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Chronique d’écologie intégrale du 29 décembre 2024, Dimanche de la sainte Famille Année C
Les lectures de ce dimanche de la sainte Famille nous invitent à demeurer dans la maison du Seigneur. Je vous propose d’explorer ce thème à la lumière de l’écologie intégrale. La maison du Seigneur c’est le temple de Jérusalem. Les lectures de ce jour l’identifient bien : c’est le lieu où Samuel va grandir, celui où Jésus est aux affaires de son Père. Mais la deuxième lecture inverse le mouvement pour parler du cœur de l’homme comme lieu où Dieu vient demeurer. Je le rappelle ici, le temple de Jérusalem comporte une dimension cosmique. Il symbolise la création tout entière. Habiter le temple de Jérusalem c’est donc dire deux choses complémentaires : c’est habiter un résumé symbolique de la création ; et dire que le temple est la demeure de Dieu, c’est dire que Dieu habite la création tout entière. Habiter la maison du Seigneur pour Samuel, relève d’un don de sa personne : le personnel du temple est consacré au Seigneur. Le prêtre qui est au service du temple accomplit une liturgie qui embrasse la totalité de la création. Le premier chapitre du livre de la genèse, le récit de la création, est justement un texte liturgique écrit pour la célébration du culte dans le temple. Le prêtre dans le temple accomplissant le culte symbolise la place de l’être humain dans la création qui sert Dieu par le gouvernement sage et responsable de la création. Ce service du temple et la culture du jardin de la création (Gn 2,15) sont une seule et même action et c’est le même verbe en Hébreux qui la signifie : « heved », « servir ». Le psalmiste exalte cette position de celui qui habite la maison du Seigneur : « De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers. Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur » (Ps 83, 2-3). Il y a dans ce verset une tension entre le lieu bien identifié géographiquement et le fait que Dieu soit le Seigneur de l’univers tout entier. Dans le jeu de relations symboliques entre la maison-temple et la maison-création, il n’y a pas d’opposition à dire que Dieu habite tel lieu dans la mesure où ce lieu renvoie symboliquement à toute la création.
Cela devrait renouveler notre relation à nos églises. Les bâtiments de nos églises sont aussi faits pour symboliser la création tout entière. La manière dont nous habitons nos églises, en particulier dans la liturgie devrait ainsi inspirer notre manière d’habiter la maison commune. Le Ps 83, 5 nous offre une nouvelle béatitude : « Heureux les habitants de ta maison Seigneur, ils pourront te chanter encore ». Habiter la maison de Dieu, habiter la maison commune sont des actions qui ont un sens profondément religieux et spirituel. « Dominer et soumettre », en Gn 1, « cultiver et garder » le jardin de la création selon Gn 2, être des bons gardiens de la création dans Laudato Si’, c’est comme accomplir une liturgie dans l’église, et chaque être humain accomplissant cet œuvre, en est le prêtre. L’évangile montrant Jésus voulant demeurer chez son Père, nous invite à contempler un autre mouvement, celui de l’habitation de la création par Dieu. Le temple est la maison du Père de Jésus, et Jésus lui-même enfant-Dieu vient pour demeurer chez son Père.
Le temple symbolisant la création nous pouvons dire que Dieu habite la création tout entière. A Noël, Jésus vient donc symboliquement rejoindre l’ensemble de la création. Mais rappelons-nous d’une chose. En ce deuxième chapitre de l’évangile de Luc, nous avons la deuxième venue de Jésus à Jérusalem. En effet, Jésus a déjà été présenté au temple peu de temps après sa naissance en tant que premier né. Du côté de Joseph, Jésus descend de la maison de David, mais du côté de Marie, saint Luc nous indique que Jésus descend d’une famille de lévites, il est donc prêtre de naissance. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est présenté au temple. Jésus, à douze ans, a bien conscience que dans le temple il est bien à sa place.
Je trouve intéressant, en ce temps de Noël d’établir un parallèle entre la venue de Jésus au temple pour demeurer chez son Père, et le fait de l’Incarnation de Jésus, sa venue dans la création, parmi les hommes et parmi les créatures. Pour nous cela signifie que la création est un temple dans lequel il possible d’y rencontrer Dieu, de reconnaitre sa présence en toute chose comme saint François d’Assise a pu le faire. Il est un lieu particulier de la création dans lequel Dieu aime demeurer, et dans lequel il nous invite à demeurer avec lui : notre cœur. Saint Jean nous le rappelle en la première épître : « Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui » (1 Jn 3, 24). Saint Paul nous le dit différemment, mais il nous rappelle que notre corps est le Temple de l’Esprit Saint.
Je retiens de ces lectures que Dieu a multiplié les moyens de se rendre présent pour nous, j’en note quatre, comme les relations fondamentales de l’écologie intégrale : (1) dans des temples de pierre, (2) dans le temple de la création, (3) dans le temple du prochain, (4) dans le temple de notre corps, ou de notre cœur… et nous, nous passons notre temps à passer à côté de lui… Avec la sainte Famille, demandons à Dieu d’avoir le désir d’habiter sa maison avec lui. Les quatre à la fois si possible !
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