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Radio Présence Cahors-Figeac
Les témoins du Verbe incarné [1] 25 décembre, Solennité de la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, Messe de l’Aurore
La troisième messe de la solennité de Noël – messe dite « des bergers » – est celle de l’aurore, c’est-à-dire de bon matin, avant celle du jour et surtout avant le lever du soleil entre 6 et 7h00. Commençons par dire que les quatre messes de Noël sont des liturgies qui déclinent le sens de la lumière. La messe de la veille au soir, au moment ou le soleil se couche et la lumière décline signale la fin du temps de l’attente messianique. La messe de la nuit, au cœur des ténèbres, annonce la lumière qui jaillit. La messe du jour au cours de laquelle, après le lever du soleil, la lumière a triomphé. Et la messe de l’aurore en troisième position qui est témoin directe de la lumière qui pointe et qui renaît. S. Thomas d’Aquin parlait ainsi de la messe du « Christ comme lumière naissante ». Notons que la liturgie s’associe le temps de la création pour que, par ses évènements naturels, soient symbolisés les événements de l’histoire du salut. Par cette association temporelle, c’est aussi toute la création qui participe à cette liturgie. Mais S. Thomas d’Aquin a aussi mis un accent particulier sur cette messe matinale en référence aux trois naissances du Fils de Dieu, qui sont : (1) selon l’éternité, et l’engendrement éternel du Père, mystère célébré pendant la messe de la nuit ; (2) la naissance selon le temps comme une personne humaine, mystère célébré pendant la messe du jour. La troisième naissance est celle qui a lieu dans nos âmes et qui est justement célébrée à la messe de l’aurore. Le matin tôt est un temps favorable à l’intériorité et l’accueil spirituel de Jésus en nos cœurs. Prenons quelques instants pour méditer avec Marie sur cet aspect de l’événement qui semble suffisamment important pour que S. Luc décide de le mentionner dans son évangile dont il a reçu un témoignage de première main par Marie elle-même. L’évangile de la messe de l’aurore insiste sur les premiers témoins de la naissance de Jésus. Ce sont les bergers qui viennent de recevoir la nouvelle par le chœur des anges, qui au passage leur ont appris à chanter le Gloria. En mettant l’accent sur les bergers, la liturgie insiste sur les aspects humains du mystère que la piété populaire affectionne particulièrement. Ce sont des gens simples comme nous qui ont accueilli Jésus le jour de sa naissance. Avec nous ce matin, au seuil de la crèche nous rejouons la scène et accueillons ce Dieu qui n’a pas dédaigner rejoindre notre modeste condition. Même s’ils représentent ce qu’ont été les Hébreux dans leurs origines nomades et pastorales, les bergers sont devenus les symboles des exclus de la société : malfamés, pauvres et rejetés. Les premiers donc à recevoir le Messie sont les marginaux, les derniers, ceux qui semblent donc les plus éloignés de la droiture religieuse des juifs qui attendent eux-mêmes le Messie libérateur d’Israël. En les incluant, S. Luc a le souci de montrer que le ministère de Jésus est un ministère visant à créer la fraternité entre tous les humains, ce qui est une composante actualisée de l’écologie intégrale, notamment dans l’encyclique Fratelli Tutti. La première lecture et le psaume permettent de prolonger ce sens en convoquant la dimension universelle de la mission du Messie. Le message des anges, et celui des bergers, doit se répandre « jusqu’aux extrémités de la terre » selon l’expression du Prophète Isaïe (62,11). La tension qui existe entre les bergers de Bethléem et les extrémités de la terre, que le psaume fait figurer par la convocation « des îles sans nombre » (Ps 96, 1), fait naître le projet de la fraternité universelle entre les peuples et entre tous les humains. Le même thème sera repris dans deux semaines avec la fête de l’épiphanie. Mais dans le psaume, le premier témoin de cette nouvelle, c’est le ciel qui en proclame la justice, de la même manière qu’il le fait dans le Ps 18 qui sert notamment de référence privilégiée pour nous faire comprendre que la création a quelque chose à nous faire savoir sur Dieu. Mais avant les bergers, la tradition populaire nous dit que les premiers témoins de la naissance de Jésus étaient peut-être les bestiaux qui étaient présents dans l’étable, à savoir le bœuf et l’âne. Nous reviendrons dans la chronique suivante sur la signification profonde de leur présence. Il ne faut pas les considérer comme des éléments de décor, mais selon une fonction qui illustre bien la mission universelle du Christ et qui confirme la finale de l’évangile de S. Marc (16, 15) dans laquelle Jésus invite à annoncer la Bonne nouvelle à toute la création et à toutes les créatures inclusivement. Ce point est renforcé par le fait que les bergers symbolisent chacun d’entre nous venant adorer le Fils de Dieu à la crèche. Chacun d’entre nous créés à l’image de Dieu, ce qui implique d’être de bons gardiens de la création, des bons bergers de la création chargés de veiller sur elle et de l’amener à Dieu notamment par l’annonce de la Bonne Nouvelle. Joyeux Noël !
[1] Chronique d’écologie intégrale Radio Présence Cahors-Figeac du mercredi 25/12/2024.
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