Chronique d’écologie intégrale du samedi 17/08/2024, Mémoire obligatoire de La BVM, Reine
Huit jours après l’assomption, c’est-à-dire dans l’octave qui suit la solennité nous continuons de fêter la Bienheureuse Vierge Marie, cette fois-ci sous l’angle de sa royauté :Marie Reine. Cette fête a été instituée par le pape Pie XII en 1954, quatre ans après la proclamation du dogme de l’Assomption de Marie. L’antienne du psaume invitatoire de l’office des Laudes du jour formule ainsi le cœur du mystère ainsi célébré : « Le Christ Roi des rois, a couronné sa mère, Venez adorons-le. » Notez bien qu’il s’agit ici d’adorer le Christ, pas Marie. Ce couronnement apparaît comme successif à l’assomption de Marie en Dieu dans la totalité de sa personne. Dans la gloire du Père, le Christ est le roi de l’univers, fête que nous célébrons le dernier dimanche du temps ordinaire. Or Marie est la mère du Roidont le règne n’aura pas de fin, alors elle est à considérer et à recevoir comme la reine-mère.Le livre de l’Apocalypse la présente couronnée d’étoile, partageant la royauté de son Fils (Ap12, 1) « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. » L’histoire de la piété et la liturgie présentait déjà Marie comme reine dans une perspective bien précise. La reine est toute puissante sur le cœur du roi. Ainsi Marie intercédant pour ses enfants est-elle sûre d’être exaucée. Son intercession est la plus puissante de toute la communion des saints. C’est pourquoi le Bréviaire la présente la souveraine médiatrice de la grâce. Mais, si Marie est reine, c’est qu’elle a été servante selon la déclaration et la réponse qu’elle fournit à l’ange Gabriel au jour de l’annonciation que nous lisons dans l’évangile de ce jour. C’est alors dans une posture d’humilité et d’abaissement que s’enracine profondément la royauté de Marie. En cela elle exprime qu’elle, est en tant que créature humaine, déjà parfaitement à l’image de Dieu, à l’image de son Fils, en particulier de son abaissement, sa kénose. C’est un thème sur lequel je reviens souvent dans ces chroniques, mais qui est fondamental pour comprendre la vocation humaine dans la création dans la perspective de l’écologie intégrale. On ne comprend rien à la vocation à la domination de la création par l’homme si on ne comprend pas le sens profond de la royauté. Dans la perspective biblique et chrétienne, un roi est élevé au-dessus de ses sujets, parce qu’il est d’abord abaissé, et accomplit la fonction de serviteur à l’image de la trajectoire du Christ : de la divinité à la crèche, de la crèche à la passion, de la passion à la mort et de la mort à la Résurrection. Une reine accomplit la vocation de servante. Un roi ou une reine accomplissent leur vocation d’image du Dieu qui règne sur la création, quand ils se mettent au service, de Dieu et de son projet, au service du prochain, au service des créatures dont ils reçoivent la responsabilité par création. Or, dans son encyclique Redemptoris Mater le pape saint Jean-Paul II enseigne ce point fondamental, je cite : « Marie est devenue la première de ceux qui, servant le Christ, également dans les autres, conduisent leurs frères, dans l’humilité et la patience, jusqu’au Roi dont on peut dire que servir, c’est régner, et elle a pleinement atteint cet « état de liberté royale » qui est propre aux disciples du Christ : servir, ce qui veut dire régner. » Quand Marie répond à l’ange : « je suis la servante du Seigneur », dans cette affirmation elle accueille et affirme sa royauté. Le pape Benoît XVI enseigne également : « [Marie] participe à la responsabilité de Dieu pour le monde et à l’amour de Dieu pour le monde. Il y a une idée vulgaire, commune, de roi ou reine: ce serait une personne ayant du pouvoir, de la richesse. Mais ce n’est pas le type de royauté de Jésus et de Marie. Pensons au Seigneur : la royauté et le fait d’être roi pour le Christ est mêlé d’humilité, de service, d’amour : c’est surtout servir, aider, aimer. » En conséquence et en prolongement, il convient de recevoir Marie comme modèle de celle qui accomplit la mission de domination de la création en se déclarant servante et donc reine de la création. C’est pourquoi dans son encyclique Laudato si’ le pape François dédie-t-il deux paragraphes au thème de Marie, paragraphes intitulés : « La reine de toute la création », au chapitre 6. « Totalement transfigurée, elle vit avec Jésus, et toutes les créatures chantent sa beauté. […]Élevée au ciel, elle est Mère et Reine de toute la création. Dans son corps glorifié, avec le Christ ressuscité, une partie de la création a atteint toute la plénitude de sa propre beauté. » (LS 241) Réjouissons-nous d’avoir au ciel un tel modèle pour vivre notre vocation d’être humain créé à l’image de Dieu pour la domination et le service de la création et demandons son intercession toute puissante sur le cœur de son Fils pour notre conversion.
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