Chronique d’écologie intégrale du samedi 24/08/2024, Mémoire obligatoire de S. Augustin d’Hippone, évêque et docteur de l’Eglise
Il est le Père de l’Église le plus célèbre de l’Occident chrétien, j’ai nommé saint Augustin d’Hippone et il est fêté le 28 août. Le Dictionnaire des saints dit à son sujet, je cite : « Père entre tous des Pères de l’Eglise, Docteur de la grâce, symbole même du converti, moine, pasteur, théologien auteur d’une œuvre monumentale, et encore écrivain de génie, Augustin n’aura cessé d’influencer l’esprit et l’imaginaire de l’Europe ». Cela résume bien l’ampleur du monsieur. Citoyen romain originaire de Thagaste en Afrique du Nord en 354, berbère selon l’ethnicité, il a reçu une formation de rhéteur, et exerce ce métier en passant par Carthage, Rome et Milan où il devient disciple de saint Ambroise. Mais avant de devenir chrétien, il adhéra un temps à l’hérésie manichéenne. L’intercession et les pleurs de sa maman, sainte Monique, les encouragements de saint Ambroise et la découverte de la philosophie platonicienne eurent raison de lui et suite à une expérience mystique il demanda le baptême à trente-deux ans en 387. Il trouva le Christ à l’intérieur de lui alors qu’il le cherchait à l’extérieur. Après une expérience monastique de trois ans, il est appelé par l’évêque d’Hippone en 391 pour l’aider dans sa charge pastorale et il lui succède en 395. Son œuvre théologique et pastorale est influencées par les hérésies que son peuple rencontre : donatisme et pélagianisme sont l’occasion de l’élaboration d’un corpus de doctrine qui ont traversé les siècles. Je cite encore le Dictionnaire des saints qui résume bien l’envergure de sa production théologique : « cent treize Traités – dont le De Trinitate et la Citée de Dieu qui inaugure la théologie de l’histoire -, deux cent dix-huit Lettres, plus de cinq cents Sermons, des Dialogues, des Commentaires, de l’Ecriture et, enfin, cet ouvrage unique que sont Les Confessions, la première autobiographie de tous les temps. » C’est dans ce dernier ouvrage qu’il médite sur la liberté humaine en rapport avec la grâce et le péché, mais aussi sur le temps, une réflexion que tous les philosophes modernes lui reprendront par la suite. C’est donc avec une vie bien remplie qu’il s’éteint en 430 peu avant que les Vandales ne pénètrent sa ville. Augustin est aussi un auteur et une source incontournable pour approfondir « la bonne nouvelle de la création » aux fondations de l’écologie intégrale. Dans un esprit d’anticipation assez étonnant de la vision darwinienne et même teilhardienne du monde. Il voit dans la souffrance animale et les relations violentes, présentes dans la nature, les éléments d’une harmonie que nous sommes incapable s de saisir étant donné que nous faisons nous-même partie du système que nous ne pouvons observer dans la totalité. Voici ce qu’il en dit : « Si quelqu’un ignorant vient à entrer dans l’atelier d’un artisan, il y voit des instruments nombreux dont il ignore la raison d’être, et, s’il a très peu d’esprit, il les pensera inutiles. Si par la suite, par irréflexion, il tombe dans le foyer, ou se blesse à quelque fer aiguisé, il estimera qu’il y a là beaucoup d’êtres nuisibles ; et l’artisan qui en sait l’usage se moquera de son peu d’esprit. C’est ainsi qu’en ce monde certains osent critiquer bien des choses dont ils ne voient pas les raisons ; car nombreuses sont celles qui, bien que non nécessaires à notre demeure, ont cependant leur rôle pour parfaire en son intégrité l’univers ». On tient ainsi de lui que les créatures ont une valeur propre aux yeux de Dieu, en tant qu’elles existent, car toute la création tire son existence de Dieu qui est bon, et en les créant il leur communique sa bonté. L’intelligence humaine doit être au service de la reconnaissance de cette bonté des créatures. Penser que la création a été faite pour l’usage humain est une erreur. D’après S. Augustin, je cite, « Ce n’est donc pas par rapport à notre confort ou à notre inconfort, mais par rapport à leur propre nature, que les choses créées rendent gloire à leur Créateur. » S. Augustin aurait pu être cité par le pape François au paragraphe 80 de Laudato si’ quand ce dernier situe la création continuée comme élément de la bonne nouvelle de la création : Dieu continue de créer dans le temps car il a inclus des éléments de paroles créatrices dans la création comme des semences du Verbe, qu’il nomme « raisons causales ». C’est par elles que la création se déploie dans le temps en des créatures nouvelles tout au long de l’histoire de la vie. Avec lui prions pour que la citée des hommes soient rendue plus conforme à celle de Dieu, peut-être par la mise en œuvre de l’écologie intégrale.
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