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Noël, un acte lumineux de création nouvelle[1] 25 décembre, solennité de la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, Veille au soir de Noël
Pour la solennité de Noël, il n’y a pas moins de quatre messes. Il faut bien ça pour marquer le poids de la deuxième fête la plus importante du calendrier liturgique après Pâques : la naissance de notre Dieu en notre chair. Les textes de la messe de la veille au soir sont encore dans l’annonce et dans l’imminence de la venue de Jésus. C’est seulement à la fin de l’évangile selon S. Matthieu que l’on parle brièvement de l’accouchement de Marie. C’est le privilège de la messe de la nuit de Noël que de détailler cet événement. On peut dire que dans ce choix de la liturgie nous avons un concentré des attentes messianiques : Jésus est la lumière attendue par le peuple d’Israël comme le rappellent la première lecture et le psaume. Dans la deuxième lecture, S. Paul fait aux Juifs en quelques lignes un résumé de l’histoire du Salut, de la sortie d’Egypte jusqu’à S. Jean Baptiste. Et L’évangile qui inaugure le texte de S. Matthieu rapporte la généalogie de Jésus, autre manière de refaire l’histoire du salut depuis Abraham cette fois-ci. Et jusqu’au dernier moment, cette histoire ne s’est pas réalisée simplement car il on se représente bien le drame et le dilemme que l’accueil de Jésus dans la vie de Joseph a dû être. La petite Marie, elle a eu bien du courage et de la foi pour aller jusqu’au bout de sa mission dans ces circonstances socialement périlleuses. Dans la première lecture, le Messie est annoncé comme étant la lumière. C’est un thème d’une grande portée symbolique dans la Bible et dans les représentations humaines. Arrêtons-nous un peu sur cet élément de la création. Sans lumière on ne peut rien voir, étant donné que nous ne sommes pas des animaux nocturnes, la vie est donc très difficile sans elle. D’ailleurs les jours qui rétrécissent ne sont pas vécu joyeusement, et nous préférons allègrement ceux qui grandissent, car ils sont promesse de vie. C’est pourquoi la fête de Noël a été placé du moment du solstice d’hiver, pour signifier que la lumière de Dieu a remporté la victoire sur les ténèbres. Ainsi les rythmes naturels de la vie de la planète sont convoqués comme des symboles très forts de ce qui se trame dans l’invisible et dans la perspective du salut donné par Dieu. On peut aussi faire un parallèle important entre la lumière annoncée au commencement de la vie de Jésus, et celle qui survient au premier jour de la création en Gn 1, 3. « Et Dieu dit : “que la lumière soit. Et la lumière fut.” ». C’est étonnant. Une parole est prononcée et elle fait exister la lumière physique. Avec Jésus, incarnation du Verbe divin, la Parole est envoyée dans le monde et dans la personne de Jésus, sa vie et son message, la vraie lumière de Dieu est donnée au monde comme le dit S. dans son prologue lu pour la messe du jour de Noël. Enfin au jour de Pâques, c’est la lumière de la résurrection qui est donné pour faire de nous des créatures nouvelles par le baptême. La venue de Jésus en notre chair est bien un acte de salut annoncé par les prophètes. Mais le thème de la lumière nous indique aussi que cet événement est aussi un acte de création : La parole créatrice vient en notre chair pour nous donner la lumière incréée de Dieu. Avec la venue du Verbe en notre chair et du Messie, c’est la création qui change de régime pour passer de celui de la création ancienne à celui de la création nouvelle. Nous découvrons alors avec stupeur et émerveillement qu’il n’y pas de différence entre créer et sauver pour Dieu. Créer c’est déjà sauver. Sauver c’est un acte de création. Le prophète Isaïe est d’ailleurs celui qui sait mieux le dire : les actes de salut lors de la sortie de l’exil à Babylone sont présentés comme étant créés par Dieu. La lumière insiste sur la nature divine de la personne de Jésus Christ. Mais la liturgie étant bien faite, elle nous montre également à quel point Dieu s’est fait homme et a assumé la nature humaine. Cela commence avec le thème de l’épousée. En Is 62, 4 l’épousée représente le peuple d’Israël. Le don du messie au peuple est comme un mariage d’amour entre Dieu et son peuple. Marie la mère de Jésus est cette représentante du peuple élu qui accomplie jusque dans ses entrailles la réalisation de cette promesse d’union. A travers Marie Dieu s’unit au peuple d’Israël pour donner naissance au Messie. A travers Marie Dieu s’unit à toute l’humanité qui porte désormais les promesses de bénédiction faites à Israël. Or en En Is 62, 4 le texte dit que c’est la terre qui sera appelée « épousée ». A travers Marie, Dieu s’unit à toute la création, en tant qu’elle est la représentante des créatures capables de Dieu, destinées à recevoir Dieu, pour que la création tout entière puisse accueillir son Créateur et Sauveur. Sans la nature humaine de Jésus, assumée en Dieu, la création ne peut participer au salut qui lui est promis. Aussi voilà pourquoi il est important en ce soir de Noël de faire mémoire de toutes les générations dont Jésus est issu. Aussi est-il important de signifier que Dieu assume toutes les imperfections de cette lignée jusqu’à la dramatique et l’incertitude vécues par un certain Joseph descendant de David et fiancé à une femme enceinte qu’il accepte d’accueillir sur la parole d’un ange qui est néanmoins envoyé pour l’aider dans son discernement. Dieu assume notre humanité jusque dans ses incertitudes, signes de notre condition fragile de créature. Joyeux Noël !
[1] Chronique d’écologie intégrale Radio Présence Cahors-Figeac du mardi 24/12/2024.
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