Chronique d’écologie intégrale – 30 Novembre 2024 – Mémoire facultative de S. Jean Damascène, prêtre et docteur de l’Eglise

Chronique d’écologie intégrale – 30 Novembre 2024 – Mémoire facultative de S. Jean Damascène, prêtre et docteur de l’Eglise

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Chronique d’écologie intégrale du samedi 23 Novembre 2024, Mémoire facultative de S. Jean Damascène, prêtre et docteur de l’Eglise

S. Jean Damascène est le dernier des pères de l’Eglise grecs que nous fêtons le 4 décembre. Il est né Jean Mansour vers 650 on ne sait pas très bien, et c’est donc avec lui que se termine la période de la patristique. Comme son nom l’indique il est de Damas en Syrie, enfant d’une riche famille chrétienne. Il occupa le poste de trésorier payeur du calife Omeyade de Damas et c’est à l’âge de 35 ou 50 ans qu’il décida de tout quitter pour entrer au monastère de S. Sabas près de Jérusalem, monastère qui existe toujours. Ordonné prêtre malgré lui, il se consacre à l’étude du mystère chrétien. Il est l’auteur d’un livre qui fut célèbre en Occident : Source de la Connaissance. Il fut traduit en latin en 1150 et c’est une des sources théologiques les plus citées par S. Thomas d’Aquin dans la Somme de Théologie. Cette synthèse théologique donnait ainsi accès à toute une série des pères orientaux méconnus des théologiens occidentaux. Dans la controverse des iconoclastes, il a pris la défense du culte des images en lui donnant ses fondements théologiques contre les empereurs Léon l’Isaurien et Constantin V entre 726 et 730. Il est reste toute sa vie à S. Sabas et a partagé sa vie entre la prière, l’écriture et la prédication. Il reçut le titre de « Chrysorrhoas » ce qui signifie, « rivière qui roule de l’or » et qui qualifie son œuvre théologique et sa vie de sainteté. On dit de lui qu’il a récusé cent huit hérésies concernant la personne du Christ. Je ne pensais pas qu’il put y en avoir autant. Il écrit aussi sur le mystère de la Trinité ainsi que sur celui de la Bienheureuse Vierge Marie en son immaculée conception que nous fêtons quatre jours plus tard. Il est mort à cent ans ou presque en 749 ou 750. Il fut proclamé docteur de l’église par le pape Léon XIII en 1890. Dans son Homélie sur la Nativité et la dormition, c’est-à-dire l’Assomption de Marie, il montre la dimension cosmique de la naissance de Jésus et de son incarnation, je cite : « Que la création entière soit en fête et chante d’une sainte femme le saint enfantement. Car elle a enfanté au monde un trésor impérissable de bienfaits. Grâce à elle le Créateur a transmué toute nature en un état meilleur, par l’entremise de l’humanité. Car si l’homme, qui tient le milieu entre l’esprit et la matière, est le lien de toute la création visible et invisible, la Parole créatrice de Dieu, en s’unissant à la nature humaine, s’est unie par elle à la création entière[1]. » A travers ce texte nous voyons que S. Jean de Damas est le théologien de la sanctification de la création. La création n’est pas sacrée en elle-même, mais elle est sanctifiée par Dieu en prenant et assumant la nature humaine. C’est une des composantes de la Bonne Nouvelle de la Création qui nous pousse ainsi à développer pour elle un respect, pour le coup, « sacré », selon l’expression du pape François dans Laudato si’ (89). C’est aussi à cause du mystère de l’incarnation qu’il nous est autorisé de faire des images et représentation des mystères divins. « Si c’est l’icône du Dieu invisible que nous faisons, nous serions dans l’erreur[2] » dit le Damascène dans son livre : Contre ceux qui rejettent les saintes icônes. Voilà qui est intéressant pour nous aujourd’hui car cela vient éclairer le sens du livre de la nature. Dieu fait des images et représentations de lui-même : le Christ, image parfaite du Père ; la créature humaine, en Gn 1, 26 ; et… la création qui porte en elle les reflets de la gloire du Créateur. C’est bien ce que Calvin a retenu face à Luther et contrairement à lui. Si les protestants rejettent les représentations de Dieu, ce sont celles de mains d’homme. Mais Dieu peut faire autant d’image de lui qu’il veut. Le livre de la nature est donc le lieu de visibilité de Ses reflets, traces ou vestiges, comme le rapporte la Tradition. C’est justement le rôle du Christ incarné que de nous ouvrir les yeux sur le livre de la nature pour le lire correctement, notamment à la lumière de sa parole, dans les saintes Ecritures. La Tradition orthodoxe orientale, forte de l’héritage de S. Jean Damascène va encore plus loin aujourd’hui en se figurant que la création est comme une icône qui révèle Dieu. Le Modèle de cette icône c’est le Verbe divin, la Parole divine ; et l’iconographe en est le Saint Esprit. L’icône comme objet est dans la création une fenêtre ouverte sur le ciel, ce n’est pas qu’une simple illustration. Si la création est une icône exprimant le Verbe de Dieu dans sa totalité, elle comporte alors une dimension sacramentelle qui par sa médiation nous met en présence du mystère de Dieu. La sanctification de la création par l’incarnation, vient achever le travail iconographique de l’Esprit Saint qui écrit la création.

[1] . S. Jean Damascène, Homélies sur la Nativité et la Dormition, SC 80, 1961, p. 47-49.
[2] . S. Jean Damascène, Contre ceux qui rejettent les saintes icônes. In : La Foi orthodoxe. Traduction d’Emmanuel Ponsoye. Paris, Les Editions de l’Ancre, coll. « l’Arbre de Jessé », 1966, p. 276.

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