de la croix : afin de mettre l’amour à la première place dans nos vies, en particulier l’amour de la création et des créatures en accueillant Marie chez nous.
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