*Chronique d’écologie intégrale – 23 Juin 2025 – Solennité de la naissance de S. Jean Baptiste, messe de la veille au soir

*Chronique d’écologie intégrale – 23 Juin 2025 – Solennité de la naissance de S. Jean Baptiste, messe de la veille au soir

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Chronique d’écologie intégrale du lundi 23 Juin 2025, Solennité de la naissance de S. Jean Baptiste, messe de la veille au soir

Quelle est la mission du prophète ? citons la première lecture de la messe de la veille au soir de la solennité de la naissance de S. Jean Baptiste, le 24 juin. « Je mets dans ta bouche mes paroles ! Vois : aujourd’hui, je te donne autorité sur les nations et les royaumes, pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter. » Heureusement que la fin de la déclaration est plus constructive car sinon, on pourrait penser qu’un prophète n’est qu’un pourvoyeur de chaos. Dans la Bible, le prophète se lève pour dénoncer l’injustice des puissants, en particulier ceux qui représentent le pouvoir légitime. En effet en Israël, royauté et prophétisme sont nés ensemble au temps de Samuel et de Saül. C’est donc une fonction à dimension politique bien que le prophète n’ait jamais de programme à fournir. C’est le boulot du souverain. Un chrétien est prêtre prophète et roi, c’est le baptême qui lui confère cette fonction, cette mission, cette vocation. En période de crise, chaque chrétien et la communauté chrétienne dans son ensemble, sont donc attendues sur le champ prophétique pour dénoncer les errements du pouvoir. La période de crise écologique s’y prête particulièrement. Mais le Ps 70 donne un nouvel indice sur la fonction prophétique : « Ma bouche annonce tout le jour tes actes de justice et de salut ». La fonction prophétique n’est donc pas seulement critique mais aussi de mise en valeur de l’œuvre de Dieu dans le monde et identifier également les lieux de grâce. On peut dire que le film « Demain » a pu jouer ce rôle il y a 10 ans. Mais au sein de l’écologie intégrale il est une question d’écologie humaine sur laquelle beaucoup buttent encore mais aussi sur laquelle beaucoup se lèvent aussi de manière prophétique : le respect de l’enfant à naître dès sa conception. L’embryon et le fœtus doivent-ils être considérés comme des personnes à part entière ? Je trouve que les lectures de la messe de la veille au soir de notre solennité apportent un éclairage des plus poignant : au sujet de S. Jean Baptiste, il est dit dans l’évangile : « il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère ». Le psaume surenchérit en faisant dire au psalmiste : « Toi, mon soutien dès avant ma naissance, Tu m’as choisi dès le ventre de ma mère. » Et la première lecture indique même l’attente du prophète par Dieu dès avant la conception : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations ». Ces paroles sont -elles réservées à ceux que le Seigneur s’est choisi pour messager ? Ou s’appliquent-elles pour tout être humain ? Lors de la fête de la Visitation nous avons eu aussi cette scène émouvante de la rencontre de deux mères qui se sont reconnues parce que leurs enfants à naître s’étaient eux-mêmes reconnus depuis le sein maternel, en tout cas celui de six mois a reconnu l’embryon qu’étaient alors Jésus en Marie. Ainsi théologiquement et surtout bibliquement parlant, nous avons tous les arguments qu’il nous faut pour appliquer le respect dû à une personne aux enfants à naître et ce, dès les premiers instants de leur vie biologique. Cela reste un enjeu philosophique afin de rendre compte de cet aspect de l’écologie intégrale, en raison et accessible à toute personne de bonne volonté, habitant cette terre. L’enjeu de l’écologie intégrale est de bien montrer en quoi les problématiques écologiques et les problématiques sociales, ou encore de bioéthique sont interdépendantes, ainsi que l’enseigne le pape François dans Laudato si’, je cite : « Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap – pour prendre seulement quelques exemples – on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié. » (LS 117) Et plus loin il complète en citant Benoît XVI : « Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement. Un chemin éducatif pour accueillir les personnes faibles de notre entourage, qui parfois dérangent et sont inopportunes, ne semble pas praticable si l’on ne protège pas l’embryon humain, même si sa venue cause de la gêne et des difficultés : « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent[1] » ». (LS 120) On peut finalement extrapoler la vocation prophétique de S. Jean Baptiste pour aujourd’hui. Il est le prophète de la dignité de la personne humaine, depuis le début, jusqu’à la fin de la vie, comme il est aussi le prophète de la sobriété heureuse, d’après le mode de vie qu’il a adopté au désert. Puissions-nous nous mobiliser prophétiquement sur chacun de ces fronts.

[1] Benoît XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 28.

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