Chronique d’écologie intégrale du samedi 27/07/2024, Mémoire obligatoire de Saint Ignace de Loyola, prêtre
A la plus grande gloire de Dieu » telle est la devise de la Compagnie de Jésus, dont nous fêtons le saint fondateur le 31 juillet, S. Ignace de Loyola. Il est né au Pays basque en 1491. Il fut un homme mondain, qui a servi comme chevalier à la cour du roi d’Espagne et de Navarrejusqu’à l’âge de trente ans. Il fut grièvement blessé par le « boulet de Pampelune », le 20 mai 1521, et après une longue convalescence, il débuta une nouvelle vie de pèlerin vers Montserrat. Il fit un séjour d’un an à Manresa (en 1522) méditant sur l’exemple des saints. Ce fut l’expérience fondatrice à la source des Exercices spirituels. Il voyagea beaucoup, à Jérusalem, Barcelone, Alcala, Salamanque, Paris (1528-1534) où il fit ses études de théologiepuis rassembla ses premiers compagnons. Puis ce fut Venise et Rome entre 1537-1556 date à laquelle il mourut. C’est en 1539 que la compagnie est instituée comme ordre et en 1541 qu’il en est élu supérieur général. Sa vie nous est bien connu par un récit autobiographique, le Récit du pèlerin. Il fut canonisé en 1609. Aujourd’hui de nombreux chrétiens se dirigent dans des centres ignaciens pour suivre des retraites, en particulier de discernement des esprits. L’objectif des Exercices est de grandir en liberté intérieure en vue de suivre le Christ, je cite :« Préparer et disposer l’âme pour écarter de soi tous les attachements désordonnés et […] pour chercher la volonté divine dans la disposition de sa vie en vue du salut de son âme. » Saint Ignace est un saint très important en ce qui concerne l’écologie intégrale car il ne faut pas oublier qu’il a profondément marqué le pape François, lui-même jésuite de vocationreligieuse. On va donc retrouver certains éléments d’inspiration ignacienne dans Laudato si’. Par exemple, au cœur des Exercices se trouve le très important « Principe et Fondement » qui vise à faire naître « l’indifférence » ou la juste relation aux choses et aux êtres, je le cite : « L’homme est créé pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur et par la sauver son âme,et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans lapoursuite de la fin pour laquelle il est créé. » On pourrait penser ici à de l’anthropocentrisme, mais aujourd’hui les jésuites élargissent la signification de ce principe en identifiant la responsabilité humaine pour la sauvegarde de la maison commune, comme lieu du service de Dieu en valorisant par exemple le cercle vertueux du souci de la terre et du souci des pauvres. Aujourd’hui, progressivement les centres spirituels ignaciens deviennent des écocentres spirituels, comme celui du Chatelard près de Lyon, ou celui des Saint Hugues de Biviers, près de Grenoble. En leur sein est développée la conscience de l’interdépendance entre toutes les créatures (et pas seulement humaines) pour déployer une vision plus large de la vie. Les exercices promeuvent encore une spiritualité et une théologie de la présence de Dieu dans la création, comment dans Dieu est-il présent dans tous les êtres sans pour autant identifier la nature à Dieu. Citons par exemple, le deuxième point de « La contemplation pour parvenir à l’amour » : « Regarder comment Dieu habite dans les créatures : dans les éléments en leurdonnant d’être, dans les plantes en les dotant de la vie végétale, dans les animaux en les dotantde la sensation, dans les hommes en leur donnant de comprendre ; et ainsi à moi, me donnantd’être, me dotant de la vie, de la sensation, et me faisant comprendre » A cela fait directement écho le paragraphe 88 de Laudato si’ parlant de la présence active de l’Esprit saint créateur dans les créatures. Le saint Père reformule et prolonge en disant : « En toute créature habite son Esprit vivifiant qui nous appelle à une relation avec lui. La découverte de cette présence stimule en nous le développement des “vertus écologiques” » (LS 88). De même, le troisièmepoint de « La contemplation pour parvenir à l’amour » renchérit, je cite : « Considérercomment Dieu travaille et œuvre pour moi dans toutes les choses créées sur la face de la terre,c’est-à-dire qu’il se comporte à la manière de quelqu’un qui travaille, par exemple, dans lescieux, les éléments, les plantes, les fruits, les troupeaux, etc., leur donnant d’être, lesconservant, les dotant de la vie et de la sensation, etc. » Ici c’est le paragraphe 80 de Laudato si’ qui identifie l’activité de l’Esprit Saint créateur dans sa dimension dynamique et présente d’une création continuée. Je cite : « Cette présence divine, qui assure la permanence et le développement de tout être, “est la continuation de l’action créatrice” ». Aujourd’hui, les fils et les filles de saint Ignace font partie des communautés religieuses les plus engagées sur le front de l’écologie intégrale.
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