Chronique d’écologie intégrale du samedi 20/07/2024, Fête, en Europe, de Sainte Brigitte de Suède, religieuse
Fêtée le 23 juillet, sainte Brigitte de Suède est une femme issue de l’aristocratie du xive siècle bien représentative de son milieu social et de son époque. Née en 1303 dans une famille apparentée à la famille royale de de Suède, elle se marie très jeune et a de nombreux enfants, huit au total. Avec son mari, elle adopta comme règle de vie celle des tertiaires franciscains. Elle fonda même un hôpital. Elle devint veuve en 1344 lorsque son mari revint du pèlerinage à S. Jacques de Compostelle. Cela qui lui laissa le temps et les ressources de fonder l’ordre du Saint Sauveur à partir de 1346 selon la règle de saint Augustin. C’est aujourd’hui trois ordres qui se réclament de son héritage. Elle passa ensuite vingt-trois ans à Rome et en Italie dans la pauvreté et la prière avec Catherine de Suède, sa fille. Elle y meure en 1373 après un pèlerinage en terre sainte. Ses sœurs sont connues sous le nom de brigittines, et ce fut même sa propre fille, Catherine qui fut la première abbesse d’un de leur monastère. S. Brigitte fut canonisée en 1391 et proclamée co-patronne de l’Europe par S. Jean Paul ii en 1999. Elle est aussi la sainte patronne de la Suède et des pèlerins. Le saint pape dit d’elle : “La figure de la sainte suédoise, d’avant la réforme, reste un précieux lien œcuménique[1]» dans un pays maqrqué par la Réforme luthérienne. Brigitte est surtout connue pour être une grande mystique privilégiée de nombreuses visions ou révélations privées, entre 1350 et 1360, elle rédigea d’ailleurs les livres de ses Révélations,traduit en français sous le titre Prophéties merveilleuses de sainte Brigitte, à Lyon, en 1536. Ces dernières sont centrées sur la passion du Christ, la compassion de la Bienheureuse Vierge Marie et bien sûr à l’époque sur le problème du pape en Avignon et les mœurs déréglées du clergé. Par bien des aspects sainte Brigitte ressemble à sainte Hildegarde de Bingen : visionnaire, fondatrice de monastère, missionnaire sur les routes de campagne, aiguillon dans la chair des papes et des puissants ! Elle est le signe de ce que les femmes avaient leur place dans l’Eglise médiévale et même une position particulière dans leur capacité à interpeler la hiérarchie masculine dans leur manquement à observer l’Evangile. Il est frappant de voir que les textes de la liturgie du jour de la fête de sainte Brigitte ne mettent pas l’accent sur la dimension mystique de la sainte mais plutôt sur sa place de mère de famille ce qui me donne l’occasion de mettre en lumière la place de la famille dans la perspective de l’écologie intégrale. La première lecture tirée du livre de Tobie est souvent prise pour les mariages et célèbre la beauté du couple humain. Je cite : « C’est toi qui as fait Adam ; tu lui as fait une aide et un appui : Ève, sa femme. Et de tous deux est né le genre humain. » Sainte Brigitte se situe dans la mise en œuvre du commandement à multiplier et à emplir la terre avec ses huit enfant mis au monde. Est-ce un modèle à suivre en cette période de crise écologique ? Je dirai que oui à condition que l’on suive sainte Brigitte jusqu’au bout, c’est-à-dire dans le choix d’une vie pauvre et sobre, c’est-à-dire qui n’exerce pas de pression excessive sur l’environnement et ses ressources. Comme le dit le pape François dans Laudato si’, une fécondité généreuse n’est pas un problème dans le cadre d’une société fondée sur la sobriété et l’écologie intégrale car l’empreinte écologique de la famille humaine n’excédera pas une planète. Le Ps 33, 11 invite d’ailleurs à cette vie de simplicité, dans la confiance dans la providence du Seigneur, « Saints du Seigneur, adorez-le : rien ne manque à ceux qui le craignent. Des riches ont tout perdu, ils ont faim ; qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien. » Le témoignage de sainte Brigitte dérangeait car il ne convenait pas à une dame de partager la vie des miséreux. A une princesse romaine qui lui reprochait de ne pas savoir garder son rang, elle répondit : « Jésus s’est abaissé sans avoir eu votre autorisation. » Or cet abaissement, et le modèle que tout chrétien doit suivre pour l’imiter et vivre la vocation d’être humain dans le service de la création. Mais la famille de sainte Brigitte s’est élargie fortement avec la création de l’ordre du saint Sauveur, à l’appel du Christ comme dans l’évangile de ce jour, je cite Jésus : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » (Mc 3, 34b-35) La jonction est d’ailleurs faite dans la vie même de sainte Brigitte car sa propre fille, Catherine a rejoint son ordre. C’est ainsi que S. Brigitte nous ouvre la voix de la fraternité universelle à laquelle le pape François nous invite dans Fratelli Tutti. C’est une fraternité qui s’enracine en un lieu, une famille charnelle, une communauté qui nous donne naissance, mais qui sait accueillir tout prochain comme un frère ou une sœur.
[1] Jean Paul II, 1999.
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